Par Mohsen Abdelmoumen, 20/11/2014
La 39 édition de la Conférence Européenne de Support et Solidarité
avec le Peuple Sahraoui (EUCOCO) s’est déroulée à Madrid ce 14 novembre
en présence du président de l’EUCOCO, Pierre Galand, du Président de la
République et SG du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, de l’infatigable
militante sahraouie des droits de l’Homme, Aminatou Haidar, et de plus
de 300 militants pour l’indépendance du Sahara occidental, en provenance
des cinq continents. Assistaient également à cet événement majeur, des
représentants de gouvernements reconnaissant la République arabe
sahraouie démocratique (RASD), des députés et membres élus nationaux et
internationaux, des organisations politiques et syndicales, des ONG, des
associations d’amitié avec le peuple sahraoui, et de nombreux juristes.
L’Algérie était représentée par le président du comité national
algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), Said Layachi.
Le président Mohamed Abdelaziz a rendu hommage aux pays qui soutiennent
les causes justes dans le monde, à leur tête l’Algérie « pour ses
positions en faveur de l’application des résolutions de l’ONU ». Le
président de l’EUCOCO, Pierre Galand, a exhorté la communauté
internationale à adopter une politique « cohérente » vis-à-vis de la
question sahraouie et de permettre au peuple sahraoui d’exercer son
droit à l’autodétermination. Il a également fustigé l’Union européenne
pour son « attentisme » et sa politique de « deux poids deux mesures »
concernant le conflit sahraoui, marqué par le refus du Maroc de
respecter la légalité internationale. Cette conférence a été suivie
samedi 16 par une vaste manifestation dans les rues de la capitale
espagnole où des milliers de personnes ont réclamé un vote sur
l’indépendance du Sahara occidental occupé depuis 1975 par le Maroc, et
pour demander au gouvernement espagnol d’intervenir afin que les
Sahraouis soient en mesure de voter et de décider de leur statut.
Le célèbre linguiste et philosophe américain Noam Chomsky et le Prix
Nobel de la Paix argentin Adolfo Pérez Esquivel, ont tenu à apporter
leur soutien à la juste cause sahraouie au cours de cette conférence.
Ainsi le royaume moyenâgeux du Maroc se trouve plus que jamais acculé
face au soutien manifesté au peuple sahraoui par des personnalités de
premier plan telle Kerry Kennedy, la fille de Robert Kennedy et nièce du
président des Etats-Unis J. F. Kennedy, juriste et militante des droits
de l’Homme, de nombreux artistes comme Javier Bardem, Pedro Almodovar,
Penelope Cruz, et bien d’autres, qui apportent leur voix aux nombreux
mouvements citoyens en faveur de l’autodétermination du Sahara
occidental. Comme ce fut le cas pour la cause palestinienne qui a été
soutenue par de nombreuses célébrités issues du monde intellectuel,
scientifique, artistique et par de grands mouvements civils à travers le
monde, cette solidarité internationale prend désormais de l’ampleur. Au
demeurant, d’après nos sources, un véritable climat de paranoïa s’est
installé au palais royal marocain. En effet, le roi soupçonne tout son
entourage suite aux innombrables révélations fracassantes de notre ami
Chris Coleman dont les documents ultraconfidentiels diffusés en
avalanche sont d’une extrême gravité à l’encontre du régime fasciste du
Makhzen et de ses « amis » occidentaux que ce dernier a réussi à
corrompre afin d’empêcher, dans une tentative vaine et désespérée, le
dénouement définitif de la question sahraouie qui ne se résoudra que par
une seule option, l’autodétermination du peuple sahraoui comme stipulé
dans les différentes résolutions de l’ONU. Il appert que le
directeur général de la DGED (Direction générale des études et de la
documentation), Mohamed Yassine Mansouri, est vivement critiqué par des
officiers supérieurs pour le grand amateurisme avec lequel il gère les
services secrets extérieurs marocains, mais comme il est un ami du roi
qui l’a nommé à ce poste, personne n’ose critiquer le manque de
discernement de Mohamed VI. Même les noms de certains agents secrets,
ainsi que leurs adresses emails ont été révélés par Chris Coleman.
