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mardi 28 juillet 2015

Le Roi du Maroc porte-t-il la responsabilité de ce qui arrive au journaliste Ali Lmrabet ?

Le journaliste satirique marocain Ali Lmrabet est en grève de la faim depuis le 24 juin 2015 à Genève devant le Palais des Nations. Il entame son 34e jour de grève. Il est affaibli et arrive difficilement à bouger et à parler. Selon les dernières informations datées du 27 juillet, le médecin qui a ausculté Ali lui a recommandé de « se faire hospitaliser en raison du nombre important de jours en grève de la faim qui sont à la limite de ce que peut supporter son corps et son âge » (cf  sa page facebook). Ali Lmrabet est âgé de 56 ans. Il a refusé de se faire hospitaliser.
Pourquoi Ali Lmrabet en est-il arrivé là ?
Lmrabet ne réclame rien d'autre que ses papiers d'identités. Il en a été privé par le ministère de l'intérieur marocain. La préfecture de Tétouan a refusé de lui délivrer un certificat de résidence parce qu'il n'habiterait pas à Tétouan. Or, toute la documentation qu'apporte le journaliste en plus des interventions de plusieurs organisations de défense des Droits de l'Homme auprès des autorités, indiquent que cette interdiction est plutôt politique. Elle vise le projet journalistique que veut lancer Lmrabet avec deux autres personnes jugées dérangeantes par le pouvoir marocain; l'humoriste interdit de toutes les scènes Ahmed Bziz et le caricaturiste Khalid Gueddar qui a été condamné à son tour, début juillet à trois mois de prison ferme pour une affaire qui remonte à 2012.
En 2000, le journaliste Ali Lmrabet s'est vu interdire son journal Demain. Il a été condamné, en 2003, à 3 ans de prison ferme pour outrage au roi et à la fermeture de ses journaux Demain magazine et Doumane. En 2005, il a été condamné par un jugement qui constitue une première mondiale : l’interdiction de la profession de journaliste pendant 10 ans (du 11 avril 2005 au 11 avril 2015). Quand ce jugement a touché à sa fin, le journaliste voulait lancer à nouveau ses journaux, mais l’État marocain a eu un avis différent.
Ce n’est qu’après avoir essuyé le refus de toutes les institutions possibles et voyant ses papiers expirer, qu’Ali a décidé d’entamer une grève de la faim.
Que vaut une vie pour le gouvernement marocain ?

Malgré sa grève ouverte et sa situation critique, les autorités marocaines ont gardé le silence.  Comme s'il s'agissait d'un domaine interdit au gouvernement (ou réservé au Roi). Le secrétariat du gouvernement contacté par le comité de soutien au journaliste (crée le mercredi 22 juillet), s'est excusé de ne pouvoir rencontrer le comité en prétextant que le Chef du gouvernement avait un programme chargé. Le ministre de la justice quant à lui, a renvoyé le comité vers le ministère de l’intérieur. Son représentant ne s’est même pas rendu à la rencontre qui avait pourtant été préalablement organisée. C'est vrai la vie d'un homme en danger peut attendre le retour du Roi de ses vacances en Grèce.
D'ailleurs, la vie humaine est  de plus en plus une valeur négligeable au Maroc. Fin 2014, le sud du pays a été frappé par des inondations qui ont fait au moins 32 morts. Des ponts nouvellement construits ont chuté. Et pourtant, les interventions d’urgence pour sauver les populations inondées ont été quasiment absentes sauf si il s’agit de touristes. Le 10 avril dernier, un car transportant une délégation de retour d'une compétition dans le Nord a brûlé non loin de la ville de Tantan (sud du Maroc). Plus de 31 personnes, en majorité des enfants, ont trouvé la mort. De nouveau, en juin dernier, 11 enfants se sont noyés sur une plage non surveillée près de Bouznika. Toutes ces catastrophes, à ce jour, ont des points communs : aucune responsabilité politique réelle n'a été établie, un État en faillite, vies humaines sans aucune importance pour le pouvoir en place, absence de mesures concrètes pour éviter la reproduction de tels drames.
On se demande où va le Maroc de Mohammed VI à ce rythme ?
La situation d'Ali Lmrabet vient prouver une fois encore l'importance qu'accordent les autorités marocaines à la vie humaine: Une insouciance sans appel! Il est de notre devoir, dorénavant,  en tant que citoyen de pointer les vraies responsabilités. Alors que la constitution marocaine de 2011 dit que le Roi « … veille au respect de la Constitution, au bon fonctionnement des institutions constitutionnelles, à la protection du choix démocratique et des droits et libertés des citoyennes et des citoyens, et des collectivités, et au respect des engagements internationaux du Royaume ... » (article 42), ce dernier reste sourd au sort du journaliste. Mohammed VI portera-t-il la responsabilité de son inaction vis à vis d’Ali Lmrabet ?
Mohamed Jaite
Activiste Marocain.
Paris, le 27 juillet 2015

Par Mohamed Jaite, 28/7/2015




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