Le régime chérifien n’a eu de cesse depuis 1956 de renforcer son
pouvoir à tout prix, face aux organisations politiques, et ce au
détriment même des intérêts supérieurs de la nation. Il a préféré
s’allier après l’indépendance aux ex-puissances coloniales pour briser
tous les mouvements progressistes qui souhaitaient une monarchie
constitutionnelle, de crainte de devoir partager le pouvoir, renonçant
du même coup à récupérer les territoires marocains encore sous
occupation. Nous n’aurions pas eu aujourd’hui les problèmes des présides
et du Sahara occidental.
A l’époque c’était Hassan II chef des FAR qui avait mené cette
politique. On peut dire que nous vivons dans une espèce de continuité
« hassanienne » n’ayant pour seuls objectifs que de monopoliser le
pouvoir et de renforcer les privilèges qui vont avec.
On ne reviendra pas sur les méthodes du défunt monarque. Notons tout
de même la collaboration étroite qu’il avait instituée avec les experts
sionistes en matière de sécurité et de répression. Le Maroc est devenu
le chouchou de l’Internationale judéo-sioniste. On a les alliés qu’on
mérite.
Avec le nouveau roi, on nous a fait une storytelling
d’enfer. Jeune, ouvert, dynamique, ami des pauvres. N’en jetez plus !
L’illusion a duré un certain temps grâce à la complaisance de l’Occident
dont on connaît plus ou moins ceux qui tirent les ficelles. Les Sayanim
ne sont jamais très loin. Ce sont probablement ces « experts » qui ont
montré au jeune monarque comment étrangler financièrement un média un
peu trop indépendant, comment on amène certains grands journalistes qui
auraient fait la fierté de notre pays à s’exiler, comment on envoie au
pilon toute une production pour avoir franchi une « ligne rouge »
imaginaire, comment on abat le bras arbitraire de la Justice pour faire
quelques exemples.
Les « ennuis » récents infligés à Ali Anouzla et à son site
d’information en sont une illustration. Le Makhzen ne reculera devant
rien ni personne en cas de réelle menace contre sa mainmise sur les
secteurs essentiels du pays. Ses « conseillers » qui veillent sur la
bonne marche du Royaume depuis Paris, New York, et d’autres capitales
moins avouables, ont dû lui suggérer de montrer une relative
magnanimité, mais le message est passé.
Une nouvelle preuve de l’arbitraire implacable du régime
« hassanien » nous est donnée avec son acharnement à empêcher coûte que
coûte, c’est-à-dire en violant les propres règles de son administration,
une nouvelle association de tout simplement exister, d’avoir une
existence légale comme la loi l’y autorise. Car dans notre beau pays, si
moderne et si tourné vers un avenir radieux, la « loi » c’est le roi.
Il fait et il défait. Il applique ou il rejette. Selon son bon vouloir.
Et sous les applaudissements d’une élite hypocritement admirative qui
attend l’aumône de quelques retombées royales.
Cela aurait pu être un progrès dans la marche du Royaume vers la modernité que la création de FREEDOM NOW puisque c’est d’elle qu’il s’agit. En l’occurrence un « Comité pour la protection de la liberté et d’expression au Maroc ».
Vous comprendrez de quoi il s’agit en lisant le début de leur dernier communiqué :
« Après avoir refusé de réceptionner son dossier légal de
constitution en tant qu’association, et après avoir empêché son sit-in
de solidarité avec les journalistes d’Al-Jazeera détenus dans les
prisons égyptiennes, les autorités de Rabat poursuivent leurs
agissements systématiquement abusifs à l’encontre de « Freedom Now:
Comité pour la protection de la liberté de la presse et d’expression au
Maroc ». En effet, ces autorités ont empêché la tenue d’une conférence
débat sur le thème «Situation de la liberté de la presse et
d’expression, trois ans après la Constitution de 2011 », qui devait être
organisée par Freedom Now dans la soirée du jeudi 10 Juillet, au siège
du club des avocats à Rabat. »
Que l’on ne s’y trompe pas. Ceci est un message à une certaine élite
marocaine qui détourne le regard face à cette situation.
Le pays
s’enfonce délibérément dans la médiocrité, la lâcheté, la tromperie, le
sous-développement. On vous aura averti.
Jacob Cohen
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