Au cours de la 39 Conférence de l’EUCOCO, la militante sahraouie des
droits de l’homme, Aminatou Haidar, a déclaré qu’elle espérait
qu’ « après la reconnaissance par le gouvernement espagnol de l’Etat
palestinien, la deuxième étape sera la reconnaissance de la RASD ».
Interrogée au sujet de la nouvelle formation politique Podemos et de sa
relation avec le Sahara occidental, elle a répondu : « Son nom a un
sens. Podemos fait tout son possible pour soutenir la justice
et le changement de politique. Nous comptons sur eux comme nous avons
toujours compté sur les autres partis de l’Espagne. De plus, c’est un
nouveau parti qui vient de la base, une base jeune. Nous avons beaucoup
d’espoir. » Le chef de Podemos, Pablo Iglesias, qui était
présent à cette conférence, a affirmé le soutien et l’engagement de son
organisation avec la cause sahraouie. Aminatou Haidar a également évoqué
l’aggravation de la situation de la population sahraouie dans les
territoires occupés par le Maroc. « Depuis le cessez-le-feu de 1991, le
peuple sahraoui a tenu une lutte pacifique. Combien sont douloureux les
arrestations arbitraires, les assassinats et la torture qui se
produisent dans les prisons marocaines, mais aussi dans les rues où se
trouve la population sahraouie. Il n’y a aucune possibilité de
manifester et de former des associations de défense des droits de
l’Homme. Le Maroc refuse l’autorisation à notre association, la CODESA.»
Aminatou a parlé de sa crainte concernant les jeunes Sahraouis dans les
territoires occupés qui pourraient penser à recourir à la violence pour
faire valoir leurs droits légitimes. « Ce sont des jeunes opprimés et
désespérés qui cherchent à attirer l’attention de la communauté
internationale. Les défenseurs des droits humains sont sous la pression
des jeunes Sahraouis, nous voulons les guider vers la résistance
pacifique mais ils se demandent combien de temps encore ils devront
endurer cette situation parce que la communauté internationale ne fait
rien. Je ne cache pas notre inquiétude, bien que jusqu’à présent nous
n’avons pas vu d’acte de violence ou à caractère violent en zone occupée
contre les leaders politiques marocains ». La militante a aussi dénoncé
les conditions déplorables dans lesquelles se trouvent les prisonniers
politiques sahraouis. « Nous avons près de 80 prisonniers d’opinion,
dont 22 ont été condamnés par la Haute Cour militaire. Ils ont été
condamnés à de lourdes peines allant de 20 ans de prison à la réclusion à
perpétuité. Le Maroc ne les reconnaît pas en tant que prisonniers
d’opinion mais comme des prisonniers de droit commun. Le Maroc a promis
d’annuler les procès militaires, mais nous n‘avons rien vu jusqu’à
présent. Les prisonniers ont commencé une grève de la faim le 8 Novembre
pendant 48 heures et en entameront une autre le 26 pour envoyer un
message aux participants du Forum international sur les droits de
l’Homme qui se tiendra à Marrakech » un forum dont l’association
qu’Aminatou préside, la CODESA, a été exclue. « Le Maroc se justifie en
disant que notre association est un parti politique qui défend le droit à
l’autodétermination, afin de ne pas lui accorder de légalité.»Suite au
discours du roi du Maroc du 6 Novembre dernier, Aminatou Haidar craint
que la situation se détériore davantage : « C’est une incitation à la
haine contre les Sahraouis, légitimant les attaques contre les droits de
l’Homme et l’oppression de la liberté d’opinion et d’expression. Cela
nous ramène au discours de 2009, que le roi avait prononcé à l’occasion
de la Marche Noire (Marche Verte) qui est célébrée au Maroc
comme un jour férié et qui pour nous est synonyme de souffrance. Ce
discours a mené à ma déportation à Lanzarote et m’a conduite à une grève
