Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

mercredi 12 décembre 2012

Maroc : Les mosquées doivent-elles accueillir les SDF cet hiver ?


Chaque année, lorsque le mercure flirte avec le 0, la question des conditions de vie des SDF revient au devant de l’actualité marocaine. Pour éviter que ces SDF passent un hiver glacial sur les trottoirs, un Marocain appelle les mosquées du pays à ouvrir leurs portes pour les accueillir. L'initiative ne plait pas à tout le monde.
« Malgré un beau soleil sur la totalité du royaume, il fait de plus en plus froid », a annoncé, hier soir, la présentatrice de la météo Najwa Bensouda sur 2M. Alors que certains vont réfléchir à la couleur du pull qu’ils vont mettre le lendemain, d’autres pensent aux conditions de vie des Sans Domicile Fixe (SDF) marocains vivant dans les rues.
Omar Louzi, président de l’ONG Amazigh rights a envoyé le 25 novembre une lettre au ministère des Habous et des Affaires Islamiques pour demander qu’il autorise les 40 000 mosquées du pays à ouvrir leur porte aux milliers de Marocains qui devront passer la nuit dehors cet hiver. Une lettre publiée sur la page Facebook qu'il a crée intitulée « Appel à l'Ouverture des 40 000 Mosquées à des sans abris, pendant la nuit ».

40 000 mosquées ouvertes ?
« En lisant un jour une dépêche qui disait qu’au Maroc, il y avait 40 000 mosquées, j’ai fait une simple opération estimant qu'une mosquée pouvait accueillir une centaine de personnes. Résultat : toutes ces mosquées pourraient rassembler au total 4 000 000 Marocains », estime Omar Louzi. « Dans cette lettre, j’ai voulu rappeler au ministère qu’une mosquée est avant tout un lieu de solidarité, de morale et d’entraide. Si on n'ouvre pas les mosquées aux plus démunis, nos prières ne servent strictement à rien », poursuit-il.
Omar Louzi ne comprend pas comment une mosquée, financée par les deniers publics, puisse être ouverte seulement 5 fois par jour, pour le temps des prières, alors qu'elle pourrait ouvrir ses portes pour que des gens y passent la nuit. « On met sur la table 60 millions de dirhams pour organiser le Festival du Film de Marrakech et accueillir les grandes stars du moment : là on trouve l’argent. Mais quand on parle d’abriter des milliers de sans-abris, on ne trouve plus d’argent à débloquer », déplore-t-il.
Miloudi el Bouazzaoui, assistant social et responsable du programme rue au sein du Samu Social, est du même avis qu’Omar Louzi : les mosquées ne devraient pas ouvrir leur porte seulement lors des prières. Chaque hiver, il descend dans la rue à la rencontre de ces Casablancais qui dorment sur les trottoirs pour leur donner à manger, des vêtements, des couvertures ou tout simplement leur parler. « Il faut s’inspirer des exemples des églises. Même à Casablanca, l’une des églises de la ville ouvrent ces portes aux chrétiens les plus démunis », lâche-t-il.

« lls vont salir » les mosquées
Néanmoins, tout le monde ne partage pas le même avis. Dans le milieu religieux, ouvrir les mosquées aux SDF fait grincer des dents. « Les apparences peuvent être trompeuses. Parmi ces gens pauvres, certains peuvent être des voleurs et voler tout ce qu’ils trouveront dans les mosquées », estime un administrateur au sein du conseil des oulémas à Fès qui a souhaité garder l'anonymat. « Ces gens vont dormir où dans la mosquée ? Il n’y a pas de matelas. Ils vont la salir et laisser des odeurs derrière eux. Ce qui fait que quand les fidèles vont vouloir prier, ils ne trouveront pas un lieu propre », ajoute-t-il.
« Si on ouvre les mosquées au SDF, ça ne seront plus des SDF ! On devra leur donner à boire et à manger. Je ne suis pas sûre que les mosquées aient assez d’employés pour faire le ménage », considère Saïd Kamali, jurisconsulte et conférencier à la Mosquée Masjid Sounna à Rabat. « Ce n’est pas le rôle de la mosquée d’accueillir des SDF mais plutôt aux centres d’accueil sociaux », poursuit-il.

Mauvaise foi
« Cela veut dire que pour eux la mosquée est pour les gens propres ! Les mosquées ne sont pas des usines désaffectées. Elles sont censées être propres. S’il y a de l’eau pour faire ses ablutions, il y aura de l’eau pour la nettoyer. C’est de la mauvaise foi ! », s'indigne Omar Louzi.
Miloudi el Bouazzaoui dénonce également un manque de bonne volonté. « Ces questions de propreté et de logistique peuvent être réglées en faisant intervenir des associations extérieures comme par exemple le Croissant Rouge qui se chargeraient de l’accueil des SDF dans les mosquées », conclut-il. 10 jours après l’envoi de sa lettre au ministère des Habous, Omar Louzi n’a toujours pas reçu de réponse à sa demande.
 ------------------------------------------------------------ 

Sans détour:

Ici et là, on voit des facebookeurs marocains appeler à l'ouverture la nuit, durant cette saison très froide, des mosquées du pays aux sans-abris. Ce qui est en soi une démarche fort louable.
Mais là où il y a erreur, c'est quand certaines de ces voix mettent la responsabilité de la fermeture la nuit de ces mosquées sur le dos du ''chef'' islamiste du gouvernement et lui imputent la responsabilité des retombées de cette décision de fermeture sur le bien-être de ces sans-abris.
N'importe quelle personne qui a étudié l'histoire de la politique du champ religieux au Maroc vous dira au moins deux choses.

Primo: la décision de fermer les mosquées en dehors des heures de prière revenait à Hassan II (1961-1999) et son fils et successeur, Mohamed VI (1999-), n'a fait là encore que privilégier la continuité au lieu du changement.
Si Hassan II avait pris cette décision et son homme de basses oeuvres, Driss Basri, l'avait fait exécuter avec zèle, c'était pour lutter contre l'islamisme (Chabiba islamiya, Jamaa Islamiya (futur PJD), Al-Adl Wal-Ihssane, etc.) qui se servait notamment de ''mosquées sauvages'' comme de lieux de propagande et de recrutement de membres. Mais cette stratégie a évidemment révélé son échec puisque l'islamisme n'a pas été contré et a largement échappé au contrôle du régime.

Secundo: Donc, si quelqu'un veut vraiment que les mosquées marocaines soient réouvertes la nuit pour accueillir les sans abris en cette saison froide, il devrait adresser sa missive au véritable décideur à ce chapitre, c'est-à-dire Mohamed VI, et non à un Abdelillah Benkirane qui n'est qu'un subordonné du chef de l'État et du véritable et seul détenteur du pouvoir au Maroc.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire