Par Ristel Tchounand, yabiladi, 4/2/2015
Le couple avait pourtant sollicité la protection du roi en novembre dernier au moment où la menace d’expulsion pesait encore. Depuis qu'ils ont été mis à la rue, l'homme et sa femme séjournent dans un studio appartenant à la communauté juive de Casablanca, totalement dépossédés de leurs biens. « Leurs affaires ont été vendues aux enchères alors qu’ils n’étaient même pas présents », indique M. Moutazaki soulignant que lors de l’expulsion, M. Abdelhak aurait été « maltraité par les policiers qui l’ont empêché de voir ses affaires avant de quitter la maison ». Il précise également la présence d'« une vingtaine de policiers » lors de cette « opération musclée ».
L’expulsion n’était pas autorisée
Le Collectif, qui se veut représentatif de la société civile, dénonce cette façon de procéder. « Nous déplorons cette manière de procéder qui ne prend pas en considération l’aspect social. On expulse un vieux de près de 90 ans pour qu’il aille où ? », s’interroge M. Moutazaki, déplorant qu’alors que Shalom Abdelhak payait régulièrement son loyer depuis près d’un demi-siècle, « il finit sa vie jeté à la rue, sans aucune alternative ».
Ce qui fâche davantage les membres de la société civile c’est l’irrégularité avec laquelle la société propriétaire de l’immeuble a agi. « La commune a remis deux documents, le premier à la société autorisant la démolition de l’immeuble et le deuxième aux habitants attestant que l’autorisation de démolition n’implique pas l’expulsion des habitants et qu'elle n'a jamais autorisé cela », explique à Yabiladi Me Khalid Kbili, avocat de M. Abdelhak qui dit donc relever « une contradiction » dans ces documents. Sur cette base, il a déposé deux requêtes auprès de la justice, pour notamment lancer en référé une procédure de rétraction. Visiblement, ces documents - dont Yabiladi détient les copies - confirment la mainmise d'une "mafia" dans cette affaire. « La procédure de rétraction est très stricte. Si je n’avais pas ces documents, je ne l’aurai pas engagée », explique l’avocat, convaincu que cela devrait suffire – au regard de la loi – pour rendre justice à cette famille meurtrie.
« Les autorités ne doivent pas laisser partir un Marocain de cette manière »
Ce qui préoccupe actuellement les acteurs de la société civile, c’est le fait que le Maroc laisse partir dans ces conditions un homme aussi âgé. « Ce n’est pas normal qu’un Marocain doive s’expatrier en Israël de cette manière. Nous refusons que les autorités permettent cela », dit-il avant d’ajouter : « nous nous adressons à Sa Majesté le roi, que Dieu le protège, pour qu’il réponde à la volonté de M. Abdelhak et son épouse de rester dans le pays de leurs ancêtres pour la fin de leurs jours ».
L’appel est donc à nouveau lancé, un peu tardivement peut-être, puisque le vol du couple est prévu ce jeudi. Mais beaucoup d’autres Marocains pourraient bénéficier d’une réponse positive. Surtout que selon le Collectif, une « centaine de familles musulmanes et juives » seraient actuellement victimes d'une "mafia" immobilière.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire