Ventes d’armes : le grand boom des exportations françaises
Hugo Meijer, chercheur au King’s College de Londres et rattaché à Sciences-Po, nuance un peu ce bilan : «Les exportations françaises d’armement sont 30 % plus basses en 2010-2014 que sur la période précédente, entre 2005 et 2009.» Ce qui accentue, par contraste, le «record» de 2015 et la bonne performance en 2014. Il n’empêche, l’armement français se vend mieux depuis 2013.
Plan B des pays arabes
Le millésime est lié au regain de tensions dans le monde, observe Lucie Béraud-Sudreau, doctorante à Paris-II-Panthéon-Assas sur les politiques d’exportation d’armement : «Les dépenses militaires augmentent partout dans le monde, surtout au Moyen-Orient et en Asie.» C’est dans ces deux régions que se trouvent les plus gros clients de la France ces cinq dernières années (Arabie Saoudite, Inde, Emirats arabes unis) et les acquéreurs du Rafale. Un «effet image» joue aussi, avance Hugo Meijer : lorsqu’un Etat se dote d’un système d’armes performant, ses voisins sont tentés de s’aligner. Auprès des pays arabes, la France jouit également de son statut de plan B : contrariés par la politique américaine au Moyen-Orient (le refus de «punir» Bachar al-Assad par exemple), ils choisissent le «made in France». Lucie Béraud-Sudreau parle d’une «stratégie contre les Etats-Unis».
«Le Drian a pris le dessus»
«La France est aujourd’hui contrainte de soutenir les exportations. Dans un contexte de restrictions budgétaires, c’est un impératif», analyse Hugo Meijer. Pour conserver une industrie de la défense performante et des armées bien dotées, il faut trouver des débouchés à l’étranger. La loi de programmation militaire 2014-2019 faisait ainsi le pari de l’exportation du Rafale. Sans ces ventes, le budget des armées ne pouvait être bouclé. Avec, la France pourrait bien décrocher la médaille de bronze des marchands de canons.
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