C’est l’AFP qui l’annonce. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, a appelé samedi à « tourner la page » de la crise diplomatique entre le Maroc et la France, confirmant un plein rétablissement de la lutte anti-terroriste commune.
Les deux États, dont les relations s’étaient notablement détériorées
cette dernière année, ont signé samedi un accord permettant de rétablir
leur coopération judiciaire, au terme de « deux jours de pourparlers » à Paris entre les ministres Christiane Taubira et Mostafa Ramid.
Ce « dénouement heureux ouvre une nouvelle page dans nos
relations, basées sur la confiance mutuelle. Il va nous permettre de
regarder vers l’avenir et tourner la page », a réagi auprès de l’AFP M. Mezouar.
En fait, Mostafa Ramid qui dirige un ministère dit de souveraineté,
c’est-à-dire un département ministériel sous tutelle du Palais, n’a pas
d’autre pouvoir que de faire ce que lui dicte le cabinet royal. On l’a
vu lors du scandale du pédophile espagnol Daniel Fino Galvan.
Même en étant conscient de l’énormité du scandale qu’allait provoquer
la grâce octroyée par le roi à ce pédophile hispano-irakien condamné à
plusieurs décennies de prison, il n’avait rien dit.
Il est donc plus que sûr que c’est le Palais, et non le ministère de
la justice, qui a décidé de la fin de cette guéguerre qui oppose la
France au Maroc. Un conflit qui risquait de porter atteinte aux intérêts
du Maroc au moment où s’approche une importante résolution du Conseil
de sécurité de l’ONU sur la surveillance des droits de l’homme au Sahara
occidental, et embêtait au plus haut point la classe dirigeante ou
commerçante marocaines dont la grande majorité possède un pied-à-terre à
Paris, et souvent la nationalité française comme c’est le cas
de plusieurs ministres de l’actuel gouvernement Benkirane.
Interrogé sur les motifs qui ont permis de débloquer les négociations, Mezouar a évoqué, selon l’AFP, « long
processus de discussions franches entre les deux gouvernements, dans le
respect des législations des deux pays et de nos engagements
internationaux ».
C’est exact. En tout cas en ce qui concerne la deuxième partie de la déclaration de Mezouar qui parle de « respect des législations des deux pays et de nos engagements internationaux ».
Cela signifie que les poursuites engagées en France contre Abdellatif Hammouchi et Mohamed Mounir Majidi ne
vont pas être abandonnées de sitôt (elles ne pouvaient pas être en
France à moins d’être une république bananière ou un État de non droit
comme c’est le cas du Maroc). Le directeur de la DST et le directeur du cabinet particulier du roi sont poursuivis en France pour « torture » et « complicité de torture »,
puisque la loi française permet la poursuite d’un présumé tortionnaire,
français ou étranger, ayant commis ses crimes à l’intérieur ou à
l’extérieur de la France, du moment qu’il met les pieds dans l’hexagone.
Mais, il n’est pas impossible que Taubira ait négocié avec Ramid les
conditions d’une audition « sécurisée » pour ces deux hauts responsables
de l’État….
Pour le reste, s’il y a quelqu’un qui peut crier victoire aujourd’hui
c’est bien la France. C’est la première fois depuis longtemps, trop
longtemps même, que la France résiste aux desiderata marocains sans
céder sur le fond.
Paris a montré que même si elle souhaitait une rapide réconciliation elle le faisait avec moins de fougue que dans le passé.
C’est le Maroc qui donnait l’impression de quémander ce
rabibochage en louvoyant pour provoquer un rapprochement avec Paris et
en faisant donner de vieilles gloires de la droite française, comme le
délinquant politico-financier Charles Pasqua, et cette ribambelle d’amoureux du Maroc qui craignaient de perdre leur sanctuaire marrakechi.
Même le manque des légendaires « précieuses informations » marocaines
dans la lutte contre le terrorisme jihadiste n’a semble-t-il pas
attristé outre mesure les Français qui piochaient tout ce qu’ils
pouvaient chez les Espagnols qui entretiennent aujourd’hui de très
bonnes relations avec le Maroc.
Maintenant que la réconciliation est faite, on peut signaler qu’elle
coïncide bizarrement avec la disparition subite de tous les comptes du
« hacker » Chris Coleman sur Twitter.
Des comptes, dont le plus visible, le n°24, distillait à petit feu les
secrets de la diplomatie et des services secrets marocains.
Certains avaient vu dans la création de ce compte qui a dénudé l’État
marocain la main de Paris. Il a disparu une semaine avant la
réconciliation franco-marocaine.
Demain
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