Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, passant en revue les soldats de la Minurso. D. R.
Le Maroc joue avec le feu depuis
qu'il a été malmené au Conseil de sécurité à travers la résolution 2285
prolongeant jusqu'à fin avril 2017 la mission de la Minurso, et à
l'Union européenne dont la Cour de justice a rendu un arrêt qui annule
l'accord agricole UE-Maroc signé en 2012.
Des sources très au fait du
dossier le confirment à travers deux séries d'informations importantes
et corroborées.
L’une concerne la diffusion par Al-Jazeera d’un
enregistrement audio d'un certain Adnane Al-Sahraoui qui active dans la
nébuleuse terroriste au Sahel. Celui-ci menace d'attaquer la Minurso et
les lieux touristiques au Maroc. Le scénario élaboré dans les
laboratoires de la DGED, les services secrets marocains depuis quelques
années déjà, veut présenter le Polisario comme complice des groupes
terroristes. Après le coup du mail reçu par Hillary Clinton dans lequel
son conseiller se basant sur une source français lui affirme que
Bouteflika est de mèche avec Belmokhtar et la propagation de cette intox
par le Makhzen, l'Algérie doit s'attendre à d'autres coups tordus.
Selon une autre source basée au Mali, les Marocains redoublent
d'activité actuellement pour saboter les accords de paix intermaliens
conclus récemment en Algérie. Nos sources affirment que le Makhzen va
jusqu’à «mobiliser» une «armée» de péripatéticiennes au plus près des
forces spéciales américaines et des militaires français. Cette opération
de sabotage serait financée par les monarchies du Golfe qui disposent
de relais à Gao – où sept diplomates algériens furent enlevés – et sur
la frontière mauritanienne.
Une autre information fait savoir que le
groupe terroriste dénommé Mujao a été créé par les services marocains.
Le timing choisi pour commanditer l’enregistrement diffusé par
Al-Jazeera, menaçant la Minurso, porte la signature de la DGED. Cela
annonce des coups tordus pour pousser au départ de la mission onusienne
dont les membres seraient ainsi menacés. Cela vise aussi à dissuader les
Etats d’envoyer leurs ressortissants au «casse-pipe».
Le temps presse
pour le Makhzen, car dans trois mois à peine, la question de la mission
onusienne en charge de la surveillance du dossier sahraoui va revenir
devant Conseil de sécurité et la France va se retrouver bien isolée
cette fois-ci face aux Américains, aux Britanniques, aux Russes et même
peut-être aux Chinois qui vont suivre pour exiger le retour de la
composante civile et politique de la Minurso. Mohammed VI, qui affirmait
que sa décision – de renvoyer la Minurso – était irrévocable et qui
risque ainsi de perdre la face et paraître minable aux yeux de ses
sujets, tenterait le diable en s’adonnant à des actions aventuristes
désespérées. Une telle option est d’autant plus envisageable, notent nos
sources, que le Makhzen encourt le risque que la nécessité d’étendre la
mission de la Minurso à la supervision du respect des droits de l’Homme
dans les territoires occupés du Sahara Occidental soit enfin reconnue
de telle façon qu’elle devienne effective. Les voix de parlementaires et
de personnalités politiques en Europe ne cessent de s’élever dans ce
sens. Les événements qui ont entouré la question du Sahara Occidental,
ces derniers mois, ont ramené le Maroc à la case départ du conflit. La
preuve est dans le maintien de la Minurso et le rappel de sa mission
consistant en la préparation d'un référendum d’autodétermination du
peuple du Sahara Occidental. Cette nouvelle situation met le Maroc dans
l’isolement total et même ses soutiens les plus inconditionnels, comme
la France, montrent une gêne évidente qui laisse envisager l’éventualité
que la fiction de la solution de l’autonomie avancée, en désespoir de
cause, par Rabat, soit progressivement abandonnée sous la pression
américaine. Dans ces conditions, qui indiquent des perspectives très
sombres pour le Maroc avec la probabilité de plus en plus forte que le
Sahara Occidental obtienne son indépendance, le Makhzen pourrait être
tenté par la politique du pire, c'est-à-dire la provocation contre le
personnel de l’ONU à travers la Minurso, voire contre l’Algérie.
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