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mercredi 3 septembre 2014

Abdellatif Hammouchi est-il devenu le Abdelfattah Sissi du Maroc ?

 Alifpost, 28/8/2014

Pourquoi la Presse de Pavlov veut faire du directeur de la DST Hammouchi El Houssine Majdoubi le Sissi du Maroc ?

Pourquoi la Presse de Pavlov veut faire du directeur de la DST Hammouchi le Sissi du Maroc ? El Houssine Majdoubi
Photo montage du général Sissi et le directeur de la DST Hammouchi El Houssine Majdoubi Bahida - 16 مارس، 2014 
 
Abdellatif Hammouchi est-il devenu le Abdelfattah Sissi du Maroc ? La question peut sembler étrange, voire absurde, en raison de la différence entre les contextes politiques Marocain et Egyptien, et aussi parce que le premier dirige un organe sécuritaire alors que le second est d’abord un militaire.
Cependant, les deux hommes ont un point commun, qui est le traitement par les médias de l’un et de l’autre. En effet, après les événements survenus en Egypte début juillet 2013, et le renversement du président Mohammed Morsi, certains médias égyptiens ont commencé, et de la façon la plus stupide, à présenter le général Abdelfattah Sissi comme un sauveur de l’Egypte qui lui a évité une catastrophe historique. Ces médias ont rapidement brossé une image de l’homme proche de la sacralité, n’hésitant pas à évoquer sa relation filiale avec le Prophète Mohammed. Toute critique de Sissi est devenue, pour ces médias, l’équivalent d’un crime ou d’un sacrilège.
Un processus similaire se produit en ce moment au Maroc avec le directeur de la DST, Abdellatif Hammouchi, après la décision de la justice française de le convoquer pour un interrogatoire dans le cadre des plaintes pour torture. Les médias marocains se sont divisés en deux catégories : la première expose objectivement les faits et en rappelle le contexte général. Elle n’essaie nullement de duper l’opinion publique. La deuxième, par contre, n’hésite pas à tromper le lecteur et à avancer des versions et des données fictives.
 Si chaque organe de presse fait de son mieux pour approcher la vérité et la réalité, à sa manière, certains sites numériques s’acharnent contre la ligne éditoriale des autres, pour la simple raison qu’ils ne voient pas les choses de la même manière.  Curieusement, ces sites se dressent comme un seul homme, en même temps, et usent du même style et fournissent les mêmes arguments, afin d’accuser de participation à un complot contre l’unité de la nation (rien que ça) toute personne qui, en abordant l’affaire Hammouchi, s’éloigne un tant soit peu de la version officielle. Toute réflexion en dehors de la doxa de l’Etat est rapidement cataloguée dans la rubrique de la haute trahison. Cela montre à quel point le Big Brother de ces sites est peu professionnel et franchement incompétent, car s’il l’était, les partisans du Polisario n’auraient pas réussi à accomplir tout ce qu’ils ont accompli dans les villes du Sahara.
Les gesticulations de ces médias de la diffamation et de l’insulte ne changeront rien aux faits, qui sont têtus. Le dossier Hammouchi pas clos en France et l’Etat français s’interdit de s’immiscer dans le travail de la justice, qui est indépendante, comme l’a clairement annoncé le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius il y a deux semaines.  Aucun responsable français n’a parlé de dossier clos. Prétendre le contraire, c’est faire preuve de mensonge et d’hypocrisie.
Est-ce que ces médias cherchent à créer de toutes pièces l’image d’un héros national appelé Hammouchi, à l’image de Sissi ? Apparemment oui. En effet, car au Maroc rien n’est plus facile que de critiquer les ministres, les leaders de partis politiques, et de critiquer le Chef du Gouvernement, voire de l’injurier sans trop de crainte. On peut même critiquer le roi Mohammed VI, mais dès qu’un article aborde l’affaire Hammouchi,  certains médias se précipitent non pas pour apporter la contradiction argumentée, mais proférer les pires insultes, puisant dans un arsenal d’injures qui fait pâlir celui de l’époque d’Oufkir, de Dlimi et de Basri.  Ces derniers, tous despotes qu’ils étaient, savaient garder un minimum d’honneur. Le Maroc Officiel et des services S est-il en train d’inventer « la presse de Pavlov » ?
 Cette stratégie médiatique est foncièrement stupide parce que le Maroc est très différent de l’Egypte. Au Maroc, où les actions de militantisme sincère et courageux ne manquent pas,  la sacralisation des personnes n’est plus tolérée par la société. Même la personne du monarque n’est plus sacrée depuis que la Constitution de 2011 s’est contentée de mentionner le respect qui lui est dû. Tout citoyen Marocain a le droit de discuter des affaires du pays depuis l’institution royale à la plus banale des autres institutions. C’est un leurre que de vouloir placer la DST et ses responsables au-dessus de la critique ou de leur conférer une quelconque immunité.
Il y a de fortes présomptions que ces médias ne font qu’exécuter des ordres émanant de certains responsables en haut de l’appareil étatique, puisque certains articles qui blanchissent Hammouchi et le glorifient accusent en même temps le prince Moulay Hicham de déstabiliser le Maroc et de financer des médias hostiles, sans que la justice ne se saisisse de l’affaire pour ouvrir une enquête. Alors que la loi prévoit le devoir de respect aux princes,  la justice demeure paradoxalement muette alors qu’un prince est l’objet d’accusations graves et n´est pas objet de critiques, parce que intellectuellement, la presse de Pavlov et le Big Brother sont incapables. Ce silence de l’appareil judiciaire confirme que cette presse est bel et bien Pavlovienne.
La stratégie serait encore plus stupide si d’aventure il s’avérait  un jour  que ce sont des responsables au sein de l’Etat qui manigancent pour tresser des lauriers à Hammouchi. En effet, l’expérience a démontré que tout processus de glorification est suivi d’une avalanche d’erreurs et de fautes, dont le citoyen paie le prix par la suite.  La faute serait encore plus lourde s´il se confirme un jours que c’est le directeur de la DST qui orchestre lui-même cette campagne médiatique, au moment où le Maroc a grandement besoin d’une véritable stratégie médiatique pour le dossier du Sahara, où les tenants du référendum font de plus en plus entendre leur voix dans le monde.
 L’hypothétique mais probable instrumentalisation de quelques médias sans crédibilité,  en vue de répliquer de manière peu éthique aux journalistes qui publient des analyses qui peuvent fâcher, est une attitude peu glorieuse. De même, user et abuser de l’accusation de trahison, qui est l’arme des perdants, n’est qu’une perte de temps et d’énergie. Par contre, la vraie trahison consiste à persister à vouloir masquer ses propres turpitudes, en sacrifiant la morale et en utilisant les moyens de l’Etat, c’est-à-dire des citoyens, au lieu de défendre réellement les causes stratégiques qui engagent  le destin du pays.


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