Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°24 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au
Maroc, 20/5/2013
Il ne se passe pas une semaine au
Maroc sans que les tribunaux ne prononcent des verdicts injustes à l’encontre de
militant-e-s ayant participé pacifiquement à tel ou tel rassemblement de
protestation. Après les condamnations des militant-e-s de l’Union Nationale des
Étudiants du Maroc (UNEM)
prononcées par le tribunal de Fès, c’est au tour du tribunal de Tiznit de
prononcer deux condamnations à l’encontre des
deux jeunes frères Lambidae d’Ifni. C’est à cela, entre autres, que
sera consacré ce point hebdomadaire.
Groupe
Ifni-Prison Tiznit (nouveau) : Vendredi 17 mai 2013, les deux
frères Karim et Youssef Lambidae
ont été condamnés par le tribunal de première
instance de Tiznit à 8 mois de prison ferme et une amende de 1000 dirhams
chacun. Karim (18 ans) et Youssef, membre de l’AMDH et du mouvement
20-Février, ont été arrêtés à Ifni les 2 et 6 mai après avoir participé aux
protestations qu’a connues la ville fin avril. On leur reproche la participation
à un « rassemblement armé, à la désobéissance, aux jets de pierres et offense
contre les forces de l’ordre et au blocage de la voie publique ». Les familles
et les militant-e-s ont exprimé leur solidarité avec eux en organisant des
rassemblements devant le commissariat d’Ifni et en assistant massivement au
procès malgré les intimidations des forces de l’ordre qui ont bloqué
l’accès.
L’ASDHOM leur attribuera deux
fiches dans le cadre de sa campagne de parrainage. Nous lançons ainsi un appel
aux parrains et marraines pour se solidariser avec eux en les parrainant par
l’envoi de lettres. Vous trouverez la procédure à suivre sur la rubrique « Campagne de parrainage » dédiée à cet
effet.
Groupe
UNEM-Fès : Le campus universitaire de Dhar
Elmahraz à Fès a connu un mouvement de protestation conduit depuis le 15 avril
2013 par les militant-e-s de l’UNEM pour réclamer l’amélioration des conditions
d’étude et la libération de leurs camarades, prisonniers politiques, en grève de
la faim depuis le 26 mars. Rappelons que ce groupe de 4 militants a été libéré
le 30 avril après avoir purgé leur peine d’emprisonnement de six mois (voir nos
points précédents sur www.asdhom.org). Une
vingtaine de militants dont deux femmes se sont retrouvé-e-s à leur tour devant
le tribunal de première instance de Fès pour être jugés après les affrontements
avec les forces de l’ordre dont les interventions étaient violentes. Une série
de procès qui a commencé le 27 avril 2013 a vu condamner ces étudiant-e-s par
petits groupes à des peines d’emprisonnement. Le premier groupe composé de
Sabah Asmae, Aïcha Al-bouche, Achraf Sekkouri
et Rachid Aghzar a écopé de 3 mois
de prison ferme chacun. Le deuxième groupe a quant à lui été condamné
le 18 mai à 2 mois de prison ferme (Mohamed
Boughlem, Abdelkrim Rabhi et Mourad Boubker). Le quatrième du groupe
(Youssef Bouarfa) a écopé d’un
mois de prison ferme. Il a été libéré à la fin du procès. Le troisième groupe
composé de Mohamed Hammouch, Hamid Moumen,
Abdelouahed Mourabit et Mohamed Elharras a comparu le 8 mai et a vu
son procès reporter au 22 mai. Le lendemain, 9 mai, c’était au tour d’un autre
groupe (Yassine Tirid et Anas
Bachiri) de comparer devant le juge. Les autres militants arrêtés
(Chafik Salah Eddine, Moussa Sammouni, Mimoun
Benziza, Abdelhaq Bouti, Jaber Rouijel, Omar Taybi, Oussama Zantar et Abdennabi
Chaoul) attendent toujours en prison leur procès. Sur les 22 prévenus, seul un (Youssef Bouarfa) a pu quitter la prison
après sa condamnation. Mohamed Réda
Darkaoui, un autre militant de l’UNEM, les a rejoints le 18 mai après
avoir passé deux jours au commissariat. Les 22 militant-e-s ont tous affirmé avoir subi
des violences lors des interrogatoires. Leur
défense a dénoncé des procès politiques. Pour elle, les autorités
marocaines leur reprochent leur appartenance
syndicale.
Dans un communiqué daté du 12 mai,
les 22 détenu-e-s politiques d’Ain Kadous dénoncent leurs conditions
d’arrestation et de détention et décident
d’entamer une grève de la faim de dix jours (du 12 au 22 mai), de
refuser les visites durant cette période et de porter des brassards rouges lors
des audiences au tribunal.
