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jeudi 4 septembre 2014

Maroc-Algérie, les dépenses militaires explosent

Par Ziad Alami , le 360, 2/9/2014 
Hélicoptères FAR, armée Maroc 
© Copyright : DR
 
Kiosque360. Les dépenses militaires au Maroc et en Algérie ont fait un bond phénoménal depuis 2007, relève le dernier rapport d’Oxfam France.
Léon Tolstoï n’aurait sûrement pas pensé au Maroc et à l’Algérie en écrivant son célèbre roman "Guerre et Paix". Une chose, cela dit, reste sûre : Il aurait changé d’avis s’il était encore en vie. 
Alors que les Etats du monde entier pratiquent de sévères coupes sur les budgets Défense, ne voilà-t-il pas que les dépenses militaires du Maroc et de l’Algérie explosent ! "Dans son dernier rapport, élaboré à l’occasion du 20e anniversaire de la fermeture des frontières maroco-algériennes, l’Organisation Oxfam France révèle que les dépenses du Maroc en armement représentent 19% de son Produit intérieur brut (PIB) alors que ceux de l’Algérie, 65%!", rapporte Al Massae, dans son édition du mardi 2 septembre. Une croissance curieuse tout de même ! Dans un monde où même les Etats-Unis -plus grande puissance militaire au monde- a passé le rabot sur son budget Défense, en réduisant substantiellement les effectifs de ses armées, autant que les pays européens où les budgets Défense sont toujours en berne -l’Allemagne (-1,5%) et la France et l’Italie (-3,2%)-, "les dépenses consacrées à l’armement au Maroc et en Algérie ont réalisé un bond phénoménal", note le rapport d’Oxfam, dont les grandes lignes sont exposées par le quotidien Al Massae. Le palmarès est inédit. "Entre 2012 et 2013, le Maroc et l’Algérie ont figuré au top 20 des plus gros budgets Défense au monde !", note le rapport d’Oxfam France.

Paix armée !

Si aucun conflit armé n’a éclaté entre le Maroc et l’Algérie, -depuis la Guerre des Sables (1963),  la bataille d’Amgala 1 qui opposa, du 27 au 29 janvier 1976, les armées des deux pays, et Amgala 2, qui eut lieu le 14 février 1976, avec des milices polisariennes défaites quoique lourdement armées et appuyées par l’ALN, les relations entre les deux pays sont tout sauf ce long fleuve tranquille. Malgré le départ d’Ahmed Ben Bella -auteur de cette célèbre expression "Hagrouna!", élevée depuis 1963 au rang de dicton par les Algériens-, puis de Houari Boumediane, Chadli Benjedid… la haine nourrie par l’establishment algérien à l’égard du Maroc a atteint, sous Abdelaziz Bouteflika, des proportions presque inédites. Profitant de la manne pétrolière et gazière, dopée par la flambée des cours, l’Algérie de Bouteflika, ancien ministre des Affaires étrangères sous Boumediene, s’est jetée à fonds perdus depuis 2007 dans une frénétique course à l’armement, ressuscitant ainsi les vieux démons de la "Guerre froide" avec un voisin marocain pourtant très regardant sur le bon voisinage et la décrispation des relations. Dernier indicateur, et pas des moindres : "Le gouvernement algérien consacre, dans son projet de loi de finances 2015, un budget énorme à l’armement, de l’ordre de 13 milliards de dollars, soit 11% du budget global de l’Algérie (112 milliards de dollars), relève Al Massae.

Les FAR, à la paix comme à la guerre !

Si les Forces armées royales (FAR) -présentes en force dans les missions humanitaires déployées par l’ONU à travers le monde- ont su préserver cette admirable vocation pacifiste, il n’en demeure pas moins que leur force de frappe est des plus redoutables au monde. "Certes, l’Algérie a pu nettement améliorer son classement en matière d’armement, mais les critères de classement ne sauraient être réduits au seul aspect matériel", a expliqué le politologue Saïd Haddad, dans une précédente sortie dans la presse. "Qu’en est-il de la cohésion des forces armées, de la formation des soldats et des cadres, de leur loyauté à l’égard des pouvoirs, de leur représentativité et de leur lien avec les sociétés ?", s’interroge l’auteur de "Armées et changements politiques et sociaux au Maghreb". Sur ce point justement, il ne faut pas comparer l’incomparable. "Comparaison n’est pas raison", disait à juste titre l’ancien ministre français de la Défense, Jean-Pierre Chevènement.

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