Par Chahid El Hafedh, 3/1/2015 (SPS)
L’année 2014 a été celle du
renforcement de la solidarité internationale en faveur de la cause
sahraouie, illustrée par la multiplication de la reconnaissance du droit
du peuple sahraoui à l’autodétermination en même temps que les
condamnations de l’occupation illégale de ce territoire par le Maroc
acculé, par ailleurs, en raison de ses pratiques répressives.
Un énième appel pour une solidarité internationale active en faveur de
la cause sahraouie a été lancé depuis Alger à l’occasion de la 5ème
conférence internationale sur "le droit des peuples à
l’autodétermination : le cas du peuple sahraoui", tenue les 13 et 14
décembre derniers.
Des parlementaires, militants des droits de l’homme, représentants
d’Organisations non gouvernementales (ONG), de médias, d’associations,
etc, ont tenu à "réaffirmer" à l’issue des travaux de cette rencontre,
la "légitimité" de la lutte du peuple sahraoui et de son droit à la
"résistance".
Dans une déclaration finale, les participants à cette rencontre avaient
interpellé l'Organisation des Nations Unies afin de mettre en œuvre ses
propres résolutions ainsi que le plan de paix stipulant une solution
"définitive" au conflit à travers l’organisation d’un référendum
d’autodétermination, dont le processus a été enterré par le Maroc.
A l’instar des précédentes éditions, la 5ème Conférence d’Alger a été
marquée par une large participation étrangère, représentant l’Asie,
l’Afrique, l’Amérique et l’Europe, renforçant ainsi la mobilisation de
la communauté internationale en faveur d’un règlement "juste" pour le
dernier cas de décolonisation dans le continent noir.
Cette mobilisation s’est, par ailleurs, exprimée tout au long de l’année
à travers les multiples déclarations reconnaissant la légitimité de la
cause sahraouie, une des plus récentes étant celle du gouvernement
britannique, exprimée par le sous-secrétaire d'Etat parlementaire des
Affaires étrangères, Tobias Ellwood.
Interpellé par des députés du Parlement, il a affirmé, outre l’appui au
principe d'autodétermination des Sahraouis, mais aussi que Londres
"traitait avec le Maroc sur la base des frontières reconnues à l'échelle
internationale", et qu’elle prônait une solution "négociée" qui
consacre l'autodétermination des Sahraouis.
La position de la communauté internationale vis-à-vis de ce conflit a,
en outre, été rappelée lors de la Conférence européenne de soutien et de
solidarité avec le peuple sahraoui (EUCOCO), organisée en novembre
dernier en Espagne.
Outre l’appui à une solution dans le cadre de la "légalité onusienne",
les animateurs de cette rencontre avaient exhorté la communauté
internationale à adopter une politique "cohérente" vis-à-vis de la
question sahraouie et permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à
l’autodétermination.
La position ouvertement pro marocaine de la France et celle, plus
ambiguë de l’Espagne, ont été dénoncées lors de la conférence de Madrid.
Violation des droits humains et spoliation des richesses naturelles
L’actualité en provenance des territoires sahraouis occupés reflète
toujours la réalité d’une violation des droits humains par les forces de
sécurité marocaines qui exercent une répression "systématique" à
l’encontre de tout sahraoui revendiquant son affranchissement du
royaume.
Illustration récente de cette attitude, le dernier rapport de l’ONG
internationale Human rights watch (HRW) demandant au Maroc la libération
du prisonnier politique sahraoui Mbarek Daoudi.
En janvier 2014, la Fondation américaine Robert F. Kennedy avait, de son
côté, épinglé le Maroc outre pour sa politique répressive
anti-sahraouie mais également pour les "crimes du passé demeurés non
résolus", s'appuyant, entre autres, sur des charniers découverts dans
les territoires sahraouis.
Plus de 500 Sahraouis sont portés disparus depuis l’invasion du
territoire par le Maroc alors que près de 60 détenus politiques
croupissent dans les geôles marocaines sans jugement pour la plupart
d’entre eux ou l’ayant été par des tribunaux militaires, selon les
rapports des activistes des droits de l’homme sahraouis et étrangers.
Afin de protéger les Sahraouis de la violence policière marocaine, de
nombreuses voix sahraouies et étrangères ont réitéré ces derniers mois
leur appel pour que soient élargies les prérogatives de la mission des
Nations Unies pour le Sahara Occidental (MINURSO) à la surveillance des
droits de l’homme dans ce territoire illégalement annexé.
La spoliation continue des richesses naturelles de ce territoire
participe, par ailleurs, de l’entreprise d’"effacement" de la
souveraineté sahraouie entretenue par le Maroc, est-il dénoncé, par
ailleurs. D’où le énième appel lancé depuis la tribune d’Alger, à
l’occasion de la 5ème conférence internationale de solidarité, pour que
cesse cette autre forme de "crime" contre le peuple sahraoui.
De nombreuses ONG internationales ont, en outre, dénoncé ce pillage
illégal, favorisé par le partenariat économique qui lie le Maroc à
l’Union européenne (UE). C'est le cas, entre autres, de Western Sahara
Ressources Watch (WSRW) qui a condamné en début du mois courant
l’exploration pétrolière entreprise par Glencore (suisse) dans le Sahara
Occidental.
Se référant à des documents secrets du Makhzen, la même ONG
internationale rapportait que le Maroc "reconnaît utiliser la carte des
richesses naturelles du Sahara Occidental à des fins politiques", soit
faire adhérer les Etats à sa thèse d'autonomie, laquelle dénie le droit
des Sahraouis à l'autodétermination et exclut la solution référendaire.
La violation des droits humains par le Maroc renvoie, par ailleurs, à la
réalité du vécu des Sahraouis dans les camps des réfugiés sahraouis :
"piégés" par une situation de "ni guerre, ni paix", ils sont contraints,
depuis plus de 30 ans, à endurer les conditions d’une vie de camp dans
un environnement naturel des plus hostiles et ardus.
L’hospitalité de l’Algérie voisine qui a permis, pour des considérations
humanitaires, d’alléger l’endurance de cette population ne saurait se
substituer à une solution définitive et juste, consistant en une
indépendance de leur pays, affirment les réfugiés sahraouis.
Colonisé en 1975, le Sahara occidental continue ainsi d’être dans la
posture d’"otage" de la politique "expansionniste" marocaine et ce, au
mépris de la légalité internationale et des résolutions onusiennes.
A ce jour, la République arabe sahraouie et démocratique (RASD) est
reconnue par un nombre considérables de pays et est membre de l’Union
africaine (UA) depuis 1982.
Au courant de l’année 2014, le Parlement suédois avait soumis au
gouvernement une proposition de reconnaissance de la RASD, renforçant
ainsi le rang des défenseurs de la lutte du peuple sahraoui pour le
recouvrement de sa souveraineté et d'un Sahara occidental libre.
En avril prochain, le sort du peuple sahraoui sera, à nouveau, suspendu à
la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU et du jeu des chaises
musicales qu’entretiendront ses membres permanents, en particulier la
France. (SPS)
020/090/700 031623 JAN 015 SPS
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