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Konaté (pseudonyme) travaille pour l’association espagnole Caminando Fronteras, qui fournit une aide humanitaire aux migrants à Tanger. Il prenait un thé dans le quartier quand les violences ont éclaté.
Konaté (pseudonyme) travaille pour l’association espagnole Caminando Fronteras, qui fournit une aide humanitaire aux migrants à Tanger. Il prenait un thé dans le quartier quand les violences ont éclaté.
On
m’a dit qu’il fallait que je parte car j’étais noir. Pourtant, j’ai un
travail, j’ai mes papiers. Mais ces soirées-là, où ça chauffe, il n’y a
aucune distinction. Ce ne sont rien d’autre que des scènes de justice
populaire : les assaillants accusent les Noirs d’être des squatteurs,
des alcooliques, à l’origine de problèmes d’insécurité dans le quartier [
RFI évoque des expéditions commanditées par des promoteurs immobiliers
pour pousser au départ les migrants squatteurs NDLR]. Comme ils estiment
que les autorités ne prennent pas suffisamment le problème au sérieux,
ils ont décidé de les chasser eux-mêmes. Ils font l’amalgame entre
« Noir-sans-papier-insécurité », alors qu’il y a beaucoup d’habitants en
situation régulière à Boukhalef, qui payent leur loyer.
Ce
sont des groupes organisés avec un chef qui donne des ordres. Ils
sortent le plus souvent le vendredi, après la prière du soir, et visent à
la tête, ce qui laisse penser qu’ils veulent blesser mortellement. Ils
entonnent des chants racistes en arabe tels que « on ne veut plus voir
ces singes ici « ou « c’est notre guerre sainte ! « .
Le plus grave, c’est que cela se passe souvent sous l’œil des policiers qui n’interviennent pas. Vendredi, le Sénégalais a été tué à quelques mètres du commissariat de Boukhalef. Des personnes dont on a détruit les appartements ou qui ont été blessées ont attendu des heures pour déposer plainte. Tout est fait pour dissuader les Noirs africains de rester ici.
Le plus grave, c’est que cela se passe souvent sous l’œil des policiers qui n’interviennent pas. Vendredi, le Sénégalais a été tué à quelques mètres du commissariat de Boukhalef. Des personnes dont on a détruit les appartements ou qui ont été blessées ont attendu des heures pour déposer plainte. Tout est fait pour dissuader les Noirs africains de rester ici.
Notre
Observateur Konaté transmet des médicaments à deux résidents de
Boukhalef, un Ivoirien et un Sénégalais, actuellement soignés à
l’hôpital Mohamed V. Ici des photos des blessés prises à l’hôpital.
En
réaction à ces attaques, une centaine de Noirs africains ont défilé
dans les rues de Tanger pour dénoncer les violences dont ils sont
régulièrement victimes, avant d’être dispersés par la police. Ces
épisodes haineux se sont multipliés ces six derniers mois. Il y a quinze
jours, dans le même quartier, quatre personnes avaient été blessées à
l’arme blanche dans une attaque similaire.
Lundi,
une présence policière renforcée était visible dans les rues du
quartier Boukhalef. Le parquet de Tanger a annoncé l’ouverture d’une
enquête approfondie et affirme avoir arrêté plusieurs personnes dans les
deux camps, accusées d’être impliquées dans les violences de vendredi.
Contacté par France 24 pour s’exprimer sur le sujet, le conseil régional
des droits de l’Homme pour Tanger, organisme étatique du ministère des
Affaires étrangères, n’était pas disponible ce lundi.
La
région de Tanger compterait plus d’un millier de migrants subsahariens,
dont environ 800 dans le quartier Boukhalef, en attente de passer en
Espagne. D’après les chiffres officiels, le Maroc compterait 30 000
sans-papiers sur son territoire.
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