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samedi 18 octobre 2014

Entrevue entre Aziz Enhaili et Ahmed Benseddik, à réécouter


Rédacteur en chef adjoint, Tolerance.ca, membre de Tolerance.ca®
Je repartage ici l'entrevue que m'avait accordée M. Benseddik en août 2011.

Ahmed Benseddik: J’ai retiré mon allégeance à Mohamed VI

Tolerance.ca: Qu'avez-vous fait de si terrible et dangereux pour devenir l'objet d'harcèlement policier? Ahmed Benseddik: J’ai écrit une lettre au roi du Maroc pour dénoncer la corruption et l’abus de pouvoir de l’entourage du roi. J’ai annoncé au roi, que vu son silence et le silence du gouvernement suite à mes nombreuses lettres (y compris au roi lui-même), je lui retire mon allégeance. J’ai dénoncé le trop plein d’injustice et ses conséquences sur la sécurité et la santé des citoyens et sur l’argent public. J’ai dénoncé des faits graves: le risque d’effondrement d’un bâtiment public (station thermale Moulay Yacoub dont j’étais le directeur général) et  un médecin de ladite station qui pendant 12 ans pratiquait, même s’il n’avait pas l’autorisation d’exercer la médecine, etc. On  m’a alors demandé de me taire, tout en m’accusant de manque de respect au roi, et ce sans apporter la moindre preuve… C’est l’arme fatale pour se venger de moi.

Tolerance.ca: Pouvez-vous nous décrire ce à quoi vous faites face actuellement et depuis quand cela dure-t-il? Vous sentez-vous en sécurité ou craignez-vous une escalade de représailles?
Ahmed Benseddik: Cela dure depuis presque deux semaines. Quand je sors de chez moi (à pied, en taxi ou en voiture, avec un ami…), des hommes me suivent à bord d’une moto et d’une voiture (parfois deux). Quand je rentre à la maison, ils restent pointés devant les trois entrées de la résidence ou j’habite et qui comprend 113 appartements. Ils se relaient 24h par jour.  Même quand je vais à la mosquée, qui est juste à côté de chez moi, il y a toujours un homme en faction qui rentre et m’observe de loin.

Tolerance.ca: Votre cause bénéficie-t-elle d'une couverture satisfaisante au Maroc?
Ahmed Benseddik: Plusieurs sites Internet marocains suivent l’évolution de ma situation (en particulier hespress.com, lakome.com et fr.lakome.com) alors que les journaux papiers n’en parlent pas. En revanche, un prestigieux quotidien panarabe basé à Londres, Al Quds Al-Arabi a publié le 5 août un article sur mon affaire.
Cela dit, ma démarche a permis l’ouverture au pays d’un débat très utile, et c’est tant mieux.
De mon point de vue, l’allégeance est d’abord un contrat et non un chèque en blanc ou une soumission aveugle. Il est devenu, à force d’être instrumentalisé, un concept flou dans le monde moderne où le contrat qui lie les citoyens (et non pas les sujets) à leurs gouvernants est la Constitution. Certains vont jusqu’à dire que la Constitution est la forme moderne de l’allégeance…

Tolerance.ca: Qu'attendez-vous de l'opinion publique internationale? Y a-t-il un message que vous aimeriez lui transmettre?
Ahmed Benseddik: À mon sens, dénoncer la corruption et l’impunité est un devoir de tout citoyen consciencieux qui aime son pays. C’est le fond de toute cette affaire. Signaler au pays entier et au roi les dysfonctionnements graves commis par son entourage est aussi un devoir. Mais le roi reste responsable. La rupture d’allégeance est pour moi un moyen, certes inhabituel, mais uniquement un moyen au service d’un objectif. Je rends service au  pays entier et aussi au roi en dénonçant, comme le font d’autres par d’autres moyens, les dysfonctionnements graves au niveau de la gouvernance du pays.
Si nous sommes vraiment dans un État de droit avec une nouvelle Constitution, pourquoi alors le pouvoir cherche-t-il à me terroriser ainsi et terroriser du même coup ma famille et mes voisins? À la place, il ferait mieux de diligenter une enquête sur le fond de toute cette affaire.
Mon message est celui-ci: c’est qu’on arrête immédiatement l’harcèlement dont je fais l’objet. Aussi que l’on privilégie la transparence, la justice, et non l’impunité.
Entrevue réalisée par Aziz Enhaili pour Tolerance.ca®.
11 août 2011

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