Par Marie-Christine Vergiat, P.E. Bruxelles, 20/3/2012
La sous-commission "Droits de l'Homme" au Parlement européen a procédé cette semaine à une audition sur la situation au Maroc.
Classique, la Commission européenne a commencé par saluer les réformes constitutionnelles. Mais, à l'image de certains observateurs, je reste sceptique quand à la mise en œuvre effective de ces réformes notamment après les dernières élections législatives. Au delà des changements juridiques annoncés, quelques fois contradictoires, il faut regarder comment les choses évoluent réellement au Maroc.
Quelques exemples, en laissant à part la question du Sahara occidental qui est un sujet en soi.
-Si le Maroc vient bien de ratifier certaines conventions internationales comme la CEDAW, ou la convention contre la torture, nombre de sujets reste préoccupant : on condamne toujours à mort au Maroc, la liberté de la presse reste pour le moins aléatoire, et la situation dans les prisons est toujours dramatique.
-La répression continue à sévir durement notamment vis-à-vis des militants du mouvement du 20 février.
Le gouvernement ne répond pas aux revendications de la jeunesse et les protestations se radicalisent. Le 18 janvier dernier, quatre jeunes se sont immolés par le feu à Rabat et l'un d'entre eux, Abdelwhab Zaydoun, jeune diplômé en droit de 27 ans est décédé le 24 janvier à Casablanca.
-Le 10 mars dernier Amina Filali, une jeune fille de 16 ans, s'est suicidée après avoir été littéralement contrainte par une décision de justice à épouser celui qui l'avait violée.
Comme l'a souligné l'ambassadeur du Maroc, oui, c'est l'article 475 du code pénal qui a permis cette horreur, mais il y a pire puisque le ministre de la justice en personne a affirmé que le mariage de cette jeune fille avait eu lieu après des rapport sexuels consentis et que la loi a été respectée. Alors que cette jeune fille s'est suicidée, ces propos sont inqualifiables.
Ces tristes exemples font mal augurer de la réalité des changements et de l'avenir. Pire ils laissent entrevoir ce qu'il en sera de la conciliation de quelques beaux principes avec "la tradition et l'identité immuable" du Maroc auxquelles se réfère toujours la nouvelle Constitution.
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Bruxelles 20 mars 2012
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