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vendredi 25 avril 2014

Intégration : Une famille Rom en attente d'un logement au Havre

par Sarah Duval, 76actu, 23/4/2014
Le tribunal administratif a accepté la demande du Rectorat. Une famille de Roms installée à Caucriauville devait être expulsée mardi 22 avril, à 17 h. L'huissier n'est pas venu.






Le collectif Hébergements, l'urgence c'est maintenant est venu soutenir une famille de Roms menacée d'expulsion. (© Sarah Duval)
Le collectif "Hébergement, l'urgence c'est maintenant" est venu soutenir une famille Rom menacée d'expulsion. (© Sarah Duval)
Un grand terrain vague, anciennement utilisé par les élèves de l’IUT de Caucriauville, au Havre. Sur la droite se trouvent les vestiaires désaffectés des étudiants. Laissés à l’abandon, ils ne sont plus utilisés depuis près de 30 ans. Graffitis, vitres brisées, murs incendiés. Pourtant, c’est ici que vit la famille de Stelliam Covaci, depuis le 1er octobre 2013. Ils sont 11 sous ce toit, trois adultes et neuf enfants. Ils ont été jusqu’à sept familles à se partager les murs de cet abri de fortune de 20 m2. La famille avait jusqu’au mardi 22 avril 2014, 17 heures, pour quitter les lieux. L’huissier, qui devait examiner le logement, n’est pas venu. Écoutez les réactions de Jacky Lemonier, membre du Collectif Hébergement l’urgence c’est maintenant :

Dans l’attente

La décision a été prise le mercredi 16 avril 2014 par le tribunal administratif de Rouen. À l’époque, deux familles vivaient sur les lieux, avec près de 15 enfants. C’est à la demande du Rectorat que la justice a prononcé l’ordonnance qui autorise l’expulsion. Une famille a préféré partir, tandis que celle de Stelliam Covaci a choisi de rester sur ce terrain. Si ce père de famille, arrivé en France, il y a sept ans, a fait ce choix, c’est qu’il n’est pas seul. Il est soutenu par le Collectif Hébergement, l’urgence, c’est maintenant. Pour Gilbert Delanoue, membre du collectif, la situation est inhumaine.
La justice n’a pas tenu compte des lois rappelées par Maître Antoine Mary. On ne peut pas jeter une famille à la rue comme ça, sans lui proposer une autre solution, même provisoire. Le droit au logement est un droit sacré. Les enfants doivent être scolarisés et bénéficier de l’aide de la santé d’Etat. Sur les 11 enfants vivant ici, six ont moins de 13 ans et il y a un bébé de 5 mois. C’est pour leurs enfants qu’ils font ça, ils veulent leur offrir une vie correcte.



Mirabella, Mirella et Emanuella sont toutes les trois scolarisées au Havre. (© Sarah Duval)
Mirabella, Mirella et Emanuella sont toutes les trois scolarisées au Havre. (© Sarah Duval)

La peur de tout perdre

Depuis sept mois, la famille Covaci vit ici. Sans électricité, ni eau courante, elle s’est organisée au quotidien pour ne manquer de rien. Soutenus par les Restos du coeur, Hébergement, l’urgence, c’est maintenant, et d’autres collectifs, les Covaci ont réussi à obtenir de la nourriture, du bois ou encore de l’essence pour pouvoir passer l’hiver. Mirabella doit rentrer en 6ème à la rentrée prochaine. Consciente de la situation, elle craint les jours à venir.
C’est triste de devoir partir, on ne sait pas où aller. Nous étions bien ici. En ce moment, je suis à l’école Robespierre. J’espère ne pas devoir changer. Je dois me refaire des amis et me réhabituer à l’école. C’est dur de changer d’école, mais on s’habitue.



La famille vit dans ces vestiaires désaffectés depuis le 1er octobre 2014.(©Jean-Luc Nail)
La famille vit dans ces vestiaires désaffectés depuis le 1er octobre 2014.(©Jean-Luc Nail)

Apporter un soutien moral

La famille ne sait pas encore combien de temps elle pourra rester. Ne s’étant pas présenté, l’huissier peut revenir à tout moment. Le collectif reste présent : pour Pierre Sayet, membre du collectif, le soutien moral est primordial.
On essaye de leur donner un coup de main. Nous sommes là pour faciliter les échanges entre la famille et l’école. Nous nous occupons également de tout ce qui concerne la santé, la vaccination.  L’hiver n’a pas été trop froid, mais ce ne sera peut-être pas le cas l’année prochaine. On veut être présents pour leur apporter du réconfort. Ils ont peur de tout perdre.
La famille Covaci n’est pas la seule à être concernée. Au Havre, on estime qu’une quarantaine de personnes par jour dorment dehors.

Place Robert Schuman, 76610 Le Havre, France
Lire aussi : Après l’évêché, le rectorat ! Au Havre, les Roms doivent quitter les lieux 

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