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jeudi 8 octobre 2009

Lettre ouverte aux "concurents" du général Ben Ali

Par Khaled Ben M'Barek,Besançon, 6/10/2009



Si Mostfa, Sid'Ahmed, Si Néjib, chers compatriotes,
Depuis les premières « élections » législatives et présidentielles organisées en1989, il s'est toujours trouvé quelqu'un pour dire qu'il ne faut pas jouer lachaise vide et qu'il faut tenter de réformer de l'intérieur. Depuis, le généralBen Ali a toujours pris ces gens-là comme témoins d'une forme de régularité deSES élections. C'était, nous disait-on, un moyen de promouvoir le processus démocratique. La loi électorale a été actionnée comme miroir aux alouettes,comme un éternel début potentiel, comme la promesse d'une maturité en devenir.A chaque fois, Ben Ali est le premier surpris par la facilité avec laquelle ça marche. Il n'a même pas besoin de recourir à autant de répression qu'il l'atoujours prévu et préparé, puisqu'une bonne frange de la société politique,toutes tendances confondues, entre dans son jeu, se montre aussi crédule et court éperdument après on ne sait quels dividendes électoraux.
Chers compatriotes, Ben Ali se prépare à vous utiliser contre vous-mêmes et contre votre peuple pour demeurer au pouvoir, avec une certaine légitimité qu'il tire de vous et de votre présence à ses côtés, même en tant que challengers.Comment pouvez-vous admettre que les résultats de ces « élections » sont décidées d'avance jusqu'au moindre détail pour ensuite vous précipiter pour yparticiper à quelque titre que ce soit ? Comment ne craignez-vous pas pour la part quelconque de crédibilité que vous pouvez revendiquer auprès de l'opinion tunisienne ? Etes-vous à ce point disposés à compromettre une vie de lutte militante pour un résultat qui pourtant ne fait pas l'ombre d'un doute ? Est-il possible qu'un militaire insignifiant se joue d'éminents intellectuels comme vous ?
Compteriez-vous sérieusement rivaliser avec les agents Bouchiha, Mouada, Thabetou Inoubli ? Même le Tajdid, cher Sid'Ahmed Brahim, se voit doublé par le parti écolo fantoche de Khammaci, qui se présente miraculeusement presque dans toutes les circonscriptions et qui est parti pour récupérer une bonne partie des sièges qui auraient pu être attribués à l'ex-PCT, qui montre des velléités d'autonomie.
Messieurs, même mus par la meilleure bonne volonté du monde à son égard, le général s'est débrouillé pour vous éliminer d'une course présidentielle pourtant gagnée d'avance et très haut la main par lui. Il vous a ainsi évité, sauf à Sid'Ahmed Brahim, la grande humiliation des zéros virgule quelques poussières qu'il avait infligé à d'autres avant vous. Allez-vous vous laisser faire ? L'expérience ne vous est-elle d'aucun secours ? N'avez-vous pas pitié de votre propre amour propre ainsi avili ?

Et n'allez surtout pas prétendre protester après coup ! Ben Ali aura beau jeu,comme à chaque fois depuis 1989, de vous traiter de mauvais joueurs. Vous entrez dans le jeu uniquement pour gagner, mais si vous perdez vous renversez la table. Pour une fois, il faudra reconnaître à cet instant que sa logique est plus cohérente que la vôtre.

Messieurs, vous avez chacun une vie d'activisme politique et il peut être possible que ce soit votre dernière campagne « électorale », du moins en tant que responsable de vos formations. Profitez-en pour rétablir la valeur de l'action politique dans notre pays, pour déposer devant l'Histoire votre témoignage véridique que JAMAIS sous le général de renseignement Zine Ben Ali aucune élection digne de ce nom n'a vu le jour, jamais aucun vrai parlement n'a été élu, aucune institution n'a été authentiquement républicaine.

Profitez-en, Messieurs, pour sortir du magma gluant des marchandages, des compromissions, du faux témoignage rémunéré en sièges - c'est le cas de la dire- sonnants et trébuchants.

Nombre de milieux étrangers ont les yeux fixés sur vous, vous font confiance et souvent accordent leur perception de la réalité tunisienne et leurs prises de position avec l'idée que vous leur donnez sur la situation dans notre pays.Votre présence aux côtés de Ben Ali laisse à penser à beaucoup d'entre eux qu'il s'agit d'une course démocratique pour quelque alternance, même purement virtuelle. Dès lors, les étrangers ne peuvent plus se montrer plus tunisiens que les Tunisiens. Ce slogan détestable nous l'avons entendu des années durant dans les années 90-2000, souvent de gens dont la sincérité ne pouvait souffrir d'aucun soupçon.

Jusqu'à quand allez-vous reproduire ce schéma à la Sisyphe ? Quand est-ce que vous allez rejoindre les aspirations de la masse des Tunisiens qui, même accablés d'impuissance, cherchent divers modes de contestation, parfois ostensible, pour signifier leur ras-le-bol et leur soif d'un changement désespérément attendu depuis deux décennies ? N'avez-vous pas vu que des jeunes Tunisiens ont pris les armes face à cette banquise bénalienne qui s'apparente à un Désert des Tartares ?

Messieurs, chers compatriotes,
L'ennemi de la liberté s'apprête à nous gouverner encore de cinq ans en cinq ans et ne se voit pas exister hors du pouvoir. Il est ligoté dans une logique absolument implacable : ce qu'il a commis envers le peuple tunisien lui vaudrait devant un tribunal régulier un châtiment proportionnellement adapté à la souffrance tragique provoquée. Or, il sait qu'un éventuel successeur ne peut construire aucune espèce de légitimité s'il ne commence par débénaliser le pays au Kärcher et à la soude caustique.

La solution qui semble d'ores et déjà être mise en oeuvre c'est la succession monarchique. Mais que faire en l'absence d'un héritier mâle en âge de prendrela relève ? Ben Ali ne semble nullement rassuré à l'idée de lancer l'une de ses filles dans l'arène. Reste LA solution : un gendre jeune et (plus ou moins) politiquement vierge, qui doit tout à son beau-père et grand-père de ses enfants, donc qui, certainement en sera le protecteur. j'ai nommé le désormais fameux Sakhr El Matri.

Je vous appelle solennellement, dès ce mercredi à Paris, à proclamer, avec le CRLDHT et nos amis de France et d'ailleurs, notre hostilité commune résolue à la transmission monarchique de la Tunisie au gendre de l'actuel Régent ou à tout autre. Il est de votre responsabilité de ne pas laisser pourrir la situation comme cela se passe en Egypte et en Libye, où l'on n'est pas loin de considérer que les dés sont jetés. Le peuple tunisien doit être mis en garde contre ce sort funeste que l'on prépare pour ses générations à venir. Mais nul ne vous écoutera si vous êtes en même temps impliqués, même à votre corps défendant, dans une falsification caractérisée de la volonté populaire par de médiocres faussaires dont l'avenir du pays est le dernier des soucis.

Je suis encore une fois navré de ne pouvoir être parmi vous en cette soirée demercredi, mais je suis soulagé à l'idée d'avoir pu vous communiquer une partie de ma détresse que nul ne parte au secours du peuple tunisien en cette épreuve dite électorale.
Je vous suis reconnaissant de m'avoir écouté.

Khaled BEN M'BAREK, réfugié politique depuis 16 ans, antitortiocrate privé deson pays et qui n'y rentrera que quand la liberté y rentrera, tête haute,dignité et honneur intacts pour témoigner contre Ben Ali et ses courtisans et ses rabatteurs, tous honnis jusqu'au siècle des siècles.

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