Depuis le 1er mars 2016, 13 des 21 prisonniers politiques du groupe
de Gdeim Izik sont en grève de la faim à la prison de Rabat-Salé. Parmi
eux, des prisonniers malades ou très affaiblis par les années de
détention et les mauvais traitements qui les ont précédés. Le mouvement
de ces prisonniers est d’autant plus difficile, qu’il reste très isolé,
les médias de la région couvrant peu leur action.
A l’automne 2010, un groupe de citoyens sahraouis dresse un campement
pacifique de Gdeim Izik, près de Laâyoune, pour attirer l’attention
publique sur les problèmes politique, économique et social qui existent
dans la région. Les autorités marocaines sur place négocient alors les
possibilités de démantèlement du camp avec des représentants des
Sahraouis présents dans le campement. Si un accord semble avoir été
conclu, certains des responsables marocains auraient ordonné un
démantèlement plus hâtif. Un nombre significatif de citoyens sahraouis
aurait alors refusé de partir, donnant lieu à de violents affrontements,
aux abords même du campement, puis sur la route vers Laâyoune, et par
la suite à Laâyoune même, où des «émeutes» ont lieu et sont réprimées
par les forces de l’ordre. Le bilan est lourd : dix membres des Forces
de l’ordre marocaines et deux civils sont tués. On dénombre également
plusieurs centaines de blessés. En parallèle, vingt-quatre personnes
sont arrêtées.
Dès
2012, EuroMed Droits a dénoncé le procès non équitable des prisonniers
politiques du groupe de Gdeim Izik et leur condition de détention.
Les prisonniers n’ont pu bénéficier d’un procès équitable, jugés sur
base de l’article 7 du code marocain de Justice militaire alors même que
ce sont des personnes civiles. Notre réseau rappelle que selon les
normes internationales et selon la Constitution du Maroc, un tribunal
militaire n’est pas compétent pour juger des civils. Le Maroc a depuis
modifié sa législation en ce sens mais sans en faire profiter les
personnes actuellement en grève de la faim.
Dans ce contexte, nous recommandons au Maroc, de réviser les
procédures et les condamnations prononcées par les juridictions
militaires contre ces manifestants sahraouis, celles-ci ne présentant
pas les garanties d’indépendance et l’impartialité requises pour un
procès équitable selon le droit international. Nous appelons à accélérer
le recours auprès de la Cour de cassation qui fait face à de nombreuses
lenteurs. Tandis que la situation des grévistes se détériore, nous
rappelons au Maroc son obligation positive de protéger la santé des
détenus. Nous encourageons également le Maroc à mettre tout en œuvre
pour humaniser conditions de détentions de ces prisonniers.
En solidarité avec leur action, nous rappelons les
demandes des prisonniers sahraouis grévistes de la faim qui appellent à
obtenir :
- leur transfert à la prison de Laâyoune, à proximité de
leurs familles dont ils sont éloignés de plus de 1200 km depuis plus de 5
ans ;
- l’annulation du jugement du tribunal militaire de Rabat de février 2013 ;
- leur libération immédiate suivant cette annulation ;
- et enfin l’organisation d’un nouveau procès devant un
tribunal civil, si besoin est, qui réponde à toutes les garanties
requises pour un procès équitable.
EuroMed Rightshttp://www.euromedrights.org |
Il manque dans cet article une information essentielle : Ces Sahraouis, en
partie des défenseurs actifs des droits de l'Homme, ont subi de violentes
tortures par les forces d'occupation marocaines pour obtenir des aveux qui ont servi de base aux verdicts scandaleux :
de 20 ans à perpétuité de prison. Donc double peine : tribunal militaire et torture ! (ndlr)
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