Mr le Président,
Le peuple français dans son immense majorité s’est mobilisé
pour, et au-delà de l’immédiate, juste, et nécessaire solidarité avec
Charlie Hebdo et ses victimes, dénoncer la haine et la détestation de
l’autre, qui mènent, en dernier ressort, à la terreur. C’est là la
raison pour laquelle nous nous comptions par centaines de milliers, sans
doute par millions, pour marcher à Paris et dénoncer, demain, la
terreur, et dire ensemble : NON, PLUS JAMAIS CA !
Vous avez appelé à une union nationale afin que nous puissions
traverser cette épreuve ensemble, soudés, main dans la main, au-delà de
nos différences, de nos divergences, de nos nuances, unis dans ce qui
nous liera à jamais, à savoir notre humanité commune, celle qui rejette,
justement, la haine et la détestation de l’autre.
Or nous apprenons avec consternation que Mr Avigdor Liebermann, qui a
appelé à expulser tous les Arabes de Palestine vers Gaza, à utiliser la
bombe atomique sur Gaza, sera présent demain à cette marche à laquelle
nous avons appelé, tous, unanimement, en solidarité avec Charlie Hebdo
et ses victimes.
Nous appréhendions le jour où nous aurions à choisir si nous pourrions marcher aux côtés de Jean-Marie ou Marine Le Pen, or voilà
que nous devrions manifester demain aux côtés d’un criminel se
revendiquant ouvertement de décisions relevant de la Cour Pénale
Internationale de Justice.
Est-ce donc là l'union
nationale à laquelle vous nous conviez Mr le Président ? Une union
nationale qui voudrait récupérer le combat de toute notre vie en faveur
du droit et de la justice au profit de criminels de guerre ?!
Cela ne vous choque pas Mr le Président ?
N’est-il pas temps, Mr le Président, pour vous et pour l’ensemble de
nos gouvernants, de vous prononcer enfin, clairement et définitivement,
contre le double langage, le 2 poids 2 mesures, la manipulation, la
récupération ?
Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, les victimes de Charlie Hebdo,
n’auraient en aucune manière marché aux côtés de Liebermann et
Netanyahu.
C’est une insulte à leur mémoire.
C’est pourquoi, Mr le Président, alors que mon entrain était à son comble pour marcher demain, je ne serai pas des vôtres.
JE NE MARCHERAI PAS, Mr LE PRESIDENT, AUX COTES DE CRIMINELS DE GUERRE !
Et je vous tiens pour responsable, ainsi que votre Premier
Ministre, de la fracture ainsi provoquée dans notre mobilisation, dans
cette union nationale que l’on avait commencé à former.
Younes BENKIRANE
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