L’ASDHOM qui les propose bien
évidemment au parrainage demande aux autorités marocaines d’accéder à leurs
revendications qui se résument à la libération immédiate, la tenue de procès
équitables et dans les meilleurs délais, l’accès aux soins, la séparation des
prisonniers de droit commun, etc.
Groupe
UNEM-Meknès : Les cinq prisonniers politiques
(Soufiane Sghéri, Mohamed Eloualki, Hassan
Ahmouch, Hassan Koukou et Mounir Ait Khafou), incarcérés à la prison
Toulal 2 de Meknès ont pu arracher, le 16 mai, une première victoire après 66
jours de grève de la faim. L’administration vient de les séparer des prisonniers
de droit commun, de leur permettre des visites libres et de leur procurer les
soins nécessaires. Il faut rappeler que leur état de santé s’est sérieusement
détérioré depuis le début de la grève de la faim entamée le 11 mars 2013. Ils
ont décidé de poursuivre leur action tout en réclamant un procès équitable dans
les brefs délais.
Sur ce sujet des grèves de la faim
dans les prisons marocaines, le député-maire communiste français, Alain Bocquet,
a interpellé son ministre des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, pour qu’il
intervienne auprès de ses homologues marocains et attirer leur attention sur
l’état de la santé des grévistes de la faim (voir rubrique Témoignages et
lettres).
Groupe
Sahraouis-prison de Laâyoune (nouveau) : Six
Sahraouis dont un mineur de 17 ans (Hussein
Bah, Mohamed Garmit, Mohamed Ali Saïdi, Youssef Bouzid, Abdelaziz Hramech et
Yassine Sidati) ont été arrêtés le 9 mai 2013 à Laâyoune au Sahara
après les manifestations qu’a connues la ville après la décision du 25 avril du
Conseil de Sécurité de l’ONU concernant le mandat de la MINURSO. Les communiqués
publiés par les associations de défense des droits de l’Homme (AMDH et Amnesty
International) font état de tortures et violences subies par les personnes
arrêtés et notamment par le mineur Hussein Bah qui avait été arrêté et relâché
quelques jours avant. Déférés devant un juge d’instruction à la Cour d’appel de
Laâyoune, ils ont été accusés de « violences à l’égard de fonctionnaires » et de
« participation à un rassemblement armé » ainsi que « la dégradation de biens
publics ». La violence que dégagent les vidéos qui circulent et qui relatent les
interventions des forces de l’ordre marocaines laisse craindre le pire pour ces
six prévenus dont cinq ont été placés en détention provisoire à la prison Lakhal
de Laâyoune. Le mineur a, quant à lui, été libéré sous caution. Amnesty
International lance une action urgente en leur faveur. Vous trouverez son
communiqué sur le sujet à la rubrique Témoignages et lettres.
Groupe
Mineurs-Ouarzazate : Le syndicaliste Hamid Majdi
(voir nos points précédents), secrétaire-adjoint de la CDT d’Ouarzazate et
membre du PSU, accusé de « possession de drogue », sera fixé sur sont sort le 22
mai 2013. Sa défense dénonce un procès monté de toutes pièces pour lui faire
payer son engagement auprès des mineurs qui protestent contre les pratiques
antisociales et l’exploitation qui leur est faite par la société SMI (du groupe
MANAGEN qui exploite les mines de la région
d’Ouarzazate).
Pour clore ce point hebdomadaire,
nous signalons la grève de la faim que mène
Mahjoub Tobji depuis le mardi 14 mai au Parvis des droits de l’Homme de
Trocadéro à Paris. Ce commandant retraité de l’armée marocaine,
installé en France, ne perçoit plus sa pension de retraite depuis novembre 2012
en dépit de ses courriers et attestations de vie adressés au bureau des
retraites à Rabat. Il reste persuadé que l’administration marocaine lui fait
payer son audace d’avoir publié son livre « Les officiers de sa majesté » qui
s’attaque au trafic d’influence et autres abus de pouvoirs et corruption qui
sévissent au sein de l’armée marocaine et surtout sa participation en octobre
dernier à un sit-in face au château de Betz du roi du Maroc.
L’ASDHOM qui a été saisie de son
dossier s’est rendue au près de lui le week-end dernier pour s’enquérir de son
état de santé et pour lui apporter son soutien. Elle interpellera l’Ambassade marocaine à Paris pour
qu’elle intervienne rapidement et faire en sorte que le droit de Mahjoub Tobji à
sa pension de retraite soit rétabli.
Pour le bureau
exécutif
Ayad
Ahram
Président de
l’ASDHOM
Paris, le 20 mai 2013
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