Madrid sur la diagonale du roi
Par Mercredi 04 Mars 2015
A moins de deux mois de l'adoption d'une nouvelle
résolution qui doit prolonger la mission de la Minurso, les appels à
l'autodétermination du peuple sahraoui se font de plus en plus nombreux.
Le Maroc foule aux pieds le droit international, les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui garantissent le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination avec la bénédiction de ses traditionnels alliés: la France, les Etats-Unis... ainsi que celle de l'Espagne qui traîne les pieds pour assumer sa responsabilité historique dans le conflit du Sahara occidental. Pourtant, à moins de deux mois de l'adoption d'une nouvelle résolution qui doit prolonger la mission de la Minurso, les appels à l'autodétermination du peuple sahraoui se font de plus en plus nombreux. Après l'Union européenne, la Grande-Bretagne, l'Unesco...
l'Espagne ancienne puissance colonisatrice affirme
soutenir les efforts déployés par l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara
occidental afin de parvenir à une solution définitive du conflit qui puisse
permettre à la population du Sahara occidental de se prononcer librement quant
à son avenir. «Nous appuyons les démarches de l'envoyé personnel du secrétaire
général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, pour une
relance du dialogue entre les deux parties au conflit (le Maroc et le Sahara
occidental, Ndlr)», a déclaré le 2 mars à Oran l'ambassadeur d'Espagne en Algérie,
Alejandro Polanco Mata qui a souhaité que la visite effectuée par le
représentant personnel du SG de l'ONU dans la région entre le 18 et le 23
février 2015 ait constitué une «nouvelle opportunité pour parvenir à des
solutions». L'ambassadeur espagnol a tenu à souligner les convergences de vues
entre son pays et l'Algérie, dans le but de «parvenir à un référendum
d'autodétermination du peuple sahraoui.».
Reste à savoir comment cette déclaration se traduira dans les faits. Comme la France, qui reste une grande amie du royaume, malgré le froid qui s'est abattu entre eux ces derniers mois (affaire de la gifle de Neuilly, interpellation par des policiers français du chef du contre-espionnage marocain suite à un dépôt de plainte contre lui pour torture), l'Espagne demeure son alliée privilégiée malgré des prises de position qui ont battu en brèche l'annexion de facto des territoires sahraouis. Les différents gouvernements espagnols (socialiste et conservateur) ont soufflé le chaud et le froid sur cette question depuis 1975. La déclaration du chef de la diplomatie espagnole faite en marge du Forum économique algéro-espagnol qui s'est tenu le 12 avril 2014 à Alger indique apparemment que les lignes auraient bougé. «La position de l'Espagne concernant le problème du Sahara occidental est connue. Pour nous, c'est une question de décolonisation qui doit être réglée dans le cadre des Nations unies et à travers des négociations entre les deux parties (Maroc et Front Polisario)», avait affirmé José Manuel Garcia-Margallo y Marfil alors que la Cour suprême espagnole avait, de son côté, déclaré l'Espagne puissance administrante de jure (selon le droit, par opposition à de facto). La question qui brûle les lèvres reste tout de même celle de la mise en oeuvre d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme. Le Front Polisario en a fait un de ses chevaux de bataille. Un cauchemar pour le Maroc. Les différents rapports des organisations internationales de défense des droits de l'homme (Fondation Kennedy, Human Rights Watch, Amnesty International...) ont pourtant dénoncé dans des termes clairs et sans détours la pratique de la torture, la répression sauvage que subissent les militants sahraouis, les procès iniques, les condamnations et la mise sous les verrous de civils par des tribunaux militaires... De quel côté basculera le Conseil de sécurité? Le pouvoir marocain avait frôlé de justesse la correctionnelle en 2013 lorsque les Etats-Unis, un de leurs alliés traditionnels, avaient projeté d'élargir la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination à la protection des droits humains. Une mini crise diplomatique s'était installée entre Rabat et Washington. Notre voisin de l'Ouest avait décidé d'annuler les manoeuvres militaires communes entre les deux pays. Le projet américain a fini par être retiré sous les atermoiements marocains et le soutien inaltérable de la France. Le pouvoir marocain a été toutefois rappelé à l'ordre. La résolution 2099 votée en avril 2013 avait appelé à une «solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», tout en insistant, au contraire de celles qui l'ont précédée, sur «l'importance de l'amélioration de la situation des droits de l'homme» dans les territoires du Sahara occidental occupés par le Maroc. La situation a empiré depuis. Le secrétaire général de l'ONU assumera t-il ses responsabilités? Le chef de la diplomatie algérienne l'appelle de tous ses vœux. «L'évaluation d'ensemble que M.Ban Ki-moon est appelé à présenter en 2015 sur la question du Sahara occidental opposant le Royaume du Maroc et le Front Polisario devrait pouvoir honorer la doctrine de l'ONU en matière de décolonisation, ainsi que l'effectivité des résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale de l'ONU», a espéré Ramtane Lamamra. Verdict fin avril...
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