Par Souad G. Attac/Cadtm Maroc
Quand les habitants du Tanger des quartiers populaires, ont appelé
la population à couper l’électricité le
samedi 17 octobre 2015 et s’éclairer aux bougies, pour protester contre la
hausse de la facture d’eau et d’électricité, le mouvement a été largement suivi
dans les autres quartiers de la ville,
et s’est poursuivi pour rassembler chaque samedi d’énormes manifestations
populaires qui ont bravé les forces de répression.
« La révolte des bougies » s’est propagée à d’autres villes du nord Ksar, M’Dik, Fnidek, et obligé les représentants du pouvoir, dirigeants, élus, responsables et… ceux de la société délégataire Amendis à parler un autre langage que celui de la matraque et des menaces.
« La révolte des bougies » s’est propagée à d’autres villes du nord Ksar, M’Dik, Fnidek, et obligé les représentants du pouvoir, dirigeants, élus, responsables et… ceux de la société délégataire Amendis à parler un autre langage que celui de la matraque et des menaces.
Le retour des
« baltagis »[1] :
La dernière manifestation du samedi 14 novembre 2015, la 5 ème,
depuis le début du mouvement partie de Tanger pour réclamer « dégage
Amendis »
Malgré les promesses, les divisions, et le retour des
« baltagis » à Tanger, entre pression et répression, les
habitants continuent à réclamer « dégage Amendis » .
A Tanger, pour ce 5ème samedi de contestation
contre Amendis, les habitants ont été bloqués par des bandes au service du
pouvoir : les « baltagis », drapeau et portrait du roi brandis, ont bloqué les manifestants sortis de plusieurs quartiers populaires pour rejoindre le centre de la ville et continuer à réclamer le départ d’Amendis.
Le débat sur le retour à la gestion publique de l’eau,
électricité a été relancé grâce à ce mouvement citoyen qui a pris la rue et
obligé le gouvernement à sortir de son silence, et mettre à nu sa complicité avec la
gestion défaillante d’Amandis, les malversations, les promesses non tenues, le
non respect du contrat, la cherté des factures, corruption et détournement,
complicités avec les élus et le pouvoir.
De nombreux articles
et documents attestent contre Amendis :
Tandis que le mouvement se développe à d’autres villes et
régions, les citoyens-manifestants
réclament le retour à la gestion publique, à la dé-privatisation de l’eau et de
l’électricité, et que de nombreux documents sont publiés [2]:
ainsi le rapport de la cour des comptes qui
est resté lettre morte.
Pour en arriver
à … un dialogue de sourds :
« Le contrat avec Amendis ne sera pas résilié »
a déclaré le 1er ministre A. Benkirane le 17 novembre devant le Parlement.
Ce n’est qu’après cinq semaines de lutte et de mobilisation
massives et populaires, et malgré les multiples tentatives pour diviser le
mouvement : promesses vaines, déclarations rassurantes, puis menaces et
répression, ce n’est qu’après la dernière manifestation du samedi 14 novembre, que
le roi dicte ses directives à son gouvernement et que
son 1er ministre Benkirane annonce : « le contrat avec
Amendis ne sera pas résilié », en précisant qu’aucune société marocaine n’est capable
d’assurer ce service. Et de plus Amendis exige 2 milliards de dh pour frais de
résiliation !
Le 1er Ministre appelle donc le peuple à se
résigner et accepter le diktat d’ Amendis !
Peuple pris en otage
par une multinationale ,
après les nombreuses manifestations parties de Tanger qui
ont rassemblé par milliers et touché d’ autres villes du nord, exigeant de plus
en plus fort :« dégage Amendis »
Et tandis que les citoyen-nes-manifestant-es armés de bougies, réclament le retour à la
gestion publique, la déprivatisation de l’eau et de l’électricité …
Il est bien triste de noter le faible soutien, voir
l’absence de solidarité avec ce
mouvement populaire par les nombreuses organisations marocaines politiques et syndicales,
les mouvements sociaux des femmes, des jeunes, d’étudiants, de chômeurs, les
nombreuses associations des Droits de l’Homme, de Défense de l’Environnement, du
Bien Public, de Quartiers, de Juristes, Avocats, Juges, les Anti-Corruption… Entre querelles et divisions
des directions, capitulations des dirigeants et désarrois des militants livrés
seuls à l’éternel question « Que
faire »…
La large mobilisation populaire
initiée par le mouvement de 20 février 2011 dans le contexte des soulèvements
des peuples de la région a déjà montré les grandes difficultés des
organisations de lutte à s’enraciner et accompagner cette dynamique . Et c’est
cette déception politique qui les gagne maintenant après l’extinction du
mouvement... et l'espoir d'une
Révolution dans une région aujourd'hui menacée de terreurs et de guerres
causées par les différentes interventions impérialistes.
Alors qu’est soulevée, ici et maintenant, par ce mouvement populaire, à travers cette
lutte exemplaire et avant-gardiste une
question qui concerne toute la société à Tanger et dans la région, au Maroc, dans les pays du
Sud comme du Nord et partout ailleurs dans le monde mondialisé :
La population est prise en otage, entre une société
multinationale qui dicte sa loi, et un pouvoir incapable de reprendre en main
la gestion de l’eau et l’électricité, notre bien commun. Un pouvoir incapable
de ramasser les ordures qui inondent les rues, ni soigner sa population, encore
moins l’éduquer, préserver son environnement … à quoi sert-il , est-on bien obligé de
nous demander ?
Une leçon qui ne doit pas passer sous silence, un appel à
tous les peuples « privatisés », pollués, endettés, colonisés : nos
ressources vitales, notre bien commun, notre
souveraineté ne sont pas à vendre !
Exigeons des comptes, organisons des audits citoyens, prenons en main notre A venir…
Souad G. Attac/Cadtm Maroc
18 novembre 2015
[1] Les
casseurs de manifestations, apparus avec le Mouvement du 20 Février 2011 au
Maroc
et la cour des comptes : http://telquel.ma/2015/11/07/les-cinq-griefs-cour-comptes-amendis_1469338
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