Par Méziane Ourad, demainonline, 12/3/2012
Meziane Ourad |
La viande hallal a mis la classe politique française en émoi. Le coup de Marine Le Pen a été si bon au moment où les insultes se sont faites jeu de société que, François Fillon, 1er ministre d’une France républicaine et laïque, vient de recevoir coup sur coup, les émirs du CRIF (juifs) et du CFCM (musulmans) pour sceller avec eux la fin d’une polémique qui serait inutile.
D’après les uns et les autres, aucune communauté religieuse de France ne poserait problème. Elles posent toutes problème. Elles sont toutes tentées par le communautarisme. Elles y vivent d’ailleurs. Elles en vivent aussi. Au vu et au su de tous les français qui rêvent, ou ne rêvent pas du tout d’une improbable intégration. Au moment où cette polémique ridicule a fait surface dans le champ médiatique français, Nicolas Sarkozy invité à défendre son projet sur la 2, ressortait, au milieu d’un fatras de propositions économiques droitières, le spectre de l’immigration envahissante. Du coup il a proposé, entre autres vilénies, le retour sur un certain nombre de règles, depuis longtemps établies en ce pays accueillant, hospitalier, moderne, démocratique.
Nicolas Sarkozy n’a aucune commune mesure avec les hommes et les femmes qui ont et qui continuent à constituer l’élite de ce territoire, et qui ont fait de la défense de ces valeurs et de celles inscrites dans la déclaration universelle des droits de l’homme, leur raison de vivre. Sarkozy annonce qu’il va légiférer dans le but de reconsidérer les conditions du regroupement familial. Il semblerait que pour lui, un homme, son épouse et leurs enfants, à partir du moment où ils ne portent pas le nationalité française, n’aient pas le droit de vivre ensemble. Il est entendu qu’ils ne peuvent prétendre à ce bonheur sous le ciel de France. Il est sous entendu, qu’ailleurs, au beau milieu d’un erg ou d’un reg, tout cela le reste permis, il est permis aussi aux originaires d’oasis exotiques de se regrouper avec des callgirls, la famille, quoi, dans les suites du Georges V, du Royal Monceau ou du Ritz…
On ne peut qu’être d’accord avec le président de la république française lorsque, offusqué il explique qu’il est inacceptable qu’un immigré ayant moins de 5 ans de résidence en France, prétendre à un minimum vieillesse, une rémunération qui découle, normalement, d’un certain nombre d’années de cotisations. Sarkozy, même en vedette des promesses presque jamais tenues, ne raconte pas toujours des salades. Il lui arrive, et plus souvent qu’on ne le pense de dire des vérités. Et des bonnes.
Il lui arrive, cependant, de se muer en roi du bluff, et, c’est cela sa caractéristique principale. Ne serait-ce-que pour cette raison, et même s’il était le plus dégingandé des gauchistes, je n’aurais pas appelé à son plébiscite.
Hier, à Nice, il a été à la rencontre des harkis et des rapatriés d’Algérie. Il a promis à cette population qui a perdu un pays mais qui, depuis un demi siècle, continue à se nourrir de haine contre ceux qui pourraient être considérés comme leurs compatriotes, de ne jamais se repentir de méfaits de la colonisation. Il a par contre assuré les harkis, l’équivalent des collabos dans la France de 39/45, de sa sympathie, et de sa repentance pour ce que la France leur a fait subir, à eux et à leurs familles.
L’immigration serait moche, sale, odorante, menaçante. Ce sont peut être certaines de ces idées reçues qui ont poussé, Alain Juppé, ministre des affaires étrangères de l’ancien monarque de Neuilly-sur-Seine à aller faire acte d’allégeance à Mohamed VI, roi du Maroc, ce monsieur, qui au temps de sa splendeur a été rejeté par la rue française a été expliquer au fils d’un défunt souverain que son pays est un modèle de démocratie. Les démocrates marocains quotidiennement réprimés, les anciens bagnards de Tazmamart, les intellectuels exilés, les habitants des bidonvilles de Casa ou de Marrakech, les enfants violés par les touristes et les paysans du Rif, de l’Atlas ou les mendiants du royaume chérifien se souviendront du blanc-seing du souverain de Bordeaux.
Le monde observe la France. Le monde sait qu’à chaque échéance électorale, la France qui est à vomir se met à roter de haineuses incantations. Son élite qui dort au fond de ses beaux cimetières doit s’arracher les cheveux. Citer ces grands hommes serait une fastidieuse entreprise. Beaucoup sont morts. Beaucoup demeurent vivants, c’est grâce à ces hommes, que le France malgré Sarkozy, malgré ses hommes ou ses femmes politiques tentés par le pouvoir au prix d’ignobles calculs et sentences. Malgré des préjugés et des mensonges totalement tendancieux, le France, malgré ces gens qui puent, survivra.
Nous aviserons dans les siècles à venir, pour l’Algérie.
Méziane Ourad (Le Matin DZ)
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