[21/11/2014]
Chine,
Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie sont les plus gros vendeurs
d’armes dans le monde. Qui sont leurs principaux clients ? Et comment
vendent-ils leurs armes ?
ÉTATS-UNIS : LE PLUS GROS VENDEUR D'ARMES
Les
États-Unis sont, de loin, le plus gros exportateur d’armes au
monde. ils sont à l'origine d'environ 30 % des transferts d'armes
classiques (en valeur). Leur position sur le TCA est donc déterminante.
Principaux clients :
Les États-Unis fournissent des armes à plus de 170 pays.
Ils
ont restreint les transferts d’armes en direction du Myanmar, de la
Chine, du Sri Lanka, du Zimbabwe et des pays visés par des embargos sur
les armes décrétés par les Nations unies. Ils ont cependant vendu des
armes à des pays comme l'Irak, Israël, le Sri Lanka, Bahreïn, l’Égypte
et le Yémen, où il existait un risque substantiel qu’elles soient
utilisées pour commettre de graves atteintes aux droits humains.
Transferts irresponsables :
Les
États-Unis sont le principal fournisseur d’armes de l’Égypte et
d'Israël, à qui ils vendent des armes lourdes ainsi que des armes de
petit calibre, des munitions et des agents chimiques antiémeutes, malgré
la répression violente menée contre les manifestants. Ils ont également
fourni des armes de petit calibre, des agents chimiques et des
véhicules blindés à Bahreïn. Ils fournissent aussi des armes, une aide
militaire et des formations aux forces de sécurité colombiennes, malgré
les atteintes répétées aux droits humains qu'elles commettent.
RUSSIE : 10% DES EXPORTATIONS D’ARMES VERS LA SYRIE
La
Russie est le deuxième plus gros vendeur d’armes au monde en termes de
valeur des exportations. Elle exerce une grande influence sur les
négociations autour du TCA.
Principaux clients :
L'Inde, la Syrie, l'Algérie, le Myanmar, le Venezuela, le Soudan et de nombreux autres pays d’Afrique.
En
perte de vitesse dans plusieurs domaines technologiques clés, le pays
cherche des partenaires de pointe et de nouveaux marchés.
Transferts irresponsables :
Environ
10 % des exportations d'armes russes seraient à destination de la
Syrie, faisant de la Russie le principal fournisseur d’armes de ce pays.
Ces transferts incluent des missiles antichars et des avions de combat
MiG. La Russie vend au Soudan des hélicoptères de combat utilisés pour
attaquer des civils au Darfour et au Kordofan du Sud. Elle se positionne
aujourd'hui comme un exportateur majeur d'équipements militaires à
destination de l'Égypte. Selon certaines informations parues dans la
presse, l'Égypte aurait signé un accord pour 2 milliards de dollars de
matériel militaire, dont des hélicoptères. Cet accord, qui aurait été
finalisé lors de la visite officielle du général al Sisi à Moscou en
février, serait financé par les Émirats arabes unis et l'Arabie
saoudite.
CHINE : DES VENTES TENUES SECRÈTES
Les données sur le commerce des armes sont tenues secrètes mais ce pays
représenterait environ 5 % du commerce mondial des armes classiques.
Principaux clients :
Souvent
des pays en développement dont le bilan en matière de droits humains
n’est pas bon, notamment l’Algérie, l’Angola, le Bangladesh, l’Égypte,
la Guinée, l’Indonésie, l’Irak, l’Iran, la Jordanie, le Kenya, la Libye,
le Myanmar, le Pakistan, la République démocratique du Congo, le Sri
Lanka, le Soudan, le Soudan du Sud et le Zimbabwe.
Transferts irresponsables :
La
Chine fournit des munitions et des armes légères au Soudan, où elles
sont utilisées par les forces de sécurité et les milices au Darfour,
ainsi qu'au Soudan du Sud et à la République démocratique du Congo. Elle
a fourni des roquettes et des mines antichars à la Libye sous le régime
de Mouammar Kadhafi, ainsi que des munitions, des grenades pour
lanceurs, des mortiers et des obus de mortier au Zimbabwe.
FRANCE : DES VENTES DE L'AFRIQUE DU NORD À LA RUSSIE
La France est, avec le Royaume-Uni et l’Allemagne, régulièrement classée troisième, quatrième ou cinquième exportateur mondial d’armes classiques en valeur - derrière les États-Unis et la Russie.
Principaux clients :
Singapour,
les Émirats arabes unis, la Grèce, d’autres partenaires au sein de
l’OTAN et des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, ainsi que
d’autres pays francophones. Récemment, la France et la Russie ont
inauguré une coopération en matière de défense et d’équipements navals.
Transferts irresponsables :
La
France est généralement favorable à des critères stricts pour les
transferts d’armes, mais elle a fourni des armes à des pays où de graves
violations des droits humains pouvaient être commises, comme la Libye
sous le colonel Kadhafi, l'Égypte, Israël et le Tchad, ainsi que la
Syrie entre 2005 et 2009.
ROYAUME-UNI : DES PREUVES D’ALIMENTATION DE CONFLIT ARMÉ
Le
Royaume-Uni est, avec l’Allemagne et la France, régulièrement classé
troisième, quatrième ou cinquième exportateur mondial d’armes
classiques.
Principaux clients :
Les États-Unis,
l'Inde, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud, d’autres partenaires au
sein de l’OTAN et d’autres pays du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et
d’Afrique subsaharienne.
Transferts irresponsables :
Le
Royaume-Uni est généralement favorable à des critères stricts pour les
transferts d’armes, mais il a fourni des armes à des pays où il existe
un risque élevé de graves violations des droits humains, comme le Sri
Lanka. La législation britannique fait l’objet d’un examen à la lumière
d'éléments attestant que les autorités ont fourni des armes de petit
calibre, des munitions et des équipements pour véhicules blindés à la
Libye lorsque le colonel Kadhafi était au pouvoir, ainsi que des armes
de petit calibre à Bahreïn et des équipements destinés au maintien de
l’ordre au Yémen.
ET LES ENTREPRISES, QUELLE RESPONSABILITÉ DANS LE COMMERCE DES ARMES ?
Certes,
la majeure partie du commerce des armes est le fait d'entités
commerciales, de sociétés qui les fabriquent, les achètent et les
vendent, de prestataires de services militaires, de courtiers et de
négociants ou encore d'intermédiaires qui transportent les armes et les
financent. Cependant, la responsabilité principale incombe aux États,
qui revendiquent le droit de se défendre et ont le devoir de protéger
leur population. Eux seuls peuvent réglementer ce commerce, en accordant
ou en refusant des licences, et eux seuls peuvent interdire certaines
armes inhumaines et imposer des embargos et des suspensions concernant
les armes. Le problème essentiel est que l'élaboration et l'application
d'une réglementation relative au commerce des armes ne suivent pas le
rythme des marchés mondiaux des armes, et la volonté politique d'y
remédier manque cruellement.
À PROPOS DE NOTRE CAMPAGNE
Le
2 avril 2013, après 20 ans de travail de pression et de campagne mené
avec détermination par Amnesty International et les ONG partenaires,
l'Assemblée générale des Nations unies a adopté par un vote décisif le projet de Traité sur le commerce des armes
(TCA). Aujourd'hui, ce traité est sur le point de devenir un texte de
droit international, ce qui pourrait changer la vie de millions de
personnes. Il entrera en vigueur dans un mois.
Cet article se base sur l’expertise et l’interview de Brian Wood, spécialiste des questions d'armement à Amnesty International.
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