A Bruxelles, le représentant de Robert-F Kennedy, proche de B. Obama,
prédisait une évolution significative de la position américaine sur le
dossier sahraoui. Le communiqué rendu public, à l’issue de la 3e session
du dialogue stratégique Etats-unis-Algérie, valide les prédictions du
think-tank américain...
A Bruxelles, lors d’un prestigieux prix décerné à Aminatou Haidar,
figure emblématique de la résistance sahraouie, le représentant du
Centre Robert-F. Kennedy, fondation proche de Barack Obama, avait dit en
aparté à quelques journalistes (dont celui du Soir d’Algérie) : «Sous
le mandat d’Obama, la question sahraouie sortira du statu quo, la
doctrine du président actuel s’accommode, parfaitement, du référendum
d’autodétermination et des résolutions onusiennes sur le dossier.»
Depuis, les indices apparents ou les indiscrétions «diplomatiques» tant à
New York (siège de l’ONU) ou à Bruxelles, place forte et plaque
tournante des enjeux et des conciliabules planétaires, tendent à
accréditer les prédictions du think-tank américain. Les Etats-Unis n’ont
pas cessé depuis l’investiture d’Obama, notamment lors du mandat
actuel, de multiplier les gestes en faveur du Sahara occidental.
L’an dernier, les Américains étaient sur le point de parrainer une
résolution contraignante pour le Maroc destinée à l’élargissement des
prérogatives de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme dans
les territoires sahraouis, sous colonisation marocaine. Le Conseil de
sécurité de l’ONU a évité, de justesse, cette option mais en exigeant de
Rabat des progrès sur la question. A la veille de l’étude de la
question sahraouie par l’instance décisionnelle onusienne (fin avril en
cours), rien n’indique, cependant, que le Maroc ait emprunté cette
voie.
Le palais royal et ses démembrements makhzéniens s’enferment, davantage
aujourd’hui qu’hier, dans leur fuite en avant, dans le déni des
réalités. Le Maroc travaille sur des bases de données erronées, se
croyant important comme il l’était avant, aux yeux des Etats-Unis,
incontournable même, se convainc-t-il. Pas plus faux comme analyse,
pourtant. Les priorités américaines, l’Union européennes, voire de
l’Otan dans la région ont muté profondément. Présentement, c’est
l’Algérie qui est «la prunelle des yeux» de tout ce beau monde.
Sur la lutte antiterroriste, le Sahel, la Libye, la Tunisie, fragile et
traversant une crise économique sans précédent qu’une profonde relation
avec Alger devient vitale pour ce pays voisin, l’immigration
subsaharienne, autant de dossiers chauds qui nécessitent la coopération,
la pleine coopération de l’Algérie. Alors que la diplomatie marocaine
ne cesse de «fournir» à ses interlocuteurs occidentaux de fausses
pistes, des mensonges emballés sous forme d’informations «prioritaires»,
concernant, notamment, la supposée implication du Polisario dans le
terrorisme. Cette démarche cinglée est vouée, évidemment, à l’échec.
Les fins limiers des renseignements des Etats-unis, de l’Otan et des
pays européens qui savent — et travaillent même — avec le Polisario et
la RASD sur le dossier de la lutte antiterroriste, remettent
régulièrement des rapports qui invalident les élucubrations marocaines.
Le communiqué commun signé et rendu public à l’issue de la 3e session du
dialogue stratégique Etats-Unis-Alger et relatif à la question
sahraouie marque, cependant, un tournant majeur. Les deux délégations
aux pourparlers, conduites par Lamamra et John Kerry, conviennent d’une
«solution politique mutuellement acceptable, qui permette
l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Un peu plus loin
dans le texte, relever que le tout doit être dans le cadre
«d’arrangements conformes aux buts et principes de la Charte des
Nations-Unies».
Mohamed Abdelaziz, président de la République sahraouie, n’aurait pas
hésité, un seul instant, à produire une telle déclaration tant elle est,
point par point, conforme aux revendications de son peuple depuis
quatre décennies. Ce qui donne du crédit, beaucoup de crédit, aux
fuites, savamment distillées par le Robert-F. Kennedy Center à
Bruxelles.
A. M.
Le Soir d'Algérie, 11/04/2015
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