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samedi 7 février 2015

La Zone Franche de Tanger: ZONE DE NON DROIT



Par Souad G.7/2/2015

 Le samedi 22 janvier 2015, Mohammed Charki, un ouvrier et syndicaliste à l’entreprise américaine ECI Maroc située à la Zone Franche de Tanger Automotive (Nord du Maroc) est sauvagement agressé, insulté et tabassé par des agents de la société de sécurité privée Colinco.

Le conflit a éclaté dès que  les ouvrier-es ont constitué un bureau syndical pour défendre leurs droits élémentaires reconnus dans le code du travail : salaire minimum, droit au repos hebdomadaire, conditions de sécurité et respect des travailleurs et travailleuses.

Suite à cela la direction a décidé de licencier 7 ouvriers pour stopper le mouvement. La direction n’hésite à recourir aux menaces, insultes  et aux méthodes de terreur face aux ouvrier-es.

Dans cette zone de non droit, les entreprises n’ont plus besoin de recourir aux forces de l’ordre public, ils ont leurs propres agents de sécurité privés pour affronter toute revendication ouvrière.

Les entreprises bénéficient du soutien de l’État qui offre des terres, des infrastructures, une main d’œuvre jeune, exploitable et corvéable, une législation suffisamment malléable pour attirer de  nouvelles sociétés multinationales.

Un nouvel Eldorado pour le capitalisme qui profite de la zone de libre échange pour faire des profits juteux  avec des  salaires bas, une législation du travail et des charges sociales inexistantes, un taux de chômage élevé.



Le mercredi 4 février 2015, les agents de sécurité interviennent sauvagement pour disperser les ouvrier-es tenant sit-in devant l’usine. Cette intervention fait plusieurs blessés, parmi lesquels  Mohamed Charki, blessé au visage. Voici les témoignages de deux ouvriers de cette usine.

Témoignage de Safaa Bahraoui, ouvrière dans la société américaine ECI Maroc:


ECI, est une société américaine qui fabrique des câbles pour voitures, pour appareils électroniques…La société est la première à usine qui s’est installée dans la nouvelle zone industrielle. Située entre Tétouan et Tanger, à 40 km de Tanger.  Elle emploie environ 260 ouvriers et ouvrières.

7 ouvriers ont été licenciés pour raison syndicale, pour avoir dénoncé les conditions de travail et réclamé l’application du code du travail .

J’ai été menacée par le responsable de la sécurité, insultée puis il m’a fait tomber par terre.  Nous avons tenu un sit in pacifique devant l’usine pour dénoncer le manque de respect de l’agent de sécurité de la société Clinco Service.

Pour cela, 30 ouvriers ont été licenciés, et 30 autres sont menacés.

Nous avons lutté pour leur retour au travail, pour les indemnisations des heures supplémentaires, pour le droit des femmes enceintes.

Maintenant ils menacent de  licencier tous les ouvriers, environ 260 pour embaucher d’autres.

Nous poursuivons notre lutte, pour exiger nos droits, le respect des ouvrières et ouvriers.



Témoignage de Ahmed Charki : ouvrier, syndicaliste


J’ai dix ans d’expérience dans ce secteur. Avec d’autres ouvrières et ouvriers, j’ai dénoncé les conditions de travail exécrables, l’absence de formation pour les nouveaux ouvriers. Tout de suite après, j’ai été convoqué avec une ouvrière. Je me suis retrouvé dans une voiture, menacé, tabassé puis jeté dans la nature. Une ambulance est arrivée plusieurs heures après pour constater mes blessures.

Nos revendications :

-       l’application du code du travail.

-       Notre salaire actuel : 21OO dh pour 8 h de travail, mais ils nous paient 7h30 au lieu de 8h, les 30 mn pour le repos  sont retirées de notre salaire.

-       En ce moment nous sommes en sit in devant l’usine, dans la zone Franche.

-       Cette zone industrielle s’installe sur les terres de culture, les habitants sont menacés d’expulsion.



Solidarité avec notre camarade Mohamed Charki, syndicaliste, militant de l’AMDH et Attac Maroc et tous les ouvrières et ouvriers de l’usine.

ECI MAROC, est la première usine à s’installer dans la nouvelle zone industrielle.

Elle témoigne du nouveau visage du capitalisme sauvage mondialisé, au dessus des lois, du droit. Le pouvoir marocain exproprie les paysans de leurs terres, de leur culture, de leur environnement, s’accapare  leurs terres pour les céder à moindre coût à  des sociétés internationales sans foi ni loi, au dessus du droit local et international.

A qui profite ce type de développement ?

Souad G.

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