On l’avait oublié, mais le roi Mohamed VI est comme le prophète Mohammed : On ne peut pas le caricaturer.
La ministre de la justice française, Christiane Taubira, a rappelé aujourd’hui lors des funérailles de Tignous, de son vrai nom Bernard Verlhac, le caricaturiste de Charlie Hebdo
abattu dans sa rédaction la semaine dernière par deux terroristes
jihadistes, qu’il y a des pays intolérants où il est interdit de
dessiner certains tabous.
Lors de cet hommage, la Garde des Sceaux a donné plusieurs exemples dont celui du Maroc.
« Au Maroc, il est plus prudent de ne pas vouloir représenter le roi », a-t-elle dit.
C’est vrai. Le Maroc est un pays où on ferme des journaux, on
interdit des journalistes de leur profession et on emprisonne les
récalcitrants avec un stylo ou un crayon simplement parce qu’ils ont
déplu au Prince ou à son entourage.
Et malheureusement ces atteintes graves à la liberté d’expression, un
concept que les Français chérissent avec force aujourd’hui, sont
souvent passées sous silence dans l’hexagone à cause de la complicité
d’une partie de la presse et de la classe politique françaises.
Avec cette sortie pour le moins étonnante, les Français sont-ils
entrain de se rendre compte que la liberté d’expression est un droit
universel qui doit s’exercer partout et pas seulement chez eux ?
Demain
Vidéo : L'hommage de Taubira à Tignous et son "crayon magique" (discours intégral)
http://youtu.be/l8u7eWzmyOQ
-------------------------------------------------------------------------------------------------------
Rappel : Rue 89, 17/2/2012
Maroc : arrêté pour avoir publié des caricatures du roi
sur Facebook
Caricature représentant Mohammed VI |
Walid Bahomane a comparu mardi dernier devant un tribunal de la capitale marocaine, Rabat. Le jeune homme, âgé de 18 ans, est accusé d’avoir « atteint aux valeurs sacrées du Maroc » en publiant des photos et des vidéos satiriques du roi Mohammed VI du Maroc.
Ce n’est pas la première fois qu’un internaute marocain fait face à ces accusations. En 2008 Fouad Mourtada, un jeune ingénieur, a été condamné à trois ans de prison pour s’être fait passer pour le frère du roi sur Facebook. Des protestations venues de partout et une campagne avaient amené les autorités à le libérer un mois après son arrestation.
L’arrestation de Walid Bahomane est la première depuis la réforme constitutionnelle de l’été dernier qui (théoriquement) a aboli le caractère « sacré » du monarque. Le roi est toujours, néanmoins, objet d’une grande dévotion dans le pays.
Une copie de la plainte déposée par la police contre Walid Bahomane a fait surface sur le Web, et contient une première : selon ce document, les preuves saisies par la police sont « deux pages Facebook (sic) contenant des phrases et des images insultantes pour les valeurs sacrées, ainsi qu’un ordinateur IBM. »
Malgré les appels à sa libération, le juge a décidé de placer Walid dans une prison pour mineurs près de la capitale, dans l’attente du procès.
Une caricature représentant Mohammed VI (via Facebook)
Un groupe d’internautes a réagi à l’arrestation de Walid Bahomane en créant un groupe de soutien sur Facebook appelé « Mohammed VI, ma liberté est plus sacrée que vous ! “. Les membres y sont invités à publier et partager les caricatures du roi.
Voici le message de présentation du groupe :
‘Ceci est un groupe de solidarité avec le jeune Walid Bahoman, agé de 18 ans, détenu dans la prison pour mineurs de Salé pour avoir insulté Sa Majesté Mohammed VI sur Facebook. Prouvons à Mohammed VI que notre liberté est plus sacrée que lui.’
Zineb El Ghazoui, l’une des fondatrices du groupe, a écrit sur son blog :
‘[cette arrestation bat] en brèche la propagande de l’Etat marocain autour du changement et des prétendues avancées démocratiques.’
Sur Twitter, le soutien est timide, mais quelques uns soutiennent l’initiative. Musique Arabe tweete :
@MusiqueArabe ‘Opération soutien à Walid Bahomane - publions tous sur nos profils la caricature de notre choix.’
En dépit des réformes constitutionnelles récentes au Maroc, le pouvoir ne semble pas préparé à tolérer le moindre franchissement des lignes rouges.
En juillet 2011, quelques jours après l’adoption de la nouvelle constitution, un journal français, Courrier International, a été interdit au Maroc car il contenait une caricature irrévérencieuse du roi.
La presse indépendante a souvent souffert de la colère du pouvoir quand elle a osé aborder le sujet sensible de la monarchie. Tant et si bien que Internet semble aujourd’hui le dernier espace où la plupart des Marocains peuvent encore s’exprimer librement.
****
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire