Après un entretien à Paris avec Laurent Fabius, Ramtane Lamamra déclare :
Retrouvailles diplomatiques franco-algériennes, hier matin à Paris,
où le ministre français des Affaires étrangères et du Développement
international, Laurent Fabius, a reçu son homologue algérien, Ramtane
Lamamra, pour un long entretien qui a porté sur les relations
bilatérales et les grands dossiers politiques et sécuritaires d'intérêt
commun.
Le communiqué publié à l'issue de cette rencontre indique que les
deux ministres ont fait le point sur les relations bilatérales,
«notamment dans la perspective de la visite de suivi du comité mixte
économique franco-algérien qu'effectueront MM. Fabius et Macron à Annaba
le 12 mai».
Cette visite de suivi interviendra cinq mois après la tenue
à Paris de la 2e session du Comité intergouvernemental de haut niveau
(Cihn) qui a été marquée par la signature de plusieurs accords de
coopération économique, scientifique, technologique et culturelle.
La 3e session du Cihn devrait se tenir en décembre 2015 en Algérie,
avec auparavant une nouvelle réunion du Comefa pour préparer cette
session. La rencontre entre les deux ministres a également été
l'occasion «de poursuivre notre dialogue sur les enjeux politiques et
sécuritaires dans la région sahélo-saharienne», ajoute le communiqué du
Quai d'Orsay qui assure que «M. Fabius a réitéré le plein soutien de la
France à la médiation que l'Algérie conduit au Mali, en vue de la
signature rapide, par l'ensemble des parties, de l'accord de paix
paraphé le 1er mars à Alger».
La Libye a fait aussi l'objet d'un échange entre Fabius et Lamamra et
le communiqué rapporte que l'Algérie et la France partagent «une grande
préoccupation face à la dégradation de la situation en Libye et
continuent à échanger sur les manières de soutenir la médiation de M.
Bernardino Leon, représentant spécial du Secrétaire général des Nations
unies, en vue de la formation rapide d'un gouvernement d'union
nationale».
Dans le cadre de ce «partenariat d'exception» qui fonde les relations
algéro-françaises, le communiqué conclut en soulignant que les deux
ministres ont «travaillé au renforcement de la coopération entre nos
deux pays pour préparer la conférence de Paris Climat-2015» qui se
tiendra en décembre prochain.
Commentant son tête-à-tête avec M. Fabius, M. Lamamra dira à l'issue
de l'entretien qu'«à chacune de nos rencontres à tous les niveaux, nous
ajoutons une pierre dans l'édifice du partenariat d'exception que les
présidents Abdelaziz Bouteflika et François Hollande ont décidé de
construire entre les deux pays». Le ministre affirmera que le niveau
d'amitié et de coopération entre les deux pays est «tout à fait
exceptionnel». «On avance et on avance bien». Concernant la visite des
ministres français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et de
l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron, en Algérie,
le chef de la diplomatie algérienne affirmera qu'elle permettra «de
pousser nos relations bilatérales et de veiller à maintenir la bonne
cadence de développement de ces relations», précisant que «notre
dialogue politique est vraiment productif, chaleureux, amical et
prometteur».
M. Lamamra indiquera qu'il a également abordé avec son homologue la
question palestinienne ainsi que les initiatives et les idées que M.
Fabius «s'emploie à promouvoir au sein du Conseil de sécurité de l'ONU».
«Tout cela rejoint parfaitement les résultats du Sommet arabe tenu
récemment à Charm Ech-cheikh», ajoutera-t-il. Les deux ministres ont
aussi passé en revue l'actualité dans le monde arabe, particulièrement
la situation au Yémen autour de laquelle ils ont échangé leurs
«informations et analyses».
Par contre, il est étonnant de relever que le texte final de la
rencontre Fabius-Lamamra fait l'impasse totale sur la question du Sahara
occidental. Pourtant, cette question épineuse et sensible est plus que
jamais à l'ordre du jour à l'approche de la fin du mois d'avril qui
verra le Conseil de sécurité de l'ONU adopter une nouvelle résolution
sur un conflit qui dure et perdure à cause de la non application des
recommandations onusiennes sur la décolonisation et le droit à
l'autodétermination. L'Algérie, qui est attachée à l'application du
droit international, et la France, pourtant membre du Conseil de
sécurité, qui a épousé la thèse marocaine de l'autonomie du Sahara
occidental intégré au royaume alaouite, ont donc des positions
diamétralement opposées. L'impression qui se dégage est qu'on discute
des sujets qui fâchent sans les rendre publics.
Donc, il est impossible de savoir si la position de la France connait
une évolution ou demeure ferme dans son véto à toute résolution
onusienne allant dans le sens de la recherche d'une solution pacifique
conforme au droit international à la question sahraouie. Dans un appel à
un rassemblement à Paris, le 4 avril dernier, la Plateforme pour la
solidarité avec le peuple sahraoui s'est déclarée convaincue que «le
soutien apporté par le gouvernement français au pouvoir marocain malgré
les violations permanentes des droits de l'Homme constitue un des
principaux obstacles à la solution du conflit». Elle a demandé, avec
d'autres associations, que la prochaine résolution de l'ONU se prononce
pour «l'extension du mandat de la Minurso aux droits de l'Homme,
l'interdiction de la prospection et de l'exploitation des ressources
naturelles du Sahara occidental, la libération des prisonniers politique
sahraouis» et «la mise en œuvre rapide du référendum
d'autodétermination». Ces demandes sont contenues dans une «Lettre
ouverte» adressée au président François Hollande.
Après Paris, M. Lamamra sera à Washington, aujourd'hui et demain, en
visite de travail «où il doit notamment co-présider avec le secrétaire
d'État américain, John Kerry la troisième session du Dialogue
stratégique Algérie- États-Unis d'Amérique», indique un communiqué du
ministère des Affaires étrangères. Cette session «sera consacrée à
l'examen de la coopération bilatérale et de ses perspectives dans les
différents domaines ainsi que des questions politiques et sécuritaires
d'intérêt commun», souligne le ministère. Le Dialogue stratégique
algéro-américain, auquel les présidents Abdelaziz Bouteflika et Barack
Obama «ont fixé des missions de grande portée, a été élevé en 2014 au
niveau des ministres des Affaires étrangères des deux pays», rappelle la
même source.
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