Image CC - Florival fr
Ce qu’il s’est produit
Selon les informations fournies par l’Autorité du sûreté nucléaire, “Lors
d’une manipulation d’eau oxygénée, produit chimique non radioactif, un
déversement a provoqué un dégagement de vapeur, qui a déclenché les
capteurs de détection incendie. Conformément à la convention entre les
services publics et la centrale, les pompiers ont été dépêchés sur
place. Il n’y a pas eu d’incendie.”
Pourtant, à 16h30, les premières informations faisaient état d’un
incendie chimique et de plusieurs blessés graves à la centrale. L’alarme
incendie s’est activée vers 15h, dans un bâtiment connexe aux deux
réacteurs, situé en zone nucléaire. Au cours de l’après-midi, des
informations contradictoires n’ont cessé de circuler, alors que les
canaux d’information des autorités ou de l’opérateur restaient très
silencieux.
Notons que le ministère de l’environnement a communiqué extrêmement
rapidement, avec des propos très rassurants, mais sans donner de détails
sur l’incident.
Il est essentiel qu’une information claire et transparente
soit diffusée en temps réel en cas d’incident, même jugé mineur, sur une
installation nucléaire. Il est indispensable que les riverains soient
tenus au courant de la situation, et que les autorités de sûreté
informent de manière transparente. Car l’objectif n’est pas celui de
communiquer pour rassurer. C’est d’informer, afin que les citoyens
puissent se faire une idée précise de la situation.
Fessenheim, fermez la !
Cet incident a eu lieu le jour même de la rencontre de représentants
des associations antinucléaires alsaciennes au ministère de l’Écologie,
du Développement Durable et de l’Énergie, avec pour objectif de repartir
avec un calendrier précis de la fermeture de la centrale de Fessenheim,
annoncée par François Hollande.
La centrale de Fessenheim est la plus ancienne du parc nucléaire
français, promise par le candidat Hollande à la fermeture d’ici à 2017.
Sa construction a commencé en 1970 et elle a été mise en service en
1977, pour un fonctionnement prévu à l’origine d’une durée de3 0 ans.
Elle comporte deux réacteurs à eau pressurisée, d’une puissance de près
de 900 mégawatts (MW) chacun. Le 25 avril dernier, elle a déjà été le
théâtre d’un incident, un incendie. Il s’agissait d’un départ de feu sur
l’alternateur du réacteur n°2 de la centrale.
Fessenheim doit faire l’objet de travaux gigantesques
Les travaux en question doivent être effectués par EDF avant juillet 2013 sans quoi l’ASN fermera le site pour des raisons de sûreté.
Il s’agit notamment d’épaissir le radier, dalle de béton qui soutient
le réacteur et qui est beaucoup plus mince à Fessenheim que sur les
autres centrales françaises. Mais ces travaux ont un coût absolument
prohibitif! Le sénateur du Haut-Rhin Jean-Marie Bockel, interrogé par
l’AFP ce matin a évoqué des investissements de l’ordre de 200 millions
d’euros. Alors qu’EDF les évalue à 20 millions d’Euros.
Rappelons que lors de son audition par la commission des affaires
économiques de l’Assemblée nationale début Juillet, Jacques Repussard,
directeur général de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire), a quant à lui expliqué que “si une pollution du Rhin survenait à la suite d’un accident à Fessenheim“, sans même parler de catastrophe avec des conséquences humaines, “le coût serait gigantesque pour le pays”.
La question fondamentale qui se pose au regard de ces
éléments est la suivante : allons-nous continuer à essayer de maintenir
en vie une centrale manifestement dangereuse en dépensant des centaines
de millions d’euros ou allons-nous enfin nous décider à fermer
Fessenheim ?
A dix jours de l’ouverture de la conférence environnementale, cet
incident vient montrer, si c’était nécessaire, l’urgence d’engager la
France dans une transition énergétique.
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