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lundi 15 février 2010

Sahara Occidental : l'assistanat, une soumission forcée

Par Diaspora sahraouie, 28/1/2010
La population marocaine est bombardée constamment avec des slogans sur le niveau de développement et de confort atteint dans ce qu’ils appellent "les provinces du sud", en allusion aux territoires occupés du Sahara Occidental.
Les citoyens marocains ont développé une imagination fantastique et comptent parmi les conteurs les plus doués. Chaque jour des histoires sont inventées et circulent vite. La bouche et les oreilles sont les organes les plus populaires et les plus utilisés. Écouter l’histoire inventée par le Makhzen, lui ajouter de petits détails qui manquent et en faire une deuxième édition pour la diffuser, l’autre fait de même et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on vous dise que la NASA va construire une station de lancement de fusées à El Aaiun à cause du vent qui y souffle et qui aide les fusées à partir vite dans l’espace.
En arrivant au territoire sahraoui, tout visiteur est immédiatement frappé par tous ces militaires, ces contrôles de police, de gendarmerie, jusqu’à ce qu’un sentiment d’inquiétude l’envahisse. Chaque lieu public a un garde en faction à l’entrée et les bonnes manières ne font pas partie de ses directives. En plus de la présence militaire, le Sahara enregistre une forte concentration de services de sécurité et de départements administratifs en tout genre.
Les agents de l’État ne sont pas issus des territoires sahraouis, et le déplacement de la population marocaine a été intense ces trois dernières décennies. El Aaiun a grandi à une vitesse effrénée grâce aux encouragements de l’État à travers les avantages fiscaux incitant les Marocains à s’y installer. Ceux-ci sont devenus les maîtres dans le tissu économique, notamment dans le secteur le plus rémunérateur, celui de la pêche.
Les Sahraouis ont assisté la rage au cœur à l’installation et l'enrichissement des Marocains alors qu’eux sont soumis à une politique d’assistanat, moyennant le budget dit de "Promotion Nationale", un système de distribution de la carte, dite “cartiya”, l’équivalent de 1350 DH. Un système qui a vite dérapé donnant lieu à des détournements et au favoritisme. Ainsi, les autorités locales mènent la belle vie aux frais de la population démunie.
Il y a aussi des subventions additionnelles appliquées à certaines denrées alimentaires : le sucre, la farine, l’huile et les hydrocarbures qui coûtent moins cher qu’au Maroc. Mais la quasi-totalité des produits subventionnés sont détournés par l’armée, responsable de sa distribution. Ainsi vous pouvez trouver de l’essence moins cher vendu à Agadir, en provenance d’El Aaiun.
La population locale a toujours été ignorée et marginalisée lors de la distribution des parcelles et de logement dont ont bénéficié les camps Al-Wahda qui abritaient les contingents embrigadés par Rabat pour être inclus dans les listes électorales pour le fameux référendum qui se trouve toujours dans la salle d’attente. La brochette de béni-oui-oui censée représenter la population sahraouie était occupée plus à s’enrichir qu’à défendre les intérêts de la population autochtone. Les activités économiques sont limitées à la pratique de la pêche, l’extraction du phosphate et le petit commerce, ce qui offre très peu de création d’emplois. En 34 ans d’occupation, le Makhzen a été occupé plus à consolider sa présence qu’à créer des infrastructures sociales et économiques.
Ainsi, les Sahraouis sont maintenus sous perfusion pour empêcher toute autonomie. Ceux qui osent s’exprimer contre l’occupation sont immédiatement radiés de la liste des bénéficiaires de cette subvention et seront condamnés à vivre de la solidarité de leurs proches et voisins. Ceux qui refusent de participer aux élections auront le même sort. Même les parents des jeunes qui participent aux manifestations et aux sit-in sont menacés de ne plus recevoir ce petit salaire de survie. Le colonisateur marocain a fait des Sahraouis des mendiants qui implorent la charité au lieu de construire pour eux des infrastructures à même de leur permettre de gagner leurs vies avec dignité et respect.
Pour dissimuler la spoliation démesurée des ressources sahraouies et le grand gâchis pratiqué, les moyens de propagande marocains ne cessent de répéter que le Sahara est devenu un fardeau lourd pour l’Etat. Ce qui est faux. Les prix des phosphates ont été multipliés presque par huit les derniers 14 mois. Le revenu annuel généré par les mines de phosphates situées au Sahara Occidental approche les 1,2 milliards $US. Pendant de nombreuses années, la tonne de minerai de phosphates valait environ 50 à 60 dollars sur le marché international. A la suite d’une demande mondiale en rapide augmentation, celle-ci approche maintenant les 400 dollars. Ces trois dernières années, la production annuelle de la mine de Boucraa a été d’environ trois millions de tonnes.
Le secteur marocain de la pêche maritime a réalisé en 2008 un chiffre d’affaires de plus de 7,88 milliards de dirhams (985 millions de dollars). Rien que la pêche aux couteaux dans la ville de Dakhla apporte 200 tonnes en trois semaines, ce qui est horrifiant pour la population locale qui est obligée d’assister à une telle surexploitation de ses ressources sans pouvoir en profiter.

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