Derrière un pseudo pas du
tout Nord-africain et un compte Twitter, Chris Coleman24 alias « Le
Makhzen », distille depuis le 3 octobre, des informations plus que
sensibles sur le réseau social à l’oiseau bleu. D’entrée, il marque son
appartenance au mouvement de libération du Sahara Occidental en
s’abonnant à quelques profils Sahraoui puis se met immédiatement à la
tâche.
Son but, donner le maximum d’informations sur le Makhzen
marocain, le plus rapidement possible, car, selon son aveu même, Twitter
(https://twitter.com/ chris_coleman24) risque de se plier aux pressions de Rabat et fermer son compte, comme ce fut le cas sur Facebook et Gmail.
Une semaine après, c’est un flot continu de documents secrets, de
correspondances bancaires et de fac-similés de pièces d’identités qui
défilent. Avec une thématique centrale : quelles méthodes adoptent les
services marocains (DGED) pour acheter des journalistes internationaux
et même monter de faux sites internet d’information algériens.
Ce n’est donc pas de la « diplomatie de la Mamounia » qu’il s’agit,
mais de véritables opérations de guerre psychologiques et de
déstabilisation à l’encontre du voisin de l’Est. Des exemples ? Coleman
en fournit plusieurs : les virements de plusieurs dizaines de milliers
de dollars à un certain Ahmed Charai, patron de presse, et au Think Tank
Républicain Center for the National Interest. Puis 10 000 dollars pour
une supposée insertion publicitaire au profit d’une ONG spécialisée dans
la résolution pacifique des conflits, 25 000 pour le think tank FPRI et
des sommes aussi importantes au profit de titres de presse américains
et britanniques. Mieux, un journaliste du New York Post est accusé, avis
de virement à l’appui, d’avoir touché 60 000 dollars pour des articles
anti-algériens et faisant le lien entre le Polisario et Al Qaida. (Lien
de l’article publié par le journaliste Richard Miniter en 2010 dans le
New-York Post et présentant les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf
comme un bastion d’Al Qaida. http://nypost.com/2010/ 11/02/letting-another-qaeda- bastion-grow/).
Certaines correspondances mises en ligne sur ce compte indiquent un
lien entre les services secrets marocains et le site d’opposition
algeriatimes, dont la totalité de l’effectif proviendrait des rangs du
Makhzen.
Sur un plan plus interne, Chris Coleman montre la collusion entre
Salaheddine Mezouar, le ministre des Affaires Etrangères et secrétaire
général du Rassemblement National des Indépendants et le bureau de
consulting McKinsey. Ce dernier a été chargé par Mezouar de réaliser une
étude sur la relance de l’économie marocaine. Coleman utilisera le
terme de « trafic d’influence » car la fille du chef de la diplomatie
marocaine est employée de ladite entreprise.
Pour le moment, les personnes incriminées par ce corbeau numérique
bottent en touche, crient au faux ou pointent du doigt pour ainsi dire
« la main de l’étranger ». Ahmed Charai, à travers les colonnes de son
journal L’Observateur, en appelle même aux Hackers marocains pour
détruire le compte Twitter en question et effacer toutes traces du
forfait.
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