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samedi 18 avril 2015

Quand la France approuve la pratique de la torture au Sahara Occidental !

Par Saïd,  L’ESSENTIEL, 17/4/2015


Depuis plusieurs années, à l'abri des portes closes du Conseil de sécurité de l'ONU, la France use du pouvoir de dissuasion que lui confère son droit de veto pour tenir les Nations unies à l'écart des questions touchant au respect des droits de l'homme dans le territoire annexé par son allié marocain en 1975.

Faute d'un mandat approprié, la mission de l'ONU au Sahara Occidental (Minurso) est restée aveugle tout au long des événements qui ont opposé le mois dernier les forces de l'ordre marocaines aux militants sahraouis – les troubles les plus graves depuis le cessez-le-feu de 1991. A cet effet, le Fond d'aide aux étudiants et Universitaires internationaux, une organisation estudiantine norvégienne, mène depuis lundi dernier une campagne contre l’occupation du Sahara occidental. Le SAIH place sur le même pied d’égalité le roi Mohamed VI et le président François Hollande, la France était le principal soutien du Maroc dans la politique colonialiste. Pour attirer l’attention de l’opinion internationale au sujet de ce qui se passe au Sahara Occidental, le Fond d’aide aux étudiants et universitaires internationaux a choisi comme affiche de sa campagne, une caricature du Président français François Hollande et  Mohammed VI contemplant avec fierté le désert du Sahara Occidental occupé par le Maroc. Un choix explique l’organisation qui est  dicté par « le rôle joué par la France dans ce conflit ».  Le président de SAIH, Jørn Wichne Pedersen  estime  que « beaucoup de personnes pensent que la période coloniale est terminée, et n’ont pas entendu parler du Sahara Occidental, la dernière colonie d’Afrique. Le Maroc occupe le Sahara Occidental depuis 40 ans, même si les Nations unies et la communauté internationale reconnaissent le droit du peuple Sahraoui à l’autodétermination »

A l’occasion de cette campagne, le Fond d’aide aux étudiants et Universitaires internationaux a publié  un rapport détaillé sur les dernières violations des droits de l’homme commises contre la population sahraouie dans les territoires occupés de la dernière colonie en Afrique. Dans ce rapport de SAIH, intitulé « Agir dans l’impunité », l’organisation  a relevé  un total de 256 violations des droits de l’Homme commises au Sahara Occidental durant l’année 2014.

Droits de l’Homme : la France indifférente
Les derniers événements qui ont embrasé El-Ayoun, la capitale du Sahara occidental, devaient convaincre la diplomatie française de changer de cap sur un dossier peu connu, mais qui embarrasse jusqu'aux plus aguerris de ses diplomates. 

Cette obstination française a un coût. L'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, l'a appris à ses dépens, le 30 avril dernier de l’année dernière, lorsqu'il a dû faire face aux pays du Conseil de sécurité tels que le Royaume-Uni, l'Autriche, l'Ouganda, le Nigeria ou le Mexique, qui sont favorables à un élargissement du mandat de la Minurso aux questions de droits de l'homme. A quelques heures de l'expiration du mandat de la mission de l'ONU, selon plusieurs témoins, le ton est monté. Comment la France, qui se prétend le berceau des droits de l'homme, pouvait-elle s'opposer à toute mention des droits de l'homme dans la résolution, a demandé un ambassadeur occidental ? Son homologue chinois, un rien ironique, s'est réjoui de constater que Paris partageait désormais les réserves de Pékin sur tout débat des droits de l'homme au Conseil de sécurité. Après une vive réponse de l'ambassadeur français, suivie d'excuses toutes diplomatiques, la France a obtenu gain de cause, non tant par la force de ses arguments que par celle de son droit de veto. Les diplomates français se défendent en affirmant que la question des droits de l'homme est devenue un chiffon rouge pour le Maroc, qui y voit une ruse du Polisario pour embarrasser le Royaume chérifien. A en croire Paris, cette question est une diversion, qui ne fait que braquer Rabat, sans faire avancer les pourparlers entre les deux camps, par ailleurs enlisés depuis des années.  Le Conseil de sécurité de l'ONU, en charge de la paix internationale, s'est vu dans l'incapacité de faire la part des choses entre le mouvement indépendantiste du Front Polisario, qui a dénoncé le massacre de 36 manifestants pacifiques, et le Maroc qui prétendait, sans plus de crédibilité, libérer les milliers de civils sahraouis soi-disant retenus en otage par des " criminels " dans un camp érigé en signe de protestation à proximité d’El-Ayoun.
 Si ces événements s'étaient déroulés en République démocratique du Congo, en Haïti ou au Soudan, des experts en droits de l'homme de l'ONU auraient immédiatement été dépêchés sur place pour établir une version objective des événements et informer le Conseil de sécurité, contribuant ainsi à apaiser les tensions. La présence d'observateurs de l'ONU aurait aussi pu s'avérer dissuasive pour les forces de sécurité marocaines qui ont à plusieurs reprises, selon une  enquête du quotidien français Le Monde, passé à tabac des personnes arrêtées à la suite des troubles. Toutes les missions de maintien de la paix de l'ONU établies depuis 1991 disposent de ces mécanismes, qui reposent sur le constat que toute paix durable s'appuie sur le respect des droits de l'homme. Partout ailleurs, du Darfour au Timor Leste, en passant par le Kosovo, la France soutient pleinement l'intégration croissante des questions touchant aux droits de l'homme dans les missions de l'ONU. Il n'y a que sur le dossier sahraoui que Paris s'arc-boute, persistant à défendre une anomalie historique.

