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lundi 10 décembre 2012

Islamisme, Islam et Droits Humains

par Mohammed Belmaïzi, 7/9/2010 Revu et corrigé 9/12/2012

Mes chers ami-es, permettez-moi de reprendre ce texte à l'occasion de la célébration de la Charte des droits de l'Homme, ce 10 décembre... Mais aussi devant les ébullitions provoquées par les Frères Musulmans, la Nahda et d'autres factions en Syrie et ailleurs, qui projettent d'instaurer un État totalitaire!



Il devient notoire que le terrorisme islamiste est une aubaine pour l’ensemble des États arabo-musulmans, dévorés qu’ils sont par l’extrême monopolisation du pouvoir de la part d’une famille, d’une élite ou d’un clan, sans parler des élections constamment falsifiées et de leur pourcentage fétiche des 99%. Car pour étouffer la contestation et nuire au débat de société, ces États recourent allègrement aux lois liberticides. Ils bâillonnent la parole et écrasent tout élan vers la responsabilité morale, la citoyenneté et l’intérêt commun. Le terrorisme islamiste, allié objectif de l’impérialisme dans ses manifestations actuelles, a également permis à l’Administration Bush d’enraciner la torture comme valeur, de légaliser l’enfermement à Guantanamo comme système barbare, connu au Moyen-âge sous le nom d’« oubliettes » équivalent de « Tazmamart » au Maroc des récentes décennies, et finalement de légitimer la razzia « chirurgicale » des USA en Irak, pillant, massacrant et contrôlant les richesses de la région. Une offensive attentatoire des maîtres de la planète soutenus par des États de Non-Droit, se permet ainsi de piétiner les Conventions et les Chartes modernes des droits de l’homme, comme pour nous convaincre des bienfaits de la loi du plus fort, de la rapine et de l’oppression. C’est ainsi qu’entre le terrorisme islamiste et le terrorisme des États, archaïques ou soi-disant modernes, c’est le souffle émancipateur, démocratique et humaniste qui se trouve étranglé. Et c’est l’Etat de Droit qu’on assassine !

Si l’islamisme est un phénomène issu de l’Islam qu’il prend comme référence, il devient urgent d’aller interroger cette matrice même. Suffit-il que l’Islam, avec ses échos qui habitent notre imaginaire et fait vibrer notre fierté, nous renvoie sans répits à l’essor d’une civilisation porteuse d’idéal et d’humanisme ? Trait d’union entre les époques et les contrées, l’ère islamique a pu, en effet, transmettre un savoir et une connaissance déterminante dans l’évolution de la culture et de la pensée. Comment se fait-il alors que cette grande civilisation a frôlé la disparition pour opérer une décadence abyssale ?

La réponse démagogique et simpliste à cette question est une flagrante atteinte au droit à la culture et à la créativité. Elle provient des détenteurs du pouvoir. C’est qu’en Algérie par exemple, et dès 1975, avant la tragédie algérienne, et avant la révolution iranienne, les prémices de l’islamisme seront détectées à travers la stigmatisation de la culture et la haine vouée aux artistes et aux intellectuels. A en juger par le programme du IX° séminaire organisé sous l’égide du ministre algérien de l’enseignement originel et des Affaires Religieuses, qui s’interrogeait, entre autres, si « la poésie était la cause de la dissolution morale et de la chute de l’Andalousie, ou en a-t-elle été le simple miroir et reflet ? ». Même questionnement sur la musique et les arts. Ce programme s’origine dans un présupposé qui partait, en somme, des fausses allégations de la « science coloniale » qui voyait dans la production symbolique, classique arabe, littéraire et artistique, une tare entraînant la civilisation arabo-musulmane dans le gouffre de la décadence. Presque tous les savants orientalistes de l’époque coloniale l’ont dit et répété. Et depuis, cette conviction est accaparée par ceux qui vont se proclamer de l’islamisme en prônant un Islam politique, y compris, surtout, la Charria dans laquelle ils envisagent une hypothétique renaissance. Alliance objective, ici encore, entre l’islamisme et les thèses de la « science coloniale », fondées sur des préjugés!