de la faim de 32 jours. S’il n’y avait pas eu la solidarité espagnole
et internationale, je serais morte ». En ce qui concerne le rôle des
institutions internationales, Aminatou Haidar a déclaré que « la MINURSO
est un témoin aveugle, dont les yeux sont bandés. « Ils ne peuvent pas
effectuer la surveillance des droits de l’Homme parce qu’ils ne sont pas
habilités à le faire, ils n’ont pas un tel mandat. Nous voulons élargir
la compétence de la MINURSO et la mise en œuvre d’autres mécanismes de
l’ONU ». A propos du suivi de ce que font les représentants
diplomatiques accrédités à Rabat, Aminatou a noté que « ce sont les
ambassades nord-américaine, britannique et des pays nordiques qui font
régulièrement des visites pour entendre la voix du peuple. Ils sont
concernés et intéressés, mais ce n’est suivi par aucune amélioration
concrète. La situation reste la même et la répression aussi » a-t-elle
déploré. De la France, Aminatou a dit: « Elle vient, mais c’est toujours
pour faire des recherches afin de préparer des rapports, on ne peut pas
dire que ce sont des visites destinées à faire cesser la répression. »
Tenant à adresser un message au peuple sahraoui lors de cette
conférence, le Prix Nobel de la Paix argentin Adolfo Perez Esquivel a
déclaré : « Ma voix veut avoir le pouvoir de la voix des humbles, la
voix qui dénonce l’injustice et proclame l’espoir». Il a cité un vieil
adage « l’heure la plus sombre se situe quand l’aube pointe. Je pense
que le peuple sahraoui sait qu’il verra l’aube surmonter l’obscurité. Je
veux envoyer l’amical soutien d’un frère d’Amérique latine à tout le
peuple sahraoui, lui souhaiter beaucoup de force et d’espoir dans cette
lutte pour l’autodétermination du peuple pour sa souveraineté, son
identité et sa culture. Les gens perdent la mémoire des disparus, mais
heureusement, le peuple sahraoui garde une mémoire vivante de son
identité et des valeurs à défendre. Non seulement pour le présent mais
aussi pour l’avenir des nouvelles générations qui permettront
d’atteindre ces objectifs. Pour cela, nous devons unir nos forces ». Le
Prix Nobel de la Paix a souligné dans son message quelques points
essentiels. « D’un côté, les Nations Unies doivent agir avec plus de
force et de discernement, et ne pas se laisser dominer. Nous devons
changer la structure de l’ONU, ce qui pour le moment n’est pas
possible. Mais l’ONU peut prendre des décisions claires, comme dans le
cas du gouvernement marocain afin qu’il respecte le droit à
l’autodétermination des Sahraouis. Il y a eu de nombreuses années de
souffrance, de douleur, de violations des droits de l’Homme. Les Nations
Unies ont mandaté les Casques bleus et, à ce jour, cette force n’a pas
rempli son rôle de garant de la paix. Ni là et ni ailleurs. Je pourrais
parler de Tahiti, de Chypre et de nombreuses autres régions du
monde. Une restructuration est nécessaire pour que la force de maintien
de la paix soit réellement au service des peuples et pas pour favoriser
les grands intérêts économiques, politiques et militaires. Je suis
désolé de dire cela, parce que l’ONU est une institution valide qui peut
grandement aider la paix de l’humanité » a déclaré Pérez Esquivel.
De son côté, dans un message délivré à travers une vidéo, le
philosophe et linguiste Noam Chomsky a déclaré : « Le printemps arabe a
commencé en novembre 2010 dans le Sahara Occidental quand la population
s’est soulevée dans Gdeim Izik près de Laayoune. Je suis ravi d’avoir
l’opportunité d’envoyer quelques mots à la Conférence de Madrid, en
soutien et solidarité avec le peuple sahraoui, un peuple qui n’a pas
arrêté de lutter courageusement pour sa libération pendant 40 ans.
