Après presque un an de brouille diplomatique, le Maroc et la France ont conclu un accord le 31 janvier, rétablissant leur coopération judiciaire et anti-terroriste. Un réchauffement que le roi Mohammed VI et le président François Hollande pourraient concrétiser par une rencontre à Paris.
Le ministre de la Justice Mustapha Ramid et son homologue
française Christiane Taubira ont trouvé un accord permettant le
rétablissement « immédiat » de leur coopération judiciaire, selon un communiqué commun publié samedi 31 janvier.
Les ministres de la Justice des deux pays, qui se sont rencontrés les 29 et 30 janvier à Paris, ont trouvé un « accord
sur un texte amendant la convention d’entraide judiciaire
franco-marocaine permettant de favoriser, durablement, une coopération
plus efficace entre les autorités judiciaires des deux pays et de
renforcer les échanges d’informations», indique le communiqué.
Lire aussi : Les dessous de la brouille diplomatique Maroc-France
« Cet amendement très important, qui vient couronner des
discussions entamées depuis plusieurs mois par les gouvernements des
deux pays, a été paraphé par les deux ministres le 31 janvier« , est-il ajouté.
Les deux ministres « ont décidé du rétablissement immédiat de la
coopération judiciaire et juridique entre la France et le Maroc ainsi
que du retour des magistrats de liaison« , conclut le texte.
« On ne permettra pas à qui que ce soit (…) de venir entacher la réputation des responsables marocains »
Les discussions ayant amené le Maroc et la France à parapher, samedi à
Paris, un accord sur l’amendement de la convention d’entraide
judiciaire ont permis « de remettre les choses en ordre », a
affirmé le ministre des Affaires étrangères et de la coopération,
Salaheddine Mezouar, dans une déclaration à la chaîne française
d’information en continu BFMTV.
« Le système judiciaire français a l’obligation de respecter le
système judiciaire marocain comme, nous, on respecte le système
judiciaire français« , a insisté le ministre, notant que le Maroc est « un
pays du respect des droits de l’Homme, un pays qui avance dans la
construction de sa démocratie sur la base des valeurs universelles et du
respect des droits de l’Homme« .
« On ne permettra pas à qui que ce soit et dans quelle
circonstance que ce soit de venir entacher la réputation des
responsables marocains et de l’institution judiciaire marocaine» ,
a-t-il tranché, relevant qu’il s’agit de l’une des principales
conditions pour que les relations entre les deux pays retrouvent leur
crédibilité et la confiance indispensable entre deux partenaires.
Le Maroc avait suspendu fin février 2014 cette coopération avec la France à la suite d’une crise bilatérale inédite
provoquée par une descente de police à la résidence de l’ambassadeur du
Maroc à Paris, le 20 février 2014, pour notifier une demande d’audition
de la justice française au patron du contre-espionnage Abdellatif
Hammouchi, accusé de torture par des opposants marocains.
Elle s’était envenimée avec d’autres dépôts de plainte en France,
ainsi qu’une série d’impairs diplomatiques, dont une fouille policière
inopinée du chef de la diplomatie marocaine Salaheddine Mezouar, à
l’aéroport parisien de Roissy, en mars.
Reprise de la coopération sécuritaire
Saleheddine Mezouar a confirmé que l’accord judiciaire ouvrait aussi
la voie à la pleine reprise de la coopération sécuritaire, alors que
Paris et Rabat sont engagés dans une lutte anti-terroriste. « Quand on dit ‘reprise des relations’, naturellement c’est au niveau de tous les aspects« , a-t-il insisté auprès de l’AFP.
Toute la coopération judiciaire avec le Maroc était suspendue depuis
près d’un an, avec des répercussions au niveau civil pour les dizaines
de milliers de Franco-Marocains, et au niveau pénal pour toutes les
procédures judiciaires entre la France et son ancien protectorat.
Et la coopération sécuritaire, cruciale entre les deux pays qui ont
chacun des centaines, voire des milliers de ressortissants tentés par le
terrorisme ou enrôlés au sein du groupe Etat islamique (EI), souffrait
également de cette querelle.
Une rencontre entre Mohammed VI et François Hollande?
Alors qu’un récent déplacement de sa part à Paris avait été reporté
sine die, Salaheddine Mezouar a également indiqué qu’il rencontrerait
« prochainement » son homologue, Laurent Fabius.
Cette réconciliation pourrait aussi déboucher sur une rencontre
rapide entre le président Hollande et le roi du Maroc, qui selon
certains médias se trouve à Paris. Vendredi 30 janvier, avant même
l’annonce de ce rapprochement, une source diplomatique avait indiqué à
l’AFP que François Hollande était « disponible » pour une rencontre avec
le roi Mohammed VI.
Selon plusieurs médias, le roi a en effet quitté le Maroc pour la
France tard vendredi soir, dans le cadre d’une visite privée, mais qui
pourrait donner lieu à un entretien avec M. Hollande.
Et dimanche 1er février, la princesse Lalla Meryem doit remettre au
nom du roi, au cours d’une cérémonie à l’Institut du monde arabe (IMA), à
Paris, une « distinction royale » à trois personnalités
représentatives des religions monothéistes : un rabbin, un imam et un
évêque, a annoncé Jack Lang, le président de l’IMA.
Avec AFP, MAP
---------------------------------------------------------------------------
Aucune condition exigée côté français ? Même pas le respect de la convention contre la torture ? NDLR
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire