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mercredi 5 septembre 2012

Le Maroc de la modernité et celui de la tradition

Le Maroc de la modernité et celui de la tradition

par Salah Elayoubi, 5/9/2012
 
 

« Ils » auront beau se fendre de déclarations lacrymatoires, prier pour le repos de l’âme des martyrs, condoléancer  les familles, décréter un deuil national ou tenter d’imputer à Dieu, ou au destin, la tragédie qui a eu pour théâtre la route Zagora Marrakech, ils ne nous ôteront pas de l’esprit qu’ils sont responsables de ce gâchis !
Une choses me revient en mémoire : Ce discours de Hassan II, qui circule sur la toile et où le dictateur défunt prétendait que nous n’étions pas un pays du tiers-monde. Une fanfaronnade de plus, destinée à impressionner le petit peuple et une preuve supplémentaire que le Maroc fonctionne depuis toujours à deux vitesses.
Alors pour se dédouaner du saccage de son pays, et du retard qu’il lui a infligé de tant de pillage, le dictateur aura eu cette formule cocasse qui n’aura trompé que ceux qui l’auront bien voulu, du Maroc alliant modernité et tradition.
Le premier de ces deux visages est pour le dictateur, son clan et l’administration qui les sert fidèlement, selon la formule consacrée.
C’est celui dont les publicitaires de la monarchie aiment le plus faire étalage dans ces brochures « attrape-couillons » qui ont servi à bâtir le mythe du « plus beau pays du monde ». Un mythe aussitôt pondu, aussitôt passé à la trappe et gommé des tabelles,  tant il nous a valu de quolibets.  Une main perfide semble, comme par hasard, avoir superposé le calque de son  emprise géographique sur  celle d’un Maroc utile. Celui des plaines côtières,  agricoles, touristiques et industrielles, complétées de quelques enclaves, lorsque l’intérêt du prédateur  qui préside aux destinées du pays y trouve son compte !
Dans ce Maroc qu’ils veulent moderne, tout est bon pour faciliter leur vie et leur épanouissement: routes, autoroutes, ports, aéroports, écoles, universités…… Il y a même ce projet de Train à Grande Vitesse, comme s’il s’agissait d’aller encore plus vite, pour s’éloigner de cet autre Maroc, celui qu’ils ont qualifié avec cette pudeur qui sied si bien au mensonge d’Etats de Maroc traditionnel. Un pays de misère, d’archaïsmes, de vieilleries et d’injustices. Ils ont à ce point manqué de vergogne qu’ils l’ont même photographié sous toutes les coutures pour l’exposer dans les mêmes revues que le premier. Le plus ahurissant dans cette entreprise, est que rien ne semble avoir interpellé les censeurs, d’habitude si pointilleux sur les réalités du pays.
Ni  les labours qui se font encore à coup de charrues et de socs antédiluviens, tirés par des bêtes de somme empruntées à un lointain voisin.
Ni ces vies misérables venus s’échouer dans les dédales de ruelles sombres aux odeurs pestilentielles et où s’entassent des existences et meurent des destinées par paquets de douze.
Ni ces routes de l’impossible, sans revêtements perchées à effrayer les cœurs les plus accrochés, qui tuent tous les jours dans l’indifférence de « Ceux des plaines ».

Une deuxième chose me revient en mémoire. Elle m’avait d’abord stupéfié, avant de me révolter. Sur les murs d’un ami, j’ai découvert cet article intitulé : « Bref, hier j’ai été à Casa », émanant d’une autre facebookienne, une Fassi-Fihri. Je tairais son prénom pour ne pas l’accabler plus qu’elle ne le fait elle-même !  Sur le site où elle exhibe fièrement son wissam de Chevalier de l'Ordre du Trône, vous savez, cette bimbeloterie récompensant le silence et les indignités, la dame  écrit :  

« Habitant Rabat depuis presque toujours, j'entendais parler de Casablanca.  Les rares fois où je m'y suis rendue étaient en général liées à des événements particuliers (séminaires ou invitations ponctuelles)……………..»

Le reste est à l’avenant. Madame Fassi-Fihri qui occupe, pourtant un poste important  dans la fonction publique,  fait montre d’une méconnaissance totale de la capitale économique. On n’ose imaginer ce qu’il en est du reste du pays et de cette route où se sont tués quarante deux de ses compatriotes.
Un peu plus loin, dans le texte, elle bascule carrément dans le registre du mépris :

« J'ai pris le train "Aouita", pensant me retrouver dans celui de mes souvenirs de fin des années 80. Mon Dieu! je n'ai rien compris à ma vie. Tout a changé! Pourquoi autant de manque de goût!  La population a changé le nombre a augmenté. Mais pourquoi des trains à deux étages, pourquoi cette odeur nauséabonde: qui a décidé que le Maroc ressemblerait plus à l'Inde qu'à l'Europe……………….. »

Une envie folle me taraude de répliquer que si le Maroc ressemble tant à ça, c’est parce que des gens comme « ça »,  le dirigent, se servant au passage et ne servant à rien d’autre qu’à dilapider ses budgets, piller ses ressources et donner quitus au despote pour sa mauvaise gouvernance.
Enfin, S’il vous arrivait d’aller un peu plus loin que lire son article, feuilletez le tissu de niaiseries que constituent ses pages Facebook, vous y apprendrez que notre amie qui est, vous l'avez compris, originaire du "Maroc de la modernité", passe ses vacances aux Maldives. Pas étonnant pour quelqu’un dont on sait que les membres de sa famille ont pour habitude de programmer leur shopping, en même temps que leurs missions professionnelles,  dans les boutiques parisiennes,  quand ils n’y font pas des acquisitions immobilières.
 

Pendant ce temps au Maroc de la tradition, celui qui paie le plus lourd tribu à la désolation, à la misère et à l’injustice, une quarantaine de familles pleure les siens, happés par la montagne, tandis qu’une vingtaine d’autres  panse les blessures des survivants,  en désespérant de pouvoir un jour, faire partie de la civilisation !
 
 


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