Par Thami Afailal, demainonline, 14/3/2012
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| Abdessamad Haidour (Photo CE) |
Rabat.- La cour d’appel de Taza a confirmé aujourd’hui la peine de trois ans de prison, prononcée par le tribunal de première instance de cette même ville il y a quelques semaines, contre Abdessamad Haidour, un jeune activiste tazaoui happé par les émeutes de cette cité du pré-Rif.
Haidour a été condamné pour avoir injurié le « symbole » de l’Etat. Trois ans de prison pour des excès verbaux, voilà une sentence digne de la justice de l’autre alaouite, le Syrien Bachar El Assad, dont la diplomatie marocaine condamne quotidiennement les excès contre son peuple.
Voilà les mots de colère qui ont coûté à ce jeune homme trois ans de sa vie, lors d’une discussion de rue.
« Pourquoi nous vivons dans la pauvreté ? Parce que le colonisateur dont le représentant à Rabat est Mohamed VI, le dictateur, l’assassin et le tueur, et que chacun le traite comme il le veut… tout qualificatif conviendrait à ce chien et aux chiens qui l’entourent. On n’installe pas à la tête de l’Etat un sioniste de Tel Aviv, on en choisit un de chez nous. Il est installé dans ses palais, il organise des fêtes et il fait ce qu’il veut. Quant à ce chien de peuple, il peut crever de faim. Comme le dit le dicton de chez nous : si tu affames ton chien, il te suivra toujours ! Mais, il ne faut pas que le pouvoir oublie que tant que le chien n’aura pas mangé, il ne lâchera pas prise. C’est aussi simple que ça. Et, inchaâllah, qu’il le veuille ou non, le chien aura sa pitance un jour ».
Les qualificatifs sont injurieux et offensants, mais ils ont été prononcés dans la rue, dans un contexte de révolte populaire contre l’injustice et la pauvreté, et ils n’avaient pas vocation à être accrochés sur YouTube. C’est du bavardage.
Aucun membre des forces de l’ordre qui ont attaqué, brutalisé et insulté la population locale de Douar El Koucha, n’a été jugé ou condamné par l’injustice de Mohamed VI. Ces forces du désordre ont dit des choses inouïes aux habitants de ce quartier, et ont même menacé de violer des femmes et des enfants, sans que cela ne provoque un quelconque reproche de Rabat.
Trois ans de prison pour des mots, et dire qu’Alain Juppé, Hillary Clinton, Moncef Marzouki et ce pauvre Mariano Rajoy parlent de « réformes » au Maroc…
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