Or, il est à rappeler que, selon nombre d’historiens, la décadence de la civilisation arabo-berbéro-musulmane était, entre autres facteurs, étroitement liée aux fanatismes religieux, et à l’interprétation réductrice de l’Islam. Pour exemple : ce chef militaire nommé Mansur (régnant en Andalousie en l’an 978), cyniquement réputé pour avoir fait appel aux ulémas les plus renommés de ses contemporains, les invitant à détruire la bibliothèque la plus prestigieuse du Moyen-âge, acquise avec patience et obstination par le roi éclairé Hakam II. « Il leur dit qu’il avait résolu de détruire les livres qui traitaient de philosophie, d’astronomie et d’autres sciences interdites par la religion ». Et il va jusqu’à les prier « de trier eux-mêmes les livres à détruire » (‘l’Espagne musulmane’, André Clot). Ce genre d’alliance contre le droit à la connaissance et à la culture, si courante entre les pouvoirs institués et les théologiens dogmatiques, a jalonné l’ère islamique.

Non seulement, comme si dans ce cas précis, le passé se reflétait pertinemment sur le présent et vice-versa, mais des complicités tacites et des alliances objectives s’opèrent d’une manière troublante. Ainsi, par exemple, entre les Talibans et les forces d’occupation israélienne. Les premiers ont bombardé – après avoir embastillé la femme derrière la Bourka, brûlé films et musique, prohibé les Mille et Une Nuits… – les Boudas de Bamyan, rayant le droit à la mémoire d’un peuple, butin de l’humanité entière. Alors que les forces d’occupation israélienne ont investi à Ramallah le prestigieux « Centre des Arts Khalil Sakakini » le saccageant et le dévastant, en faisant de même à la « Maison de la Poésie », siège de deux revues littéraires d’une haute tenue : « les Poètes » et « Parenthèses », avec une irruption ignominieuse dans la demeure de Mahmoud Darwish pour ravager et emporter effets et souvenirs personnels du poète. C’est, ici encore, une sorte de connivence contre l’avènement de l’Etat de Droit.

Disposés vivement au réveil d’un Islam rédempteur et porteur de message de justice et de démocratie en opposition aux dictatures et aux États de Non-Droit, nombreux nous étions à applaudir la révolution iranienne. Et nous le faisions en partant des textes politiques et philosophiques attribués à Khomeiny, qui étaient d’une lucidité libératrice et d’une portée inédite mettant l’égalité et la liberté humaines au centre des préoccupations. Cet élan sans précédent a été loué sans hésitation. Savants et intellectuels, des plus prestigieux, tel Michel Foucault pour ne citer que lui, ont été convaincus, en soutenant Khomeiny, qu’une nouvelle ère était en train de s’étaler dans le temps pour apporter à l’universel une vision « politique spirituelle ».

Arrivé au pouvoir, tous les médias et les observateurs enregistrent avec effroi que Khomeiny a verrouillé les libertés et fermé les portes de l’Ijtihad. Les assassinats par milliers ont fondé une société de terreur qui va se ruiner dans une guerre fratricide provoquant l’errance des peuples. Les médias soulignent que la tyrannie que sèment les Pasdarans, la police politique, reste à ce titre légendaire. Ils se cachent la nuit, raconte Madame Parvaneh, une poète en exil, pour repérer les gens qui gardaient la lumière allumée, signe qu’ils sont en train de lire. A ce titre les journaux ont évoqué la macabre formule de Goebbels « quand j’entends le mot culture, je sors mon révolver ». Cela  aboutit, aujourd’hui en Iran, nous disent les documentaires, à un ras-le-bol créant une dynamique de contestation généralisée, encore à ses balbutiements. Et les musulmans, de cœur et de conviction, commencent aujourd’hui à évoquer les bienfaits d’une société aux principes laïcs qui garantissent aux femmes et aux hommes le droit à une vie privée, et la fierté de vivre en citoyens libres dans une société libre et démocratique. Un pays où « La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme » doit être reconnue et respectée.

