“Je ne m’appelle pas Azzi”
Par Narjis Rerhaye,18 /3/2014
Une première. Une campagne nationale contre le racisme
sera lancée le 21 mars au Maroc. A l’initiative de cette mobilisation,
un collectif d’associations regroupées en une coordination pour la
régularisation des sans- papiers en terre marocaine.
Créée au lendemain de l’opération de régularisation des étrangers sans
titre de séjour, «Papiers pour tous» - c’est son nom- elle a pour
objectif la régularisation de toutes les personnes sans papiers.
«La régularisation ne passe pas sans l’intégration. Et une
intégration pleine et réussie suppose la fin de la discrimination
raciale », explique l’un des responsables de la coordination « Papiers
pour tous ».
Pour combattre les stéréotypes qui font mal,
les clichés réducteurs et toute la panoplie d’un racisme ordinaire, la
coordination lance cette première campagne nationale contre le racisme.
L’objectif est clairement affiché. « Il s’agit de contribuer à une
meilleure intégration des personnes qui seront régularisées et d'attirer
l'attention de l'opinion publique, des médias et des décideurs sur le
racisme primaire naissant au Maroc », fait valoir notre interlocuteur.
La campagne a sa signature. "Je ne m'appelle pas Azzi" (Masmiytich
Azzi) se déclinera en arabe et en français sur tous les supports visuels
de communication prévus par « Papiers pour tous » : affiches,
banderoles, t- shirts etc. L’accroche est délibérément crue. « C’est
pour mieux secouer les consciences. Dans la société marocaine, il y a un
legs raciste. Au fil des décennies, ce sentiment de discrimination n’a
fait que s’exacerber. Chez nous, les personnes de couleur noire sont
regroupées derrière un seul mot «Azzi». Ce mot est entré dans le lexique
dialectal avec toute la charge péjorative qu’il porte. Ces personnes
n’ont pas d’identité. Elles ne sont plus qu’une couleur. En ce sens, la
signature de cette campagne nationale contre le racisme ne pourra
qu’interpeller le plus grand de nos concitoyens », explique cette
experte en communication d’influence.
La campagne «Je ne
m’appelle pas Azzi» sera lancée vendredi 21 mars, à l’occasion de la
Journée mondiale contre le racisme. Cette journée a une histoire. Et
elle nous vient d’Afrique du Sud, au cœur de l’apartheid. L’ONU a en
effet proclamé le 21 mars « Journée internationale pour l’élimination de
la discrimination raciale ». Cette date commémore ce jour de 1960 où, à
Sharpeville en Afrique du Sud, la police a ouvert le feu et tué 69
personnes lors d’une manifestation pacifique contre l’apartheid.
Le régime d'apartheid de l'Afrique du Sud a depuis lors disparu. Les
lois et pratiques racistes ont été abolies dans de nombreux pays. Un
cadre international de lutte contre le racisme se fondant sur la
Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination raciale a vu le jour.
Depuis près d’un
demi-siècle, la communauté internationale célèbre ces 24 heures de lutte
contre la discrimination raciale. Au Maroc, grâce à la coordination
«Papiers pour tous » et sur fond de nouvelle politique migratoire, c’est
la toute première fois que la société civile se mobilise contre le
racisme. «Notre message s'adresse au Marocain ordinaire afin de
contribuer à changer les mentalités et rappeler l'esprit de tolérance
qui a toujours prévalu dans notre pays», précise l’un des organisateurs
de cette campagne de sensibilisation.
"Masmiytich Azzi"
va s’articuler autour de grands axes : une rencontre débat sur la
thématique, une campagne de sensibilisation et de plaidoyer en plus de
la conception de supports de communication contre la discrimination
raciale. « La conférence-débat sera organisée le 21 mars à Rabat. Des
personnalités du monde des arts, de la culture, des droits humains, du
sport et de la presse vont y participer. Des étrangers vivant au Maroc
viendront témoigner. Des courts métrages contre le racisme seront
projetés. Des recommandations seront émises pour que le combat contre la
xénophobie ne soit pas vain.
«La campagne nationale
contre le racisme ne doit pas s'arrêter le 21 mars à 23h59. Les
recommandations de la rencontre-débat ainsi que les supports de
communication serviront à une campagne nationale de sensibilisation à
laquelle toutes les bonnes volontés seront les bienvenues», conclut ce
membre du collectif «Papiers pour tous».
Mardi 18 Mars 2014
Narjis Rerhaye
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire