jeudi, 24 mars 2016 13:09
WASHINGTON - Le Maroc a dépensé 3,1 millions de dollars aux Etats-Unis
en 2014 pour des opérations de lobbying visant à améliorer son image
ternie par les violations quotidiennes des droits de l’homme dans les
territoires sahraouis occupés, a indiqué mercredi à Washington la
présidente de la Fondation Kennedy, Kerry kennedy.
Au cours d’une audition organisée par la Commission Tom Lantos des
droits de l’homme au Congrès américain sur le Sahara Occidental, Mme
Kennedy a déclaré que ‘‘contrairement aux obstacles qu’il dresse aux
enquêtes sur les droits de l'homme, le Maroc a agressivement dépensé
rien qu’aux Etats-Unis 3,1 millions de dollars en 2014 dans le lobbying
et les relations publiques’‘.
En parallèle, les autorités marocaines empêchent toujours les
défenseurs des droits de l’homme au niveau local de recenser les
dépassements. Ces derniers considèrent qu’il est presque ‘‘impossible
d’enquêter dans les territoires occupés par crainte de représailles’‘.
Durant les deux dernières années, le centre Robert Kennedy pour la
justice et les droits de l’homme a recensé 56 arrestations arbitraires,
50 cas d'abus commis contre des prisonniers politiques, 84 violations
des droits politiques et 31 autres cas de restriction à la liberté de
mouvement, a poursuivi Mme kennedy.
Le Maroc a considérablement restreint les droits économiques, sociaux
et culturels des Sahraouis, a -t-elle dit devant cette commission, en
relevant que la Minurso est la seule mission de maintien de la paix de
l’ONU qui n’est pas dotée d’un mandat pour la surveillance des droits de
l'homme.
Revenant sur la position américaine à l’égard du conflit au Sahara
Occidental, Mme Kennedy a relevé que le projet de résolution présenté en
2013 par Suzanne Rice, l’ancienne représentante américaine auprès de
l’ONU, pour élargir le mandat de la Minurso à la supervision des droits
de l’Homme a été torpillée par le Maroc et ses alliés aux Conseil de
sécurité.
Mais depuis cette date, ‘‘les Etats-Unis n’ont fait que prolonger le mandat (...) de cette mission’‘, a-t-elle regretté.
La présidente de RFK Center a lancé un appel à son pays pour financer
la Minurso suite à la décision de Rabat d’arrêter les fonds alloués à
cette mission.
‘‘Nous sommes convaincus qu’il est dans l’intérêt des Etats-Unis de
soutenir les droits du peuple sahraoui y compris son droit à
l’autodétermination’‘, a-t-elle affirmé.
Intervenant au cours de cette audition, l’ancien représentant du
secrétaire général de l’ONU au Sahara Occidental, Franchesco Bastagli, a
expliqué que le Sahara Occidental ‘‘représentait un processus de
décolonisation qui a mal tourné’‘, en incitant la communauté
internationale à prendre ses responsabilités à l’égard de cette
question.
‘‘La négligence n’est plus une option politique. Les membres du Conseil
de sécurité doivent s’engager fortement et avoir le sens de
l’urgence’‘, a enchaîné M. Bastagli en préconisant une reprise des
négociations entre le Front Polisario et le Maroc sans conditions
préalables.
M. Bastagli qui a répondu à plusieurs questions de la Commission sur le
statut du Sahara Occidental, a précisé que l’ONU devrait fixer un délai
aux négociations et établir des alternatives en cas d’échec des
pourparlers.
De son cote, Erik Hagen, président de l’observatoire pour la protection
des ressources naturelles au Sahara Occidental est revenu sur
l’exploitation illégale des richesses de ces territoires en se basant
sur l’avis juridique émis en 2002 par l’ONU qui a conclu que toute
exploration ou exploitation de ces ressources doit se faire dans le
strict respect de la volonté des Sahraouis et en conformité avec leurs
intérêts.
Hagen s’est basé également dans ses arguments sur l’accord de
libre-échange conclu entre les Etats-Unis et le Maroc qui exclut le
Sahara Occidental de son champ d’application.
Les Sahraouis, a-t-on rappelé, ne bénéficient actuellement ni des
revenus de leurs richesses pillés par l'occupant marocain ni des emplois
générés par ces activités économiques illégales sur les territoires
occupés au Sahara occidental.
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