Benkirane est-il corrompu ?
Par Naïm Kamal //mai, 07 à 12:53
20% des Marocains interrogés dans une enquête de Transparency considèrent le chef du gouvernement comme corrompu. Ce n’est pas beaucoup, mais ce n’est pas rien et subitement moins rigolo.
« Le manque de satisfaction vis-à-vis de
dirigeants et régimes corrompus était un catalyseur clé du désir de
changement dans la région, en particulier lors des manifestations du
Printemps arabe. Cinq ans plus tard, l’étude montre que les
gouvernements n’ont fait que peu pour mettre en œuvre les lois contre la
corruption », relève
Transparency International. Tranparency n’a pas tort sur tous les
points, mais se goure au moins une fois : Il n’y a pas eu de printemps
arabe. Sinon la Libye serait un champ de blé, la Syrie un jardin de
coquelicots, l’Egypte un enclos de tulipes et le Yémen heureux un Eden
tout court. L’Irak n’en parlons pas. Partout les indicateurs de la
corruption sont au rouge. C’est vrai qu’il s’agit d’un sondage et donc
d’une simple perception ou impression, mais globalement pratiquement
partout ils sont nombreux les sondés qui considèrent que la corruption
s’est aggravée. Au Maroc, ils sont 24% contre 42% qui estiment que la
prévarication est restée au même niveau et en conséquence n’a connu
aucune amélioration sous ce gouvernement dirigé par les islamistes du
PJD, chantres de la rectitude.
Le jour même de la publication
de ce rapport, le chef du gouvernement, Abdalilah Benkirane, faisait
son numéro habituel lors de la signature de la stratégie nationale de
lutte contre la corruption en passant par une allégorie attribuée à
Jamal Eddine Al Afghani pour dire que tout ce compte l’Etat comme hauts
responsables étaient présents dans la salle pour s’engager dans la
stratégie. Où étaient donc les auteurs de la concussion ? Je ne sais pas
si l’auditoire a osé rire, mais avant de chercher à faire ses effets,
le chef du gouvernement aurait dû consulter le rapport de Transparency.
20% des Marocains interrogés le considérent comme corrompu. Ce n’est pas
beaucoup, mais ce n’est pas rien et subitement moins rigolo. Sans doute
fait-il mieux que son homologue algérien qui totalise 31%, mais moins
bien que le premier ministre tunisien qui, avec 18%, apparait comme le
plus clean des chefs de gouvernement maghrébins.
La corruption, l’humoriste
français préférait en rire, lui qui racontait qu’un ministre a été
inculpé pour corruption de fonctionnaire car il avait donné un sucre à
un chien policier. Un autre humoriste, dont j’ai oublié le nom, évoquait
ce ministre de la justice qui disait à ses interlocuteurs « combien me donneriez-vous pour éradiquer la corruption ? »
Ce n’est pas exactement un phénix qui renait de ses cendres, j’ai de la
tendresse pour ce que cet oiseau de légende symbolise, mais une hydre
dont les sept têtes recroissent au fur et à mesure qu’on les coupe. Le
Larousse la définit bien : « Mal qui se renouvelle constamment et semble augmenter en proportion des efforts que l’on faits pour le détruire. »
On met souvent sur le dos de la prostitution l’étiquette de plus vieux
métier du monde. C’est une injustice puisqu’elle est postérieure à la
corruption et en est le fruit, précisément le fruit défendu qu’Eve,
selon les Ecritures, avait, malgré l’interdiction divine, mangé et fait
manger au pauvre Adam, victime à son tour de cet inducteur du mal, la
femme. La corruption, elle a existé, elle existe et elle existera. Le
mal n’est pas en elle, mais dans ses proportions. Et c’est là où nous
devenons les premiers de la classe.
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