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samedi 4 février 2012

ATTAC/CADTM Maroc : Contre la mondialisation libérale

Déclaration finale du 4ème congrès national d’ATTAC/CADTM Maroc

L’association ATTAC/CADTM Maroc a tenu son 4ème congrès national les 27, 28 et 29 janvier 2012 sous le slogan «Pour le renforcement de la dimension populaire de la lutte contre la mondialisation capitaliste au Maroc». Malgré le harcèlement des autorités publiques, ce rendez-vous s’est tenu comme prévu à Rabat. Les pressions exercées par l’Etat sur les responsables du Centre social sahb dahab de Poste Maroc, où le congrès était programmé, nous a obligé de tenir cette activité au siège de l’Union régionale du syndicat marocain l’Union marocaine du travail (UMT). Les présents au congrès adressent, à cette occasion, leurs salutations et remerciements aux camarades de l’UMT et de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme pour leur soutien moral et logistique qui a contribué à la réussite de nos travaux. 

En clôture, notre Congrès national fait les constats suivants :

1. Ce congrès s’est tenu dans un contexte international marqué par l’amplification de la crise du capitalisme mondialisé et l’explosion de la crise de la dette dans les pays du Nord avec le train de mesures d’austérité qui les accompagne. Sur le plan régional, les révoltes dans le Maghreb et le Machrek s’étendent encore. Sur le plan national, le Mouvement du 20 février (M20F) n’est plus une parenthèse de l’histoire mais la première force d’opposition dans le pays 

2. Toujours sur le plan national, le bilan économique de 56 ans «d’indépendance» confirme notre «interdépendance». Notre pays est dépendant des anciens «protecteurs» (le capitalisme européen). Ce dernier a profité de cette situation pour piller nos richesses et accroitre notre dépendance. Désormais, les Institutions économiques internationales (FMI, BM, OMC) contrôlent de manière indirecte les choix stratégiques du Maroc. Le capitalisme local, intimement lié au pouvoir politique, a tiré profit de ces politiques et a accumulé des richesses ostentatoires au dépend de larges couches de la population. 

3. Dans ce contexte est né le M20F.
Des dizaines de milliers de manifestants chaque semaine, depuis le 20 février 2011, revendiquent une meilleure répartition des richesses, la hausse des salaires, la création d’emplois et de logements décents, l’accès gratuit aux soins de santé et à l’enseignement, etc….Ces revendications ont constitué le cœur des luttes sociales depuis le début des années 90. Le M20F a le mérite d’avoir donné à ces revendications une empreinte populaire. Ce mouvement a réussi pour la première fois dans l’histoire du Maroc à réunir les citoyens des villes et des campagnes autour de ces thèmes ainsi que sur la base de la lutte contre le népotisme qui gangrène l’Etat.

4. Ces mobilisations ont obligé la classe dirigeante au Maroc à faire des concessions. Son objectif : contourner les revendications populaires. En même temps elle continue de réprimer et criminaliser les mouvements contestataires. 

5. La réformette constitutionnelle n’a fait pour sa part que maquiller le visage du despotisme. 
Les dernières élections ne sont qu’une représentation d’une piètre comédie pour aboutir à un parlement non populaire et un gouvernement de façade. 

6. Le colmatage opéré par ces dirigeants n’arrive pas à apaiser la crise politique et sociale, causée par les choix libéraux de l’Etat. Le programme du gouvernement de «façade» reconduit ces politiques (les accords de libre échange, le remboursement de la dette qui absorbe un tiers du budget, les privatisations, etc…). 

7. Sauf qu’une bonne partie du peuple a su reconnaitre le caractère superficiel de ces réformes, qui ne changent rien aux conditions de misère, où vivent plus de la moitié des Marocains. 
Les récentes immolations des diplômés chômeurs sont l’expression tragique de cette crise sociale. La poursuite des manifestations et des mobilisations est une nouvelle preuve que le peuple boycotte ces institutions. 

8. Prenant acte de ce contexte explosif, l’Etat a amplifié sa répression contre les mouvements contestataires (diplômés chômeurs ; étudiants à Taza, Fès et Marrakech ; habitants des bidonvilles ; etc…). Le mouvement social à Bouarfa (Est du pays) comme à Safi (Centre) a eu droit à un traitement «spécial» de la part du Makhzen. Des jugements iniques ont condamné les symboles des luttes dans plusieurs villes. À leur tête Saddik Kabouri à Bouarfa et Abdeljalil Agadil à Safi. Et également le rappeur Mouad L7a9ed (L’indigné) à Casa. La répression de l’Etat a ciblé aussi le gagne-pain de plusieurs militants dont Mustapha Sandia, membre de notre Secrétariat national (SN), sortant, qui depuis des mois est suspendu de son travail sans motif légal. 

Au vu de ces éléments, notre association tire les conclusions suivantes :
- La répression que subissent les mouvements sociaux ainsi que le M20F doit être condamnée avec vigueur.
- Le tout sécuritaire reflète l’impasse que traversent le régime et ses institutions.
- Les mesures lancées depuis le début du Printemps des peuples n’arriveront pas à résoudre la crise sociale aigüe.
- Tant que le pillage des deniers publiques et l’accaparement des richesses nationales par une infime minorité de la population bénéficiant des relations clientélistes au sein du régime se poursuivra, cette crise sociale continuera à sévir.
- Ce clientélisme et ce népotisme sont les mêmes raisons qui expliquent les révoltes que connaissent les pays du Maghreb et du Machrek.
- La résistance est la voie possible pour nous permettre d’engranger des victoires dans nos luttes actuelles et futures.
- Le M20F est le symbole marocain de cette résistance populaire.
- ATTAC/CADTM Maroc réaffirme son adhésion entière aux initiatives et dynamiques de ce mouvement.
- Renforcer le M20F passe par l’élargissement de ses composantes, que sont la classe ouvrière, les chômeurs, les étudiants, les élèves, les femmes, les citoyens démunis et paupérisés dans les villes comme dans les campagnes.
- Notre volonté est inébranlable pour construire «Un autre Maroc possible», le Maroc de la justice sociale et de la démocratie populaire.
 
[1] Le 19 janvier 2012, la Cour d’appel de Safi condamne 15 militants pour 32 ans de prison ferme et 8 millions d’amende (pour les détails voir les communiqués d’ATTAC sur ce procès)
[1] Le janvier 2012, la Cour d’appel de Casa condamne L7a9ed pour 4 mois de prison ferme, une peine qu’il a purgé en la détention provisoire. Aujourd’hui libre, il lutte pour sa réhabilitation.
 - Le prisonnier politique Abdeljalil Agadil, membre d’ATTAC/CADTM Maroc et M20F-Safi est désigné comme membre d’honneur du SN de notre association.

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