Mais l’Islam n’a-t-il pas l’entière capacité d’entériner les principes inscrits dans la Déclaration sans rien perdre de son âme? Questionnement d’autant plus légitime, lorsqu’on tombe sur divers textes traitant des droits de l’homme, qu’on veut spécifiques à l’Islam et aux musulmans, tels que : « Déclaration islamique universelle des droits de l’homme », émanant d’un « Conseil islamique d’Europe » (1981) ; « Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en Islam » (1990) ; « Les droits de l’homme dans un état islamique » non daté, rédigé par une ‘Assemblée Mondiale de la Jeunesse Musulmane’. Tous ces textes fustigent la tyrannie, l’injustice, l’exploitation, la persécution et différentes violations, en célébrant, toutefois, « la liberté et le droit à une vie digne, conforme à la Charria ». Si dans ces textes tout y est annoncé du point de vue religieux en soulignant que « nos devoirs et obligations ont priorité sur nos droits », et que la Loi prime sur toutes les autres considérations de la vie moderne, celui de cette ‘Assemblée Mondiale de la Jeunesse Musulmane’ prend carrément les versets coraniques et les hadiths comme articles, allant jusqu’à la sentence de « la main coupée » du voleur. Ce qui est en contradiction affligeante avec l’article 5 de La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».

Comme tout est une question de lecture et de contexte, lequel des musulmans ira,  actuellement, s’enorgueillir de prôner l’esclavagisme sous prétexte qu’il existe des versets coraniques qui parlent de l’esclavage des non-musulmans par les musulmans (XXXIII, 52 ; XVI, 71 ; V, 43 ; IV, 24 ; XXIII, 1 ; XXXIII, 50 ; XXIV, 33 ; LXX, 29-31), sans soulever un tollé d’indignation au sein du concert des nations ?

Tout est question de lecture et de contextualisation. Un débat qui perdure depuis des siècles au sein du monde arabo-musulman. Et prenons la phase historique de la « Maison de la Sagesse : Dar Al Hikma » durant le règne du calife Al-Ma’mûn. Convaincu, qu’il était, des thèses des mu’tazila, Al-Ma’mûn va proclamer officiellement la croyance dans le « Coran créé » (al-qawl bi-khalq al-Qur’ân), en opposition au « Coran incréé », prôné par l’orthodoxie. Pour arriver à ses fins, une inquisition féroce va s’ériger contre quiconque des ulémas et des imams qui rejettent la doctrine du « Coran créé ». Interrogatoires, emprisonnement et assassinats caractérisent cette période nommée al-mihna « l’Epreuve ». Les califes suivants vont, à leur tour, rétablir la vision orthodoxe « Le Coran incréé », en écrasant, dans une brutalité encore plus sanguinaire, toute référence au courant des mu’tazila condamnés à l’exil et au silence. Ce conflit délétère, entre obédiences religieuses, est mirifique de leçons. Il plaide sans détour pour la stricte neutralité de la religion et pour sa préservation de toute agitation idéologique, nuisible à sa dimension spirituelle et universelle.

Nulle autre solution pour abjurer la spirale meurtrière. La refonte d’une gouvernance moderne et d’un Etat de Droit exige la séparation des pouvoirs. Le péril islamiste qui tend à mettre nos sociétés en dehors de l’Histoire, ne peut être combattu à coup d’ « Appel Citoyen », exhortant l’Etat à écraser et à sévir, une sorte de « Mihna » du passé, pourtant à l’époque d’une avancée prodigieuse de la pensée : « Dar Al-Hikma ». Le terrorisme islamiste ne peut être utilisé comme alibi, pour combattre, à coup de Lois liberticides, les démocrates, en vue de neutraliser la critique et le débat de société.

Seule l’instauration de l’Etat de Droit et d’une démocratie participative – la jeunesse dispose de la maturité nécessaire pour contribuer à ce projet de société – peut sortir nos sociétés des ténèbres abyssales qui risquent de tout envahir, et pour longtemps.





 Les monstruosités primitives enfoncent le monde musulman dans les ténèbres!

Les grues sont faites pour édifier et déblayer... elles trouvent une fonction macabre!
Couper la main du voleur, n'était qu'une métaphore! Comment expliquer alors "Yadi allahi fawqa aydihim" (la main de Dieu est supérieure aux leurs)!

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