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mercredi 26 décembre 2012

« Un pays qui laisse ses enfants mourir de froid ne mérite pas d’être un Etat ! »


Ce ne sont pas les -5 degrès qu’il fait actuellement à Imilchil dans l’Atlas, qui vont empêcher Mounir Kejji, de s’enquérir de la situation des villageois des douars enclavés de la montagne. Le militant amazigh appelle le gouvernement à lancer au plus vite des projets d’infrastructure, pour permettre aux populations locales d’avoir mieux accès aux hôpitaux et éviter que des enfants ne meurent de froid chaque hiver.



Le 24 décembre dernier, l’AFP annonçait qu’un bébé, prénommé Habiba Amelou, âgée de 40 jours seulement, était mort de froid dans le petit village de Tamoult situé à une quinzaine de kilomètres de celui d’Angfou perché à 1600 mètres d’altitude dans le Haut Atlas. Quelques heures seulement après la publication de cette dépêche, le ministère de l’Intérieur répliquait en démentant catégoriquement, dans un communiqué, que le décès du bébé était dû à la vague de froid. D'après lui, "le décès était naturel consécutivement à une maladie de courte durée".

L’intérieur qui s’exprime sur…une maladie !
« C’est déjà une bonne chose que le ministère de l’Intérieur reconnaisse la mort de Habiba ! Ils avaient démenti la mort de 5 bébés auparavant », lance Mounir Kejji, militant amazigh qui se bat pour le désenclavement des villages du Haut Atlas. Actuellement à Imilchil, Mounir Kejji a rencontré la semaine dernière les parents du bébé décédé qui lui ont expliqué que Habiba avait été prise d’une toux aigüe et vomissait du sang après avoir attrapé froid.
Néanmoins, il y a une chose que Mounir ne comprend pas : « Si le ministère de l’Intérieur reconnait qu’il s’agit là d’une maladie, ce n’est pas au rôle de ce ministère de communiquer mais plutôt celui du ministère de la Santé ! », estime-t-il. « Et puis s’il s’agit d’une maladie, quelle est-elle ? Qu’on nous dise son nom ! », poursuit-il rappelant que les villageois ont difficilement accès aux médicaments et aux hôpitaux les plus proches. Il raconte, par exemple, que l’été dernier, des dizaines de femmes enceintes de ces villages reculés ont été obligées de faire plus de 200 kilomètres pour pouvoir accoucher dans des hôpitaux à Khénifra.

Un tourisme à développer dans les régions
Pourtant le ministre de la Santé El Hossein El Wardi était en visite il y a quelques jours dans la région, pour rendre visite aux populations d’une quarantaine de douars perdus dans les montagnes. Mounir souligne qu’après son passage, les dispensaires de certains villages ont fait le plein de médicaments. Une caravane médicale est également prévue à partir du 3 janvier prochain et bénéficiera à plus de 2000 personnes. Mais qu’en sera-t-il de l’hiver prochain lorsque ces dispensaires se seront vidés de leurs médicaments ? « Ce dont ces villages ont besoin est d’un plan d’urgence pour créer des infrastructures pour désenclaver ces villages et permettre aux villageois de circuler et pouvoir avoir accès aux dispensaires et aux hôpitaux pour se faire soigner. Chaque hiver, on fait face au même scénario et cela doit cesser. Un pays qui laisse ses petits enfants mourir de froid ne mérite pas d’être un Etat », lâche-t-il.

Mossaâb Ghellab
Lui, appelle tous les départements ministériels, y compris celui de l’équipement et du transport ainsi que celui du tourisme à conjuguer leurs efforts pour éviter que des Marocains ne meurent à cause du froid. « La région ici est magnifique et le tourisme peut aider à drainer de l’argent qui pourra être investi dans ces villages et permettra également de créer des emplois. Chose qui est impossible tant qu’il n’y a pas de route ou d’hôpitaux », conclut-il. Il tient à souligner, néanmoins, que sous l’ère Ghellab, ancien ministre de l’Equipement et des Transports, une route, aujourd’hui praticable, avait été crée pour mieux relier Anfgou à Imilchil.

http://www.yabiladi.com/articles/details/14619/maroc-pays-laisse-enfants-mourir.html

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