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lundi 16 novembre 2015

« Et nous ? » Ces deux mots tout simples résument la réaction de nombreux habitants du monde arabe

A Beyrouth : « Pourquoi Facebook n’a pas créé de bouton “Safety check” pour nous » ?

Le Monde.fr ,




 
 Dans un hôpital de Beyrouth après un double attentat, le 12
novembre 2015. | HASAN SHAABAN / REUTERS



 « Et nous ? » Ces deux mots tout simples résument la réaction de nombreux habitants du monde arabe, face à l’émotion planétaire suscitée par les tueries de Paris. Passé la stupeur et l’effroi, ressentis de façon quasi unanime, un sentiment d’amertume a très vite percé sur les réseaux sociaux au Proche-Orient
 Au Liban par exemple, des commentaires, relayés sur la Toile des dizaines de milliers de fois, ont déploré le fait que l’attentat commis à Bourj El-Barajneh, dans la banlieue sud de Beyrouth, qui a fait 43 morts jeudi 12 novembre, n’ait pas déclenché la même réprobation internationale que les attaques commises vingt-quatre heures plus tard à Paris.
Un montage qui circule sur les réseaux sociaux au Liban. Le texte sur fond de drapeau libanais dit : « La tour Eiffel n'est pas plus belle que Bourj Al-Barajneh ». C'est un jeu de mot sur le terme « Bourj » qui signifie « tour » en arabe.
« A nous, on ne crée pas de bouton d’absence de danger sur Facebook », s’indigne le blogueur libanais Joey Ayoub en référence à la fonction activée par le réseau social, dans la foulée des fusillades, qui permet de signaler à ses amis que l’on est en sécurité. « On ne reçoit pas de déclarations de la part des hommes et des femmes les plus puissantes au monde », ajoute-t-il en allusion aux messages de solidarité envoyés par le président américain Barack Obama et de nombreux autres chefs d’Etat. « Mon corps n’intéresse pas le monde. La plupart d’entre nous continuent à être exclus des préoccupations dominantes du “monde”. »
Caricature arabe qui montre un homme représentant la communauté internationale en train de s'apitoyer sur le sort de Paris, blessée au doigt, alors que la Syrie, derrière lui, est couverte de bandelettes des pieds à la tête.
Contrairement à l’attaque de janvier contre Charlie Hebdo, qui avait suscité un certain malaise au sein de l’opinion publique arabe, en raison des très controversées caricatures de Mahomet publiées par le journal satirique, l’hécatombe de vendredi soir a été dénoncée sans arrière-pensées. Les tirs à l’aveuglette contre les terrasses de café, destinés à faire le maximum de victimes, sans la moindre distinction de religion, de sexe ou d’ethnie, ont suscité un rejet immédiat, même dans les cercles islamistes. Dans la bande de Gaza, par exemple, le Hamas, auteur d’attentats-suicides anti-israéliens dans les années 1990 et 2000, a stigmatisé des « actes d’agression et de barbarie » alors que le Jihad islamique, une autre formation armée palestinienne, a critiqué « un crime contre des innocents ». « Les gens ont beaucoup plus de facilité à exprimer leur solidarité et leur sympathie à l’égard des victimes que lors des attentats de janvier, analyse Yazan Al-Saadi, un journaliste syrien installé à Beyrouth. Mais à côté de la tristesse, il y a aussi de l’appréhension. Beaucoup de gens redoutent que ce carnage relance l’horrible et prétendue guerre contre le terrorisme. Et puis, il y a une forme de dépit face au relatif silence de l’Occident sur nos souffrances, en Syrie, en Palestine ou en Irak. N’y aurait-il des êtres humains qu’à Paris ? »

« Toutes les vies importent. Paris, 13 novembre 2015. Palestine, 24/7 ». Image publiée sur le site propalestinien Free Palestine.
Un autre blogueur libanais populaire, Blogbaladi, s’est lui aussi étonné que la fonction de « Contrôle d’absence de danger » (safety check, en anglais) de Facebook n’ait pas été ouverte après les attentats de Bourj El-Barajneh. « Ce pourrait être très utile pour Beyrouth et le monde arabe aussi. Au Liban, nous avons eu plus de 20 explosions et attaques depuis 2014 et au moins dix d’entre elles visaient des civils », écrit l’auteur, qui précise qu’après chaque attentat les réseaux téléphoniques ont tendance à saturer… en oubliant cependant que cela peut aussi être le cas pour les connexions 3G !L’accusation de deux poids, deux mesures faite à Facebook n’a pas tardé en tout cas à arriver aux oreilles de Mark Zuckerberg. Samedi 14 novembre, le fondateur et PDG de la compagnie a déclaré sur son propre compte avoir pris en compte ces critiques « légitimes ». Il a annoncé que la fonction « Safety check », inventée pour les situations de catastrophes naturelles, sera désormais disponible dans les cas de « désastres humains ».
Par Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)
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