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samedi 17 décembre 2011

La mode PJD c’est de perpétuer le jeu de la déception

Par Abdelilah Bouasria, demainonline, 12/12/2011

Abdelilah Benkirane, son excellence le chef du gouvernement marocain, avait affiché, juste avant sa nomination par le roi du Maroc, son refus de dialoguer avec les jeunes du 20 Février qui n’existaient-selon lui- que sur la toile Facebook en ajoutant qu’il ne savait même pas comment y accéder.

Le vent de la baraka l’a soudainement saisi et le lendemain de sa primature il «confesse » aux journalistes que son fils fait partie du 20 Février et qu’il est prêt aux accolades avec eux en s’interrogeant sur un ton parental qui ne lui est pas étranger «Qui sont ces gens-là ? Ce sont nos fils». Cette manière Halal de flip-flopper ne va pas être la dernière.

Avant sa nomination, «Sidi Abdelilah» a clairement incité les hautes instances à semer El Himma et Majidi en disant que le Maroc d’aujourd’hui ne pouvait fonctionner avec de telles «ombres » mais juste après la nomination royale de cet ennemi juré de Benkirane comme conseiller, le beau barbu fut des premiers à le féliciter et même à tourner la page. Dictats de la politique politicienne ou bien simple acte de repentir? Ne nous inquiétons point ! Nos amis les Fouqaha ont tout un arsenal juridique de sorties de secours (conjurer le mal l’emporte sur la préservation de l’intérêt, la règle du moindre mal, nécessité fait loi).

Benkirane aurait pu- A Dieu n’en plaise- critiquer ouvertement le conseiller royal mais en faisant cela, le Maroc aurait baigné dans une rivière de sang donc on doit le comprendre et vite se rendre compte qu’il a sauvé notre empire chérifien de la Fitna. Règle d’or donc: les islamistes ne mentent jamais…ils ne font que recourir par «nécessité» aux calembours.

Le premier ministre du Maroc ne fut pas nommé à Rabat et n’était même pas parmi les invités pendant les nominations des ambassadeurs dans la salle du trône. Sa nomination fut « Mideltement » courte et comme dit la sagesse musulmane «Bonne brièveté fait sens.»

Lors d’une conférence de presse le lundi 12 décembre, Benkirane a déclaré le besoin d’une trentaine de portefeuilles ministériels en appuyant sur la volonté de son parti d’avoir les Finances (Chkara).

Je me demande si les citoyens marocains vont enfin pouvoir avoir accès aux crédits sans intérêt ou bien on va encore leur jouer des tours Kosher. Je me demande si les casinos vont continuer d’exister ou bien on va simplement dire aux joueurs de se vêtir modestement en balbutiant des Astaghfirullah en longeant le tapis marrakchi.

L’erreur des analystes et académiciens étrangers est de faire des entrevues, des textes et des déclarations le registre principal de leurs analyses. Ils vous disent que Benkirane a affirmé ne pas imposer le voile et ne pas fermer les bars. Durant deux décennies, j’ai connu de près les islamistes du Maroc, toutes catégories confondues, et je sais ce qui se trame derrière les coulisses et ce que leurs jeunes pensent loin des caméras.

Benkirane peut nommer un Serge Berdugo ministre dans son gouvernement. Pourtant dans les marches de son parti, l’un de ses slogans fut «Quelle Honte ! Quelle Honte ! Un juif conseiller monte !» en faisant allusion au conseiller André Azoulay.

Ainsi, leur céder le portefeuille du ministère des affaires étrangères reste improbable car cela pose le problème des relations officieuses avec Israël. Par ailleurs, tout le monde sait que les radicaux du PJD (Raissouni ou Abu Zaid) ne risquent pas de se voir nommer ministres car ils faussent les analyses des deux Machiavel.

Maintenant la lampe magique. Qui va être le souverain des affaires religieuses? Dans le cas du départ d’Ahmed Taoufiq, ministre actuel des Habous, le palais risque de le remplacer par Ahmed Abbadi, un autre Boutchichi bien éduqué qui a eu des accrochages avec le romancier historien, devise gagnante pour mériter la confiance courtisane. On peut deviner jusqu’à demain les membres du gouvernement PJD, mais on connait les scenarios qu’on ne va pas avoir. On ne verra pas un salafiste Fizazi ministre. On ne verra pas un amazighe Dghirni ministre. On ne verra pas un soufi Faouzi Skalli ministre. On ne verra pas un sahraoui Salem Tamek ministre. On ne verra pas un artiste Bziz ministre. On ne verra pas une voilée ninja ministre (pourtant on devrait). On ne verra pas un journaliste Mustapha Alaoui ministre. On ne verra pas un intellectuel Mahdi Elmandjra ministre. Pour différentes raisons qui exhibent directement l’hypocrisie du bal masqué, ces noms ne vont pas PRÊTER SERMENT.

De la même manière que plusieurs analystes ne cessent de nous casser les oreilles avec le changement de la moudawana comme étant une modernisation du Maroc, certains ne cessent de pointer du doigt la réforme constitutionnelle. Moi-même étant victime de la moudawwana, mon mariage m’a pris deux ans entre les dédales du ministère de la justice, des affaires étrangères et la police, je ne comprends vraiment pas l’enthousiasme de ces gens par rapport à ce sujet. C’est sûr que le fait de changer l’âge de la mariée de 15 à 18 ans est superbe «sur le papier» de même que le passage du mariage religieux au mariage civil devient un progrès «sur papier» mais le papier marocain est fait pour rester tout simplement un PAPIER. On n’est pas en Suède, C’est le ROYAUME du MAROC.

Ce que la Moudawana a engendré sur le terrain c’est de donner plus de pouvoir aux institutions étatiques bureaucratiques et corrompus dans un domaine qui n’était pas le leur (la sphère matrimoniale). Avant, on faisait venir un Adoul et après une brève cérémonie de thé, l’acte du mariage était signé. Aujourd’hui, il faut faire face aux différentes machines bureaucratiques et arroser plus d’un commis pour obtenir le permis. On n’a fait qu’inviter l’Etat à nos lits, car l’intention de cette réforme n’était ni la fortification de la femme ni le service du citoyen. Elle était celle que vous connaissez tous: la neutralisation des contre-pouvoirs. On trouve le même scenario avec la réforme de la constitution. Le roi peut nous livrer une nouvelle constitution dans laquelle le premier ministre nomme, sur papier, TOUS les ministres de son gouvernement. Si jamais ce dernier choisit une persona non grata, au meilleur des cas un coup de téléphone sonne et un conseiller dit au chef exécutif : «ce membre ne peut pas rester. Qu’il dégage» et il lui raccroche le téléphone au nez. Au pire des cas, le pauvre ministre se rend compte, comme nous les citoyens, via la télévision que son ministre fut limogé. Si jamais le ministre ouvre le bec, on lui sort tout un dossier, réel ou concocté, et les sbires médiatiques se chargeront de finir la besogne moyennant une prime misérable.

Même comportement avec les musulmans marocains qui ont décidé de changer de religion. On ne les arrête pas pour motif d’apostasie car on sait qu’il y a derrière Human Rights Watch et le Congrès américain avec la commission Lantos. On les pioche pour prostitution-comme c’est le cas d’un groupe de vieilles femmes étudiant la Bible au Maroc- même si on se demande vraiment quels hommes pourraient payer pour des ménopausées moustachues.

Perpétuer le jeu de la déception, c’est cela la politique du Maroc. Le seul changement aujourd’hui c’est que la déception puise sa légitimité dans les paroles sacrées. Finalement, on a le gouvernement qu’on mérite.

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