Pendant tout ce temps, l’agression du Maroc et les abus aux droits
humains les plus essentiels de la part des forces d’occupation n’ont pas
cessé, sans qu’ils répondent de leurs crimes et tout en recevant
l’appui direct des pouvoirs occidentaux, principalement de la France,
mais aussi de leurs alliés qui ont coopéré honteusement. La dernière
colonie d’Afrique attend encore sa libération et la tenue d’un
referendum sous les auspices des Nations Unies, organisation qui a la
responsabilité d’en finir avec cette horrible époque coloniale. J’ai bon
espoir que cette conférence sera d’une grande aide dans la lutte du
peuple sahraoui et que tous et toutes pourront bientôt profiter des
droits essentiels et de la liberté qu’ils méritent. »
Les justes du monde, éveilleurs de consciences, sont venus s’ajouter
au peuple algérien qui a toujours pris fait et cause pour le peuple
sahraoui et pour le peuple palestinien. L’Algérie soutiendra toujours
les causes justes, c’est un principe fondamental non négociable et
définitif qui découle de l’expérience de l’oppression que le peuple
algérien a connue pendant 132 ans de colonisation et qui sait ce que
représente le colonialisme. Sa connaissance aigüe de la douleur de la
nuit coloniale a toujours guidé le peuple algérien dans la voie de la
solidarité avec les peuples opprimés de la terre. Le Maroc, dont
l’unique préoccupation consiste à calomnier en permanence son seul
voisin, semble oublier que l’Algérie est délimitée par une frontière de
plus de 6000 km la séparant de six pays à risques avec un terrorisme
exponentiel, qu’elle est absorbée par une situation interne et externe
périlleuse et ne peut ni ne veut s’offrir le luxe, comme les danseuses
de ventre du Makhzen, de créer des ennemis imaginaires. L’Algérie et son
peuple connaissent d’autres inquiétudes nettement plus sérieuses qui
dépassent le nombrilisme du palais royal marocain et de son Makhzen
infect. Il faudra du temps pour que les cancres qui règnent sur le Maroc
comprennent que la question du Sahara occidental relève de la
décolonisation d’un territoire qui ne leur a jamais appartenu, et si le
roi du Maroc, au lieu de faire diversion pour occuper son peuple qui
crève la dalle, connaît une poussée d’herpès patriotique, qu’il prouve
donc sa détermination et sa virilité en libérant son propre territoire à
Ceuta et Melilla, enclaves toujours sous domination espagnole. Le
régime marocain, vassal des sionistes, n’a décidément rien à se mettre
sous la dent à part rester dans les provocations absurdes à l’égard de
l’Algérie, mais nous le répétons, le peuple sahraoui sera libre. Il est
clair que la campagne enragée de dénigrement de la part du Maroc à
l’égard de l’Algérie sur le plan médiatique et diplomatique n’est que la
marque d’une mentalité mesquine dont la bassesse et la médiocrité sont à
l’égal de la corruption du palais marocain et de ses maîtres Azoulay,
qui ont cru qu’en achetant des journalistes et des diplomates, ils
pourraient freiner la roue de l’Histoire. Il y aura toujours des voix
comme celles de Chomsky, Esquivel, Bardem, et bien d’autres qui ne
pourront jamais être achetées ou étouffées. Tel est l’échec majeur d’un
roitelet qui, prenant la suite de son père en opprimant le peuple
sahraoui, dévoile le visage immonde de la monarchie marocaine à toute la
planète. La cause sahraouie finira tôt ou tard par triompher, n’en
déplaise au régime fasciste du Maroc. Le jour viendra où le peuple du
Sahara occidental, comme celui de Palestine, goûtera aux fruits de
l’indépendance et de la liberté, c’est une nécessité historique.
Published on Oximity, November 20, 2014:
https://www.oximity.com/article/Le-royaume-du-Maroc-dos-au-mur-1?faid=504291
https://www.oximity.com/article/Le-royaume-du-Maroc-dos-au-mur-1?faid=504291
for translate in English, right click on the text
por traducir en español, haga clic derecho sobre el texto
щелкните правой кнопкой мыши на тексте, чтобы перевести
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire