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jeudi 24 janvier 2013

Le journaliste Youssef Jajili risque de la prison ferme


Reporters Sans Frontières, 24/1/2013



Un journaliste risque de la prison fermeYoussef Jajili,
  directeur de 
publication du 
magazine Al-Aan
 comparaîtra le 28 janvier 2013 devant le tribunal de première instance de Aïn Sebaâ pour répondre aux accusations de “diffamation” dont il fait l’objet. Le 22 juin 2012, le journaliste avait publié un article qui dénonçait le comportement du ministre marocain de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, Abdelkader Amara (du Parti de la Justice et du Développement), qui, selon le journaliste, aurait dépensé pendant un déplacement officiel au Burkina Faso, la somme de 10 000 dirhams (environ 900 euros) pour organiser un dîner privé dans sa chambre d’hôtel, au cours duquel des boissons alcoolisées auraient été consommées. Une accusation dont se défend vivement Abdelkader Amara, qui a déposé plainte contre Youssef Jajili.
Convoqué le 23 octobre 2012 par la police, le journaliste a été interrogé pendant cinq heures. Lors de sa seconde convocation le 14 décembre dernier, les policiers lui ont remis sa convocation au tribunal pour le 14 janvier. Youssef Jajili encourt désormais une peine de trois mois à un an de prison ferme et une amende allant de 1200 à 100 000 dirhams (de 110 à 9 000 euros).
Reporters sans frontières condamne le fait que le journaliste ait pu être entendu par la police judiciaire sur simple plainte du ministre sans même une décision d’un juge. L’organisation demande l’abandon de la procédure telle qu’engagée contre Youssef Jajili. “Plus de dix-huit mois après l’adoption de la nouvelle Constitution qui garantit un certain nombre de droits fondamentaux, parmi lesquels le droit à un procès équitable, il est plus qu’urgent que les textes de lois soient harmonisés avec les dispositions contenues dans le texte constitutionnel. Cette affaire montre également combien la réforme du code de la presse, promise par le nouveau gouvernement, visant à dépénaliser les délits de presse, est cruciale pour la liberté de l’information au Maroc”, a déclaré Reporters sans frontières.
Dans un communiqué publié sur sa page Facebook le 26 juin 2012, le ministre avait déclaré son intention de poursuivre en justice “toute personne étant impliquée de près ou de loin dans cette action qui porte atteinte à mon honneur, ma dignité ainsi qu’à l’honneur de mes responsabilités, de ma famille et de mon parti”.
Contacté par Reporters sans frontières, l’avocat du journaliste, Me Ibrahim Rachidi a déclaré vouloir contester le fondement des charges qui pèsent à l’encontre de son client : Youssef Jajili ne peut en rien être concerné par l’article 42 du code de la presse qui concerne la publication d’information ayant troublé l’ordre public ou ayant suscité la frayeur. Par ailleurs, nous contestons le fait qu’il ait pu être convoqué et interrogé par la police judiciaire, alors qu’il aurait dû être entendu par le tribunal. Il apparaît important que les textes juridiques marocains soient mis en conformité avec la nouvelle constitution, qui consacre dans son article 120 le droit de tout citoyen à un procès équitable.”
Al-Aan est un magazine hebdomadaire spécialisé dans l’investigation et les enquêtes, fondé en avril 2012 par Youssef Jajili. Ce dernier avait obtenu en 2011 le grand Prix national de la presse marocaine pour l’un de ses reportages dans les camps de Tindouf.
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