L'ONU embourbée par la France
Le renouvellement prochain du mandat de la Minurso offre à la diplomatie française une chance de corriger la situation. Il est temps que Paris reconnaisse que, sans un strict respect des droits des Sahraouis, garanti par l'ONU, les deux camps continueront à se livrer à des campagnes de désinformation qui ne font que compliquer les efforts du Conseil de sécurité en faveur d'une solution politique. Il est à signaler que le mandat de l'ONU a progressivement évolué vers l'assistance aux réfugiés, l'aide au développement économique et la désactivation des milliers de mines posées autour du mur de sable, qui continuent à faire des victimes chaque année. Il est d'ailleurs à noter que la Minurso est la seule mission de l'ONU au monde dont le mandat ne comprend pas de volet sur les droits de l'Homme. L'ONU est donc incapable d'agir en cas de violations de part et d'autre, comme en 2013 lorsque six militants sahraouis avaient accusé la police marocaine de torture. Malgré de lourdes critiques à l'intérieur de l'ONU sur ce point, la possibilité d'une introduction des droits de l'Homme dans la mission de la Minurso est bloquée par la France et son droit de veto, pour le compte de son allié marocain. Comme le mandat de la Minurso contient toujours l'objectif d'organiser un référendum d'autodétermination pour les Sahraouis, chaque nouvelle nomination au sein de l'organigramme de l'instance onusienne est l'occasion pour le Maroc d'attirer l'attention sur sa cause en accusant l'ONU et ses envoyés d'être «partiaux» et «pro-Polisario». Une manière comme une autre de relancer la question et d'échanger quelques piques avec Alger. L’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Christopher Ross, est d’ailleurs au centre d’un véritable jeu de poker-menteur. La presse marocaine a fait état d’un «ras-le-bol» de l’envoyé, qui multiplie les rencontres bilatérales depuis de nombreux mois sans parvenir à fluidifier le dialogue entre les différentes parties. Des rumeurs de démission ont même été lancées par la presse fidèle à Rabat, immédiatement démenties par la presse sahraouie, accusant au passage le Maroc de bloquer des négociations qui seraient «en bonne voie».

La France craint pour ses intérêts au Maroc
Il est à rappeler que la querelle diplomatique entre le Maroc et la France de février 2014, née de plaintes déposées à Paris contre un haut responsable marocain, s’est exacerbée, au point d’amener François Hollande à contacter le roi Mohammed VI afin d’apporter des « clarifications ». Le Maroc, un proche allié de la France, est monté au créneau depuis l’annonce du dépôt, par une ONG, de deux plaintes pour « complicité de torture » contre le patron de son contre-espionnage, Abdellatif Hammouchi. Le royaume est en particulier furieux contre la descente effectuée par sept policiers à la résidence de son ambassadeur pour notifier à M. Hammouchi une convocation émanant d’un juge d’instruction. Il reproche notamment aux autorités françaises d’avoir ignoré les canaux diplomatiques. Dans un communiqué, le Quai d’Orsay a tenté d’apaiser la tension, évoquant un «incident regrettable » et promettant que « la lumière » serait faite. Mais le Maroc a signifié qu’il jugeait cette démarche insuffisante en décidant unilatéralement du « report » d’une visite de Nicolas Hulot, « envoyé spécial du président français pour la planète », prévue lundi et mardi.



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