Scandaleux : plein soutien de Paris à la colonisation marocaine
Les rencontres cycliques entre les responsables français et
marocains, depuis notamment la visite, février dernier, du roi Mohammed
VI, à Paris, lors de laquelle,rien n’augure de bon s’agissant de
promouvoir la Légalité internationale, seule voie à même de garantir la
paix et la sécurité, sur les plans régional et international.
La visite du Premier ministre français au Maroc, jeudi dernier, a vu ce
dernier réaffirmer la traditionnelle position de ses prédécesseurs, à
ce poste, sur le Sahara occidental. Position de Paris, en faveur de la
proposition marocaine «d’autonomie», pour une question de décolonisation
inscrite sur le registre onusien et son règlement passe par la tenue
d’un référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental.
Indiquant que la position de Paris demeure «inchangée» sur la Question
du Sahara occidental, Manuel Valls n’a fait, par ailleurs, que reprendre
sa déclaration tenue en juillet 2012, lors de sa visite au Maroc,
durant laquelle il a déclaré «la position de la France sur ce point ne
change pas». Il n’est pas surpris de voir la position politique des
responsables français, en direction de la Question du Sahara occidental
«inchangée» selon le terme de Valls, au regard, faut-il le souligner, du
soutien politico-militaire et diplomatique, il y a de cela quatre
décennies, lors de l’invasion de l’armée marocaine en 1975, du Sahara
occidental.
Entre le discours et les actes des officiels français l’Histoire
retiendra les faits, lesquels même sur d’autres questions de l’actualité
régionale et internationale, attestent que Paris relègue au second plan
la teneur des questions des droits de l’Homme, dont le plus fondamental
est le droit légitime d’un peuple à vivre dignement et indépendant sur
ses terres. Valls qui poursuit la politique de ses prédécesseurs sur la
question du Sahara occidental, s’est rendu au Maroc, quelques jours
après la défaite de sa formation politique, le parti socialiste (PS),
lors du scrutin départemental mars dernier et près d’une année de la
débâcle aussi du PS lors des municipales l’année dernière, en mars,
défaites attestant la sanction de l’électorat français des choix de
François Hollande et de son Premier ministre Valls.
La roue de l’économie française étant rouillée, par l’impact de la crise
économico-financière et l’émergence en force de nouvelles puissances
économiques des pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du
Sud), à travers sa relation stratégique avec Rabat, Paris espère
améliorer sa position sur le marché international et trouver des
débouchées à ses problèmes économiques et de croissance. Comme tout
système colonial inscrivant parmi ses objectifs, notamment des intérêts
économiques, et que la colonisation marocaine n’échappe pas à la règle,
étant un élève des ex-puissances coloniales qu’a connu l’Histoire, dont
celui de la France, la spoliation et l’exploitation illégale des
ressources naturelles du Sahara occidental, par l’occupant marocain, en
profite à ses alliés, dont la France.
La légalité internationale bafouée par un droit de veto
En adoptant une position sur la Question du Sahara occidental,
fondamentalement opposée à la légalité internationale, et l’esprit de la
Charte des Nations unies, pour une question de décolonisation inscrite à
l’ONU, Valls a brandi le veto français, non pas au Conseil de sécurité,
mais à partir de Rabat. La France, a précisé Emanuel Valls, «a bien un
objectif qui est de rester le partenaire de référence pour le Maroc»
avant d’ajouter «dans tous les domaines de coopération, notamment
politique».
La France qui ne manque pas, d’un autre côté, de tenir un discours dans
lequel Paris dit soutenir les efforts déployés dans le cadre des Nations
unies pour parvenir à un règlement de la Question du Sahara occidental,
en dehors de la légalité internationale et selon la realpolitik que
celle-ci est dictée par les intérêts de la colonisation marocaine et de
ses alliés, dont la France. Paris sape à divers niveaux et par
différents moyens le processus de décolonisation du Sahara occidental,
pour ne citer que son lobby, lequel œuvre conjointement avec son
homologue, le lobby sioniste, dans les couloirs et les coulisses de
l’ONU, pour faire retarder toute prise de décision effective pour la
tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple du Sahara
occidental. Et à un autre niveau, le Conseil de sécurité, en
l’occurrence, c’est le droit de veto qui est l’autre moyen dont use la
France, dans son soutien à la colonisation marocaine du Sahara
occidental, pour brimer le droit à l’expression du peuple sahraoui,
lequel droit est garanti historiquement par la Légalité internationale.
Après sa visite à Rabat, le Premier ministre français, Manuel Valls
s’est rendu au Portugal, mais certainement pas pour s’imprégner des
leçons de l’Histoire.
Le Portugal, étant l’ex-puissance coloniale, pour rappel, durant près de
quatre siècles, du Timor oriental, lequel a été envahi en 1976, par
l’armée indonésienne qui l’a annexé et ne fut jamais reconnu par l’ONU,
même cas de figure pour le Maroc. À ce propos, l’ONU et les États à
travers le monde ne reconnaissent pas, faut-il le noter, la souveraineté
de Rabat sur le Sahara occidental. En août 1999, l’institution
onusienne organise le référendum au Timor oriental, au terme duquel ce
pays a eu son indépendance en 2002. La réunion du Conseil de sécurité
sur le Sahara occidental, au courant de ce mois-ci, va encore dévoiler
le rôle de Paris, dans son soutien à Rabat, notamment par le mutisme que
continue d’adopter la France officielle, à l’égard des pratiques des
autorités coloniales d’atteintes des droits de l’homme des Sahraouis
dans les territoires encore sous occupation marocaine.
Lesquelles pratiques et exactions sont dénoncées par l’opinion
française, à travers des manifestations, sit-in et conférences,
notamment à Paris, durant lesquelles la politique coloniale répressive
des Sahraouis par Rabat est décriée notamment par de vifs témoignages,
notamment des victimes. Oppression et répression des Sahraouis des
territoires encore sous occupation marocaine par les autorités
coloniales de Rabat ainsi que la spoliation des ressources naturelles du
peuple sahraoui. Lequel peuple est privé de son droit à l’expression
par un référendum d’autodétermination, que Paris fait fi de cette
atteinte au droit, dans ses discours sur son attachement au respect des
droits de l’Homme, pis encore, en usant de son veto pour que la Mission
des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental (Minurso) ne
soit pas dotée d’un mécanisme de supervision des droits de l’Homme, au
Sahara occidental, alors que les autres missions de l’ONU, à travers le
monde, en sont dotées.
Karima Bennour
Le Courrier d'Algérie, 11/04/2015
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