Abdelkader Belliraj, condamné à perpétuité au Maroc
pour des faits qui vont lui valoir dans les prochains jours une
absolution de la justice belge, a été transféré sans préavis mardi
dernier de la prison de Toulal à Meknès à la celle de Salé.
Ni l’intéressé, ni sa famille, et encore moins son avocat, n’étaient au courant de ce transfert.
Trois autres détenus ont été transférés avec lui.
La raison de ce transfert avait une relation avec l’arrivée au Maroc
d’une commission rogatoire internationale espagnole venue interroger des
détenus marocains dans une affaire pour laquelle ils ont déjà été
interrogés en 2008, et dont le principal suspect a été arrêté, interrogé
et relâché par la justice espagnole.
Belliraj devait être entendu par les juges espagnols le jeudi 20
novembre, le jour même de l’ouverture de son procès devant un tribunal
de Bruxelles et durant lequel, selon son avocat, le parquet général
belge devrait demander son acquittement.
Les proches de Belliraj font part de leur grand étonnement devant ces
méthodes, et ne comprennent pas pourquoi leur parent devrait répondre
manu militari à une commission d’enquête espagnole pour une affaire qui
ne le concerne pas alors qu’en même temps l’accès à son avocat belge lui
est illégalement refusé depuis 6 ans.
Hier, aux juges qui ont commencé à lui poser des questions sans la présence de son avocat, Belliraj a lancé : « De quand date cette affaire ? Elle concerne qui ? D’où provient la requête ? ».
Devant le silence gêné des juges, Belliraj a refusé de répondre et a demandé à quitter les lieux non sans leur avoir lancé : « Je ne cautionne pas l’illégalité ».
Ses proches croient fermement que le transfert de Beliraj à Salé
n’est pas innocent et fait partie d’une « pièce de théâtre » montée par
les autorités marocaines, justice et services secrets, dans laquelle
elles veulent lui faire jouer de force un rôle qui ne le concerne pas.
Et ce afin d’atténuer les véhémentes critiques de son avocat belge, Vincent Lurquin, qui a dénoncé la semaine dernière le refus des autorités marocaines de le laisser voir son client.
Après cette rocambolesque affaire et d’autres encore, comme celle
concernant les poursuites engagées contre le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, le ministre de la justice et des libertés (sic), Mostafa Ramid,
et ex-militant islamiste des droits de l’homme, donne toute la mesure
de sa soumission à certains services de l’Etat qui cherchent à tout prix
à ne pas perdre la face dans l’affaire Belliraj.
Car le probable acquittement de Belliraj devant la justice belge,
pour les mêmes faits qui lui ont valu la perpétuité au Maroc, risque de
ridiculiser encore plus la justice et les services secrets marocains qui
ont fait de ce cas tout un symbole de la lutte contre le terrorisme
islamiste.
Demain
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