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mercredi 14 janvier 2015

Et soudain, l’horreur semble ne plus avoir de frontières


Opinion. La cavale des meurtriers de Charlie Hebdo s’est achevée comme elle avait commencé. Dans le crépitement des armes automatiques, l’odeur de la poudre et du sang. La tragédie avait pris naissance dans les locaux d’un journal. Elle a fini dans ceux d’une imprimerie. Comme un ultime pied-de-nez, un immense doigt d’honneur du dessin, de l’écriture, et de la pensée aux « fous de Mahomet », avant qu’ils ne passent de vie à trépas.
Quelques minutes avant de succomber aux tirs des forces de l’ordre, Chérif Kouachi, interviewé par BFM TV, s’était légitimé d’un code de l’honneur. Une bien étrange conception de l’honneur qui dicta aux tueurs d’achever un adversaire à terre, blessé et qui, de surcroît, demandait qu’on épargnât sa vie. Un code de l’honneur qui aura fait, en trois jours, dix-sept victimes innocentes, en comptant celles du supermarché casher, Porte de Vincennes.
Ils disaient vouloir venger le prophète. Ils l’ont souillé. Ils disaient avoir tué Charlie. Ils l’ont rendu immortel. Ils ont fait pire. En fils indigne, ils ont commis un parricide, poignardant leur mère-patrie, en plein cœur. Dans ce qu’elle avait de plus gaulois, la satire. S’ils avaient été contemporains des lumières, ces obscurantistes-là auraient assassiné Montesquieu, Voltaire, Diderot ou Condorcet.
Et soudain, l’horreur semble ne plus avoir de frontières. Elle s’est cruellement rappelée à nous, pendant les soixante-douze heures qu’ont duré les abominations et la traque des assassins. La peste islamiste a fini par nous rattraper, ses exactions ne se commettant plus à l’autre bout du monde, sur un quelconque théâtre moyen-oriental ou africain, mais sous nos yeux et à nos fenêtres, preuve que le monde est devenu bien trop étroit pour que l’on tolère que l’intolérable y prenne place, même dans ses contrées les plus reculés.
Mais à écouter les déclarations revanchardes des uns et des autres, à voir se noyer dans la salive de leurs éructations certains islamophobes et à contempler cet aréopage d’ennemis de la liberté, prendre part à la marche de dimanche dernier, on ne peut s’empêcher de craindre que prenne forme une nouvelle imposture et que de bien sombres moments s’abattent, à nouveau, sur l’humanité.
Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche, Amedy Coulibaly, Saïd et Chérif Kouachi ne furent jamais que des seconds couteaux. De pauvres minables que la république avait oubliés sur le bas-côté et qui naviguèrent, un moment, entre rap et rapine, avant de s’en prendre au reste du monde. La vérité est ailleurs que dans les banlieues sinistrées de la Gaule. Les cerveaux de la tragédie ont depuis longtemps été identifiés. Des imposteurs qui somnolent tranquillement, sur des matelas de pétrodollars, repus d’agapes, pendant que des danseuses du ventre désespèrent de réveiller en eux, une ardeur défunte. Même pas comique. Plutôt ridicule. Et l’on comprend un peu mieux pourquoi ces Tartuffe qui ne servent à rien et se servent royalement au passage, craignent autant les caricatures et instrumentent d’autres, afin d’assassiner les caricaturistes, ceux-là mêmes qui, précisément, ridiculisent le ridicule, pour notre plus grand bonheur!

Cruelle réalité que celle que l’on s’apprête à vivre, comme au lendemain du 11 septembre, la traque des lampistes, avec ce risque avéré de ramener dans la nasse bien des innocents. Des victimes collatérales, s’excuseront-ils, sans autre forme de procès et pour solde de tout compte. Pendant que se poursuivront la danse du ventre et le bal des faux-culs !

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