La justice texane vient de débouter son homologue
marocaine dans l’application d’un de ses jugements émis dans le cadre de
l’affaire de Talsint. Les attendus du juge James R. Nowlin, se sont
fait aussi impitoyables que sarcastiques à l’endroit du Maroc. Récit.
A regarder les images du coup d’envoi des prétendus forages pétroliers de Talsint,
ce 23 août 2000, on comprend combien la cupidité de Mohammed VI a
inhibé chez lui, la prudence et la retenue les plus élémentaires.
Pour en voir de pareilles, il faut remonter au règne d’Hassan II,
lorsque le défunt monarque inaugurait, les barrages supposés irriguer
un million (1.000.000) d’hectares, mais qui, en réalité, desservaient en
priorité, le gigantesque butin de terres agricoles sur lesquelles ce
dernier avait fait main basse, scellant ses desseins de plus grand
agriculteur du pays. Machiavélique, le dictateur s’arrangeait parfois du
passage d’un hôte étranger, pour l’embarquer avec lui dans cette
aventure d’un jour, histoire de laisser croire à une caution de
l’Occident.
Mohammed VI a donc été à bonne école. Mais au contraire
de son géniteur qui tutoyait mètres cubes d’eau et kilowatts, le fils ne
tutoyait que du vent, en cette journée torride de l’été 2000. En effet,
le roi ne le sait pas encore, mais de pétrole il n’y en a point, dans
ce bout de désert et l’homme est en train de commettre, la première
d’une longue série de bourdes de son règne.
L’occasion fait les larrons
L’aventure de Talsint commence par un délit d’initié. Abdallah Alaoui, cousin de Mohammed VI, Mohamed Benslimane, beau-frère de Hicham Alaoui, le cousin du roi, Othman Skiredj, frère du général d’aviation Boubker Skiredj, aide de camp de Mohammed VI et Abdou Saoud, consul honoraire du Maroc en Californie, tous actionnaires de « Medi Holding » ont vent du nouveau code des hydrocarbures que concocte le gouvernement de Abderrahmane Youssoufi,
à l’automne 1998. Le code n’est même pas dans les cartons des
parlementaires, que le quatuor se lance dans le casting, afin de
recruter des prospecteurs. Ce sera « Skidmore Energy », une compagnie américaine dont les deux actionnaires sont John Paul DeJoria et Michael H. Gustin. Un Memorandum of understanding conclu en mars 2000, scelle la constitution, en juillet 1999, de la « Lone Star Energy
». Moyennant douze pour cent (12%) de ses actions, les marocains de
Medi Holding « neutraliseront » les administrations marocaines,
assureront aide et protection des autorités et feront bénéficier la
société, avant l’heure, du code des hydrocarbures avec, à la clé,
exonérations fiscales, régime préférentiel des changes et autres
avantages. Cerise sur le gâteau, les prospecteurs auront accès à toutes
les études géologiques, menées par les différents offices chérifiens,
avant et après l’indépendance.
Dans la culture de la courtisanerie marocaine, il en va du business
de la prospection pétrolière, comme des autres secteurs du business. On
commence par jeter son dévolu sur un investisseur qu’on appâte avec le «
parapluie » du pouvoir, la perspective de profits conséquents, avec à
la clé, la promesse d’une inauguration en fanfare de son projet par le
roi en personne. Une fois l’investisseur ferré, « on » lui fait
défricher le terrain, dégrossir le travail et transmettre
son-savoir-faire et son carnet d’adresses, avant de le vider de sa
substance par l’intimidation, l’augmentation de capital ou la «
superposition » de nouveaux partenaires, surgis des coulisses du palais
royal.
L’affaire de Talsint reproduit à l’identique ce scénario,
maintes fois dénoncé par investisseurs étrangers, diplomates en poste au
Maroc, agences internationales d’aide ou simples acteurs de la vie
civile.
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