Par Knowdys avec Sanaa Benjelloun, Afriqueinside, 13/3/2015
Les relations entre Abuja et Rabat sont tendues.
Le 10 mars 2015, le Maroc a décidé de rappeler son ambassadeur au
Nigeria pour des « consultations » après que le roi Mohammed VI a refusé
un entretien téléphonique au président Goodluck Jonathan. Un cas non
conforme aux bonnes pratiques diplomatiques. Le snobisme mis à jour par
le refus du Maroc d’accueillir la CAN-2015 pour cause d’Ebola se
confirme.
Au-delà de la rhétorique, le royaume du Maroc fait payer aux autorités nigérianes leur soutien actif au Front Polisario. Au quatrième trimestre 2013, Abuja avait, en effet, été l’hôte d’une réunion de soutien à la cause sahraouie à laquelle plusieurs pays – dont l’Afrique du Sud – avaient pris part. Cette réunion avait principalement débouché sur la nécessité de mettre en place un mécanisme international de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental.
Depuis lors, Rabat s’inquiète sérieusement de voir le Conseil de sécurité de l’ONU statuer en avril 2015 sur un mécanisme international de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental. Cette proposition est pourtant soutenue par de nombreux pays à l’instar des États-Unis, de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe dont le chef de l’État, Robert Mugabe, assure la présidente tournante de l’Union africaine.
Pour Guy Gweth, auteur en janvier 2015, de Maroc-Afrique : ils ont trahi le roi, « Rabat réagit d’une manière étrange à la demande de Goodluck Jonathan […] Ce comportement sera lourd de conséquences. Comment le commandeur des croyants peut-il se mettre à dos le plus puissant pays musulman d’Afrique et ses 80 millions de fidèles sous prétexte de récupération politique ?»
Conseil en intelligence économique et spécialiste des relations entre le Maroc et les pays sud du Sahara, Guy Gweth poursuit en précisant : « l’hypersensibilité du Maroc sur la question sahraouie expose le royaume à des risques de manipulations et d’erreurs qui sont loin de favoriser la coopération sud-sud si présente dans les discours de Mohammed VI.»
En entretenant et en exacerbant son bras de fer avec Abuja, Rabat s’éloigne davantage de l’Afrique anglophone, la région la plus dynamique du continent au plan économique, celle avec laquelle le royaume a le moins d’attaches culturelles et de relations commerciales, selon Guy Gweth. L’espace anglophone est aussi celui qui a le plus critiqué le refus du Maroc d’accueillir la Coupe d’Afrique des Nations 2015 pour cause d’Ebola, un refus vécu comme « une insulte aux peuples d’Afrique » par la principale fédération de football d’Afrique australe.
Dans la crise diplomatique qui l’oppose à Abuja, le Maroc se trompe d’ennemi car il ne s’agit pas de bouder le leader politique d’un quelconque pays d’Afrique subsaharienne. Peuplé de 163 millions d’habitants, le Nigeria est la première puissance économique d’Afrique. C’est le pays qui attire le plus d’investissements directs étrangers sur le continent malgré l’insécurité et les attaques terroristes. C’est aussi le premier partenaire commercial de la France au sud du Sahara. Snober le Nigeria, en Afrique, c’est comme snober la Chine en Asie. C’est irréaliste et inquiétant.
http://afriqueinside.com/maroc-nigeria-rabat-se-trompe-dennemi12032015/Au-delà de la rhétorique, le royaume du Maroc fait payer aux autorités nigérianes leur soutien actif au Front Polisario. Au quatrième trimestre 2013, Abuja avait, en effet, été l’hôte d’une réunion de soutien à la cause sahraouie à laquelle plusieurs pays – dont l’Afrique du Sud – avaient pris part. Cette réunion avait principalement débouché sur la nécessité de mettre en place un mécanisme international de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental.
Depuis lors, Rabat s’inquiète sérieusement de voir le Conseil de sécurité de l’ONU statuer en avril 2015 sur un mécanisme international de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental. Cette proposition est pourtant soutenue par de nombreux pays à l’instar des États-Unis, de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe dont le chef de l’État, Robert Mugabe, assure la présidente tournante de l’Union africaine.
Pour Guy Gweth, auteur en janvier 2015, de Maroc-Afrique : ils ont trahi le roi, « Rabat réagit d’une manière étrange à la demande de Goodluck Jonathan […] Ce comportement sera lourd de conséquences. Comment le commandeur des croyants peut-il se mettre à dos le plus puissant pays musulman d’Afrique et ses 80 millions de fidèles sous prétexte de récupération politique ?»
Conseil en intelligence économique et spécialiste des relations entre le Maroc et les pays sud du Sahara, Guy Gweth poursuit en précisant : « l’hypersensibilité du Maroc sur la question sahraouie expose le royaume à des risques de manipulations et d’erreurs qui sont loin de favoriser la coopération sud-sud si présente dans les discours de Mohammed VI.»
En entretenant et en exacerbant son bras de fer avec Abuja, Rabat s’éloigne davantage de l’Afrique anglophone, la région la plus dynamique du continent au plan économique, celle avec laquelle le royaume a le moins d’attaches culturelles et de relations commerciales, selon Guy Gweth. L’espace anglophone est aussi celui qui a le plus critiqué le refus du Maroc d’accueillir la Coupe d’Afrique des Nations 2015 pour cause d’Ebola, un refus vécu comme « une insulte aux peuples d’Afrique » par la principale fédération de football d’Afrique australe.
Dans la crise diplomatique qui l’oppose à Abuja, le Maroc se trompe d’ennemi car il ne s’agit pas de bouder le leader politique d’un quelconque pays d’Afrique subsaharienne. Peuplé de 163 millions d’habitants, le Nigeria est la première puissance économique d’Afrique. C’est le pays qui attire le plus d’investissements directs étrangers sur le continent malgré l’insécurité et les attaques terroristes. C’est aussi le premier partenaire commercial de la France au sud du Sahara. Snober le Nigeria, en Afrique, c’est comme snober la Chine en Asie. C’est irréaliste et inquiétant.
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