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jeudi 27 décembre 2012

« La promotion des droits des femmes doit se faire graduellement » selon Benkirane

La dernière comparution de Benkirane au parlement a été réservée aux femmes. A l’exception des députées du PJD, les groupes ont quasiment tous pointé du doigt l’absence d’une politique claire du gouvernement sur ce dossier. 
Hier à la Chambre des représentants, la condition de la femme et les violences conjugales étaient au cœur de la séance mensuelle des questions de politiques générales. Un sujet sur lequel le gouvernement n’est guère à l’aise, la présence d’une seule ministre en est bien la cause. Associations, partis politiques, y compris de la majorité, sont tous unanimes pour décrier cette injustice, contraire à l’article 19 de la constitution qui appelle l’État marocain à œuvrer « à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. Il est créé, à cet effet, une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination. » Une instance qui attend, encore, de voir le jour.
Parfaitement conscient que son équipe n’a rien entrepris, jusqu’à présent, pour améliorer les conditions de la femme, Abdelilah Benkirane a commencé par lire une réponse écrite au cours de laquelle, il a effectué un voyage dans le temps, faisant d’abord une escale en 2004 pour parler de l’adoption d’un nouveau code de la famille puis en 2007, l’année qui a connu la réforme autorisant la femme marocaine à octroyer sa nationalité à ses enfants de père étranger.
Quant à l’avenir, le chef de l’exécutif a été contraint encore une fois de puiser dans la déclaration de son gouvernement, de janvier 2012, afin de réitérer que son équipe s’est engagée, durant son mandat, à prendre 17 mesures d’appui à l’égalité entre les hommes et les femmes. Benkirane a rappelé le plan d’action « Ikram » lancé par le département de Bassima Hakkaoui. Un projet qui a fait table rase de toutes les actions entreprises par les gouvernements précédents.

Benkirane contre son ministre de l’Education nationale
Une fois éloigné des réponses que ses conseillers lui ont préparées, Benkirane commence par déraper. Florilège. Sur la présence d’une seule femme dans son gouvernement, il renvoie la balle aux partis politiques qui ne lui ont pas présenté des candidates.
Sur la parité, il rappelle aux députées que si elles sont au parlement c’est grâce à la liste nationale (60 sièges), soulignant que sur 335 élus, issus des listes locales, seules figurent 7 femmes. Et de lancer aux députées «la promotion des droits des femmes doit se faire graduellement». Une opération qui, selon lui, « requiert discernement et maturité » afin de préserver l'union de la famille marocaine.
Interpellé sur l’absence de nouvelles femmes dans la liste des walis et gouverneurs, Benkirane a brandi la carte du manque de profils féminin adéquat pour exercer ce genre de fonctions. Et il a avancé le même argument pour l’absence totale de femmes consuls nommées par le département des Affaires étrangères. Des réponses n’ont pas convaincu les députées.
Saisissant une intervention d’une députée du PAM sur les conditions des jeunes femmes enseignantes affectées dans des régions lointaines, Benkirane a enjoint son ministre de l’Education nationale, l’istiqlalien Mohamed El Ouafa, de mettre un terme à ces nominations. Et de l’appeler à appliquer le principe de la discrimination positive.
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Violence contre les femmes Benkirane charge le HCP
Le taux des femmes violentées jugé irréaliste
Il a appelé l’opposition à faire preuve de patience
L’opposition déplore le retard dans la mise en place des instances constitutionnelles 
Violence contre les femmes Benkirane charge le HCP     Lors de son passage devant la Chambre des représentants, Abdelilah Benkirane n’a pas hésité à titiller les femmes en avançant qu’en «vertu des chiffres du HCP, il y aurait certainement parmi elles des femmes battues» 

  
Interpellé sur le bilan de son équipe au niveau de la promotion des droits de la femme lors de la séance mensuelle des questions sur les politiques publiques lundi dernier à Rabat, Abdelilah Benkirane n’a pas été convaincant. Il s’est contenté de rappeler des initiatives lancées par ses prédécesseurs suite à des instructions royales, ou encore des mesures prévues dans la Constitution ou dans le programme gouvernemental, mais qui sont restées lettre morte. C’est pour cela que majorité et opposition ont critiqué l’intervention de Benkirane et ont affiché leur volonté de savoir clairement «quand et comment le gouvernement compte concrétiser sa stratégie pour la promotion de la situation de la femme». Des députés de l’opposition, à l’image de Rachida Benmassaoud de l’USFP, ont critiqué l’approche du gouvernement, qui «agit plus en réactions qu’à travers des initiatives volontaristes». Or, pour le Chef du gouvernement, «la Constitution a incité à tendre progressivement vers la parité». Il s’en est pris aux députés de certains partis ayant conduit ou participé aux gouvernements précédents. «Vous ne pouvez pas me réclamer de tout résoudre dans une courte période, alors que vous n’avez pas réussi à régler ces problèmes lorsque vous étiez au gouvernement. Je ne suis pas en train de vous juger, mais je vous demande d’être patients», a-t-il lancé. Benkirane a été également interpellé sur la question de la violence à l’égard des femmes. Les députés ont estimé qu’en dépit des stratégies nationales de lutte contre cette forme de violence, les statistiques n’ont cessé d’augmenter. Au point où les derniers chiffres du Haut commissariat au plan (HCP) parlent de près de 60% de femmes violentées. Un chiffre que Benkirane a qualifié «d’irréaliste». Selon lui, «il y aurait eu certainement une erreur dans le calcul, car je crois que c’est exagéré même s’il s’agit d’un échantillon». Le Chef du gouvernement n’a pas hésité à titiller les députées en estimant qu’en «vertu de ces statistiques, il y aurait certainement parmi elles des femmes battues». De son côté, Bouchra Berjal, députée UC, a interpellé Benkirane sur ce qu’elle a qualifié de violence politique. Elle faisait allusion à «la privation des femmes de l’accès aux portefeuilles ministériels et aux hautes fonctions». En effet, plusieurs parlementaires ont critiqué la quasi-absence des femmes dans les nominations des gouverneurs mais aussi des consuls, après que le Chef du gouvernement avait promis de se rattraper suite à la nomination d’une seule femme dans l’équipe gouvernementale. Or, pour Benkirane, «il n’est pas raisonnable de nommer des femmes dans des postes de responsabilité uniquement pour plaire aux parlementaires. Ces femmes doivent d’abord faire leurs preuves ailleurs, notamment au sein des structures des partis, avant d’accéder aux hautes fonctions» (voir notre édition du 25 décembre). «Nous devons savoir que nous sommes au début du traitement de cette problématique, et nous devons éviter les spéculations et coopérer pour dépasser cette situation», a-t-il ajouté. Un constat que ne semblent pas partager les partis de l’opposition qui ont considéré qu’il «ne s’agit pas du début du processus, puisqu’il y a un cumul sur lequel nous devons capitaliser». Globalement, les partis de l’opposition ont considéré que les statistiques sur la violence à l’égard des femmes doit pousser l’Exécutif à «chercher des solutions innovantes pour mettre fin à cette pratique». Les députés ont été unanimes à déplorer le retard enregistré au niveau de la mise en place de certaines instances comme celle relative à la parité et la lutte contre la discrimination. De son côté, Benkirane a considéré que «la lutte contre la violence à l’égard des femmes nécessite l’adoption de mesures préventives reposant sur une culture de droits, la révision de l’arsenal juridique et son application rigoureuse».
Quid de Amina Filali
Le mariage des mineures était également au cœur des débats autour de la promotion de la situation de la femme. Sur ce point, le Chef du gouvernement a promis de prendre des mesures interdisant aux magistrats de statuer sur les mariages des mineures de moins de 15 ans. «Ces mariages seront interdits», a-t-il affirmé. Rappelant l’affaire de Amina Filali, Benkirane a souligné que «la défunte ne s’était pas suicidée suite à son mariage avec son violeur, mais plutôt parce qu’elle a été maltraitée par la famille de l’époux». Il a annoncé que l’article 475 du Code pénal sera supprimé pour mettre fin à cette problématique.


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