Les
syndicats de journalistes estiment que la présence, dimanche à Paris, de
quelques-uns des chefs d’Etat les plus répressifs en matière de liberté
de la presse, a terni un peu l’image de cette belle journée de sursaut
populaire.
Dans un communiqué commun, les syndicats de journalistes (SNJ / SNJ-CGT / CFDT-Journalistes), avec leurs Fédérations FIJ (internationale) et FEJ (européenne), ont salué hier « les quelque quatre millions de citoyens qui ont participé aux marches et rassemblements dimanche à Paris comme dans toute la France, en hommage aux 17 victimes tombées sous les balles des fanatiques, ennemis de la liberté ». Ils déplorent en revanche la présence d’ « ennemis de la liberté » dans le cortège.
« Comment ne pas être interloqués par la présence, dans la marche parisienne, dans le carré des VIP, du président gabonais Ali Bongo ; d’Ahmet Davotoglu, premier ministre de Turquie, l’une des plus grandes prisons de journalistes ; de Benjamin Netanyahou, le premier ministre d’Israël où 16 journalistes palestiniens ont été tués par les forces de sécurité ; de Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie d’une Russie qui muselle sa télévision et réprime de nombreux confrères ; de son homologue des Émirats Arabes Unis, où l’on peut être emprisonné pour un tweet, cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane… Mais encore par celle de Viktor Orban, le premier ministre hongrois, qui a fait main basse sur les médias de son pays. Sans oublier la présence contestable d’autres dirigeants du monde qui n’ont pas la même vision de la liberté que ceux que nous pleurons depuis mercredi. Par exemple en Grèce où Antonis Samaras, le premier ministre, a ordonné la fermeture de la chaîne publique ERT, rouverte depuis sur décision du Conseil d’Etat. »Les syndicats de journalistes ne doutent pas que « les Charb, Wolinski, Cabu, Honoré, Tignous, Ourrad, Elsa ou Maris n’auraient pas admis qu’on leur impose que ces ennemis de la liberté foulent le pavé parisien et tentent de récupérer l’élan populaire contre la haine et pour la liberté d’informer ». Ils rappellent « qu’en 2014, 118 journalistes et personnels des médias ont trouvé la mort. Et que parmi les premières victimes de l’année 2015 figurent des journalistes yéménites et tunisiens, avant même le massacre de nos confrères de Charlie ».
Inquiet de la réponse que le gouvernement semble tenté d’apporter au attentats de ces derniers jours, ils appellent les citoyens à empêcher « les lois d’exception et autres « Patriot Acts » qui nuisent gravement aux libertés ». Et concluent au contraire leur communiqué (à lire ici) en demandant que l’on fasse vivre enfin, en France, « le pluralisme de l’information face aux concentrations et poser urgemment et concrètement la question des aides à la presse, afin qu’elles répondent vraiment aux nécessités des citoyens : une information de qualité ».
Nota Bene :
Photo : THOMAS SAMSON